ALGER-RABAT : LES DROITS DE L’HOMME, NOUVELLE ARME
L’agence de presse algérienne APS a publié ce lundi une dépêche où elle dresse un sévère réquisitoire contre la justice marocaine dont la cour d’appel de Casablanca traite à partir de ce lundi le dossier du rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Youm Soulaimane Raissouni, incarcéré depuis le 22 mai 2020 et condamné à cinq ans de prison pour « séquestre et viol », accusations que le mis en cause n’a eu de cesse de nier.
« La reprise du procès en appel du journaliste marocain, Soulaimane Raissouni a eu lieu lundi à Casablanca en présence d’un dispositif sécuritaire “impressionnant” des forces de l’ordre et une forte présence des relais médiatiques à la solde du régime du Makhazen » écrit l’APS.
L’agence de presse qui se fait l’écho des amis et collègues du journaliste s’indigne de ce que « la justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté » et souligne que son comité de soutien au Maroc a dénoncé un procès “à caractère politique et revanchard”.
Cette montée au créneau de l’agence officielle sur le dossier des droits de l’homme, sujet sur lequel Alger n’est pas exempte de reproches, vient rappeler qu’entre les deux pays tous les coups sont désormais permis. En effet, en Algérie aussi des centaines de détenus dont des journalistes ont été (ou sont) emprisonnés depuis des mois sans avoir été jugés.
La presse marocaine est restée plutôt discrète sur ce procès alors que des ONG comme Reporters sans frontières se sont mobilisées pour demander la remise en liberté provisoire du journaliste qui avait entamé une grève de la faim qui avait sérieusement altéré son état de santé.
L’instrumentalisation des droits de l’homme en Algérie et au Maroc dans un climat politique d’extrême tension survient au moment où, en Tunisie aussi, le président Kaïs Saïed – qui ne renonce toujours pas à dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature ( CSM) – s’autorise régulièrement des libertés avec le droit au point d’avoir suscité la réaction du Haut commissariat aux droits de l’homme ( Voir adn-med : le HCDH s’alarme des abus de pouvoir.)
Commune aux trois pays, la régression de la défense des droits de l’homme n’a, pour l’instant, pas fait l’objet d’une approche convergente et solidaire des organisations dédiées de l’Afrique du Nord.