dimanche, décembre 3, 2023
International

POUTINE ET ERDOGAN DIVISÉS PAR LA CRISE UKRAINIENNE

Alors que Poutine déploie plus de 100.000 hommes à la frontière ukrainienne et continue de mettre la pression sur l’occident et l’OTAN, Erdogan, qui s’est considérablement rapproché de Moscou ces dernières années, a osé demander de la retenue au chef du Kremlin.  

Ce n’est pas la première fois que les deux hommes se retrouvent dans des tranchées différentes sur des terrains sensibles voire éruptifs. En Syrie comme en Libye, les deux pays sont clairement positionnés sur des stratégies, des objectifs et des alliances concurrentes. Par contre, lors de la guerre qui a opposé les Chrétiens et les Azeris en Arménie, Poutine a discrètement arbitré en faveur d’Erdogan qui avait appuyé la récupération du Haut Karabach par les musulmans, obligés de la Turquie.

Cependant, la menace de l’invasion de l’Ukraine par Moscou ne serait pas du gout d’Ankara qui verrait cette annexion comme une recomposition du bloc soviétique qui fut de tout temps une hantise turque. Les rivalités des deux nations sont anciennes. Les Tsars et les Ottomans étaient déjà en délicatesse à chaque fois qu’il fallait rétablir les équilibres géostratégiques en Europe centrale. 

À l’heure où nous mettons en ligne, il est difficile de dire avec certitude si Erdogan qui avait prévu de se rendre à Kiev le 3 février pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky, avec lequel il partage le caractère quelque peu fantasque, maintiendra son déplacement au moment où les Américains mettent en état d’alerte plusieurs milliers de leurs soldats pour dissuader l’intervention russe au Donbass. 

Moscou a en effet suffisamment de moyens militaires et politiques pour ramener un Erdogan, déjà fâché avec l’union européenne et une bonne partie des pays musulmans, à la raison au cas où il lui prendrait envie de renier son rapprochement avec son puissant allié. 

Il demeure qu’Erdogan dont on a souvent souligné, à juste titre, les visions et conduites caricaturales sait être pragmatique et s’adapter aux changements de rapports de force quand il le faut.  Après avoir longtemps joué de la tension et de la provocation avec l’État hébreu, l’homme fort d’Ankara, recevant une délégation de dirigeants juifs, a déclaré le 22 décembre 2021 que les relations avec Israël étaient “vitales pour la sécurité et la stabilité de la région”. 

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