mardi, novembre 28, 2023
Économie

ALGÉRIE. RAPPORT DE SUIVI : LA BANQUE MONDIALE RÉAGIT

La Banque mondiale a réagi ce jeudi par une déclaration sobre mais ferme aux sous-entendus politiques lourds, aux propos de l’agence de presse officielle algérienne qui, dans deux dépêches datées des 28 décembre et du 4 janvier ont donné l’institution financière internationale comme un instrument mis au service du Maroc. 

 « Au cours de derniers jours, plusieurs articles de presse relatifs au « rapport de suivi de la situation économique en Algérie » de la Banque mondiale ont été publiés. Certains de ces articles comprenaient des informations factuellement inexactes sur le contenu du rapport, qui a été préparé avec la plus grande rigueur, ainsi que sur ses auteurs, une équipe d’économistes travaillant sur la région du Maghreb ». Le ton se veut mesuré mais, sur le fond, la réponse ne fait aucune concession.

La dépêche de l’APS du 4 janvier, la plus virulente, accuse, en effet, la BM d’occulter les déficits supposés du Maroc, selon elle, « pays du mal et de la misère » et de procéder à des promotions discutables comme celle du Tunisien Farid Belhaj, personnage « douteux et mal sain (sic) » et qui fut « responsable des opérations de la BM pour le Maroc, ce qui justifie toute sa haine envers l’Algérie ». Ce responsable, serait, toujours selon l’agence officielle, « bombardé au poste de vice-président. » 

Fait rare, pour un organisme international non politique, la BM s’autorise un distinguo entre les fonctionnaires algériens avec lesquels elle travaille et les acteurs « anonymes », à l’origine de l’attaque qui l’a ciblée dans une polémique qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.  Après la dépêche du 28 décembre, le premier ministre a, en effet, tenté d’éteindre l’incendie avant de se voir désavoué par celle du 4 janvier. 

Sans rentrer dans le détail du contenu des termes, diffamatoires pour certains et insultants pour d’autres, de la dépêche de l’APS, l’institution financière internationale déplore « que certains des articles cités ci-dessus ont adopté un langage qui peut avoir dépassé les pensées de leurs auteurs anonymes. Tout inacceptables qu’ils soient, il ne sera pas répondu à ces propos, tant nous considérons qu’ils ne sauraient porter argument ni ne constituent un élément de débat ».

Comme pour souligner cette dichotomie, les rédacteurs de la réplique rappellent que « L’Algérie, membre apprécié du Groupe de la Banque mondiale, est représentée au Conseil des administrateurs de la Banque. Le personnel et la direction du Groupe de la Banque mondiale servent uniquement les objectifs de l’institution. » Et d’ajouter que « Le rapport qui fut l’objet d’un examen de qualité approfondie avant sa publication, est basé exclusivement sur des données publiques, dont la référence figure dans le document ou sur des données fournies par les autorités des pays membres ».

En clair, les responsables de cette mésaventure, n’ont probablement pas lu le rapport et ne savent pas comment d’élaborent et se publient les recommandations de la BM. Dit autrement, les détenteurs du pouvoir réel sont des dirigeants incultes et dangereux. 

Un cadre du ministère des affaires étrangères à la retraite décrypte ces successions de couacs et de mises à l’écart par une absence de vision des sphères dirigeantes. « Tebboune, héritier du défunt chef d’état-major, Gaïd Salah est otage des militaires qui l’ont laissé en poste après la disparition de son mentor. C’est un faire-valoir et il le sait. De leurs côtés, les militaires qui basent leur politique interne sur la répression tentent une surenchère avec la Maroc pour gagner du temps sur la scène internationale ». Mais se désole notre interlocuteur, « il n’y a pas possibilité de donner de la cohérence et du crédit à une démarche dont le seul ressort est l’invective du voisin. Il y a un moment où, si on veut être un acteur crédible, il faut proposer une alternative à une situation critique en interne et périlleuse au niveau régional.  Or la structure du pouvoir actuel qui se recompose autour de coteries régionales voire tribales ne permet pas d’avoir le recul et la méthodologie nécessaires à l’adoption de stratégies stables et performantes. Lamamra est la première victime de cette démarche inspirée par la recaptation clanique du pouvoir ».

Pour l’instant, ce mini séisme n’a engendré aucune décision au niveau de l’APS 

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