jeudi, novembre 30, 2023
Société

TUNISIE : RETOUR À SIDI BOUZID

Un séminaire portant sur le thème de « L’éducation et l’enseignement en Tunisie…Les problématiques et les solutions » a été organisé ce dimanche dans la ville emblématique de Sidi Bouzid, où s’était immolé le jeune Mohamed Bouazizi en 2010, à l’initiative de l’association locale « Madarat » appuyée par le comité du festival du 17 décembre, date du déclenchement de la révolution. La violence dans le système éducatif en général qui se répercute sur le comportement de l’élève en particulier a fait l’objet d’intenses débats selon Maha Debach, présidente de « Madarat ».

La veille et faisant écho à ce colloque, la ville de Kasserine avait été le théâtre de trois jours d’émeutes au cours desquelles des bandes de jeunes sont sorties dans la rue en brulant des pneus et en lançant des slogans hétéroclites dénonçant leur condition de vie.  Si les affrontements avec les services de sécurité n’ont pas fait de victimes, ces violences témoignent d’un mal être chronique de la jeunesse particulièrement aigu dans les villes de provinces. Dans les grandes cités, la tension sociale de cette frange de la population est plutôt récupérée par l‘extrémisme religieux. Pendant plusieurs mois, la Tunisie fut ainsi l’un des premiers pourvoyeurs de DAECH.

Le sociologue Omar Zaafouri, a connecté la crise de la jeunesse aux problèmes de gouvernance et de développement. Selon le chercheur, « La société tunisienne vit une crise de valeurs qui impacte le secteur de l’enseignement en général. Il estime que « la réforme éducative doit rompre avec la méthode de la récitation pour instaurer un apprentissage qui s’appuie sur la réflexion et l’esprit critique. »

En Tunisie, le sacrifice de Mohamed Bouazizi, est l’objet de diverses captations et interprétations émanant de sources et courants politiques divers voire contradictoires. L’évènement reste cependant un symbole inspirant pour l’analyse, la réflexion et les propositions dépassant le sérail dirigeant. Malgré un sévère et dangereux désordre institutionnel qui règne dans leur pays, les élites débattent, débriefent et explorent en toute liberté la situation que subit la nation. Ces échanges donnent lieu à une production intellectuelle critique permanente. 

Par analogie, en 2001, les services de sécurité avaient abattu en Kabylie 128 jeunes qui manifestaient les mains nues. À ce jour, ni les autorités nationales ni les locales ni les instances universitaires n’ont organisé une rencontre dédiée à ce drame.       

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