TUNISIE : APPELS À MANIFESTER LE 14 JANVIER CONTRE KAIS SAIED
Des partis, collectifs et personnalités ont lancé des appels séparés à manifester contre le pouvoir exercé par le chef de l’État depuis le 25 juillet 2021. Les auteurs de ces initiatives issus de divers horizons tiennent à manifester le 14 janvier, date consacrée pour célébrer la révolution que Kaïs Saïed vient de changer par décret présidentiel au profit du 17 décembre (date anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouazizi en 2010). Néanmoins, pour certains opposants, c’est surtout le décret présidentiel du 22 septembre qui permet au président d’outrepasser des dispositions constitutionnelles qui représente la menace la plus grave et la plus urgente.
Dans un premier temps l’appel du parti islamiste Ennahdha, appuyé par le collectif « Citoyens contre le coup d’État » qui lui est proche, à manifester « contre le coup d’État » resta sans écho ; des catégories sociales, et notamment les femmes, redoutant que l’impopularité du chef de l’État ne serve à réhabiliter une formation islamiste dont les 10 ans de gestion furent un épreuve matérielle et morale même pour ceux des Tunisiens qui avaient au départ placé de sérieux espoirs dans le mouvement de Ghannouchi.
Les autres partis comme Attayar, Al Joumhouri et Ettakatol ont de leur côté appelé ensemble à une mobilisation « contre l’autocratie », une manière de se distinguer d’Ennahdha dans la mesure où ces trois derniers appelants protestent contre la gestion personnelle et abusive de Kaïs, devenue officielle depuis le décret du 22 septembre, sans forcément chercher à revenir à l’avant 25 juillet comme le souhaiteraient les islamistes.
Cependant, c’est l’appel de l’ancien ministre de la santé et ancien dirigeant d’Ennahdha, auquel il est aujourd’hui violemment opposé, qui a le plus argumenté les motivations qui doivent présider à la contestation populaire en Tunisie. Ce dimanche 9 janvier, il a lancé un appel solennel à ses compatriotes : “Tunisiens, sauvez l’État de la dislocation et de la destruction. Le putsch disloque l’État en le transformant en un ensemble de districts qu’il (Kaïs) offre à ses adeptes sans compétences et en obligeant les appareils de l’État à enfreindre les lois et à entraver les institutions constitutionnelles à travers le discours de la haine, mais aussi en délaissant le dossier économique et en exploitant les ressources de l’État, à l’instar de la consultation électronique, et ce, afin de promouvoir son projet personnel. Soyez au rendez-vous le 14 janvier”.
Ces mobilisations dispersées surviennent dans un climat social tendu. La puissante centrale syndicale de l’UGTT vient de faire savoir qu’elle s’opposerait au gel des salaires prévu dans les négociations (voir adn-com. « L’UGTT dénonce l’opacité des négociations ») que le gouvernement a retenu dans les négociations qu’il semble vouloir mener avec le FMI sans associer les partenaires sociaux.