GUINÉE-BISSAU : COUP D’ÉTAT AVORTÉ
L’effet domino va-t-il s’arrêter ?
Mali, Soudan, Guinée, Burkina Faso, l’épidémie des coups d’État qui a handicapé le décollage démocratique du continent au lendemain de la décolonisation semble renaître après l’accalmie qui a suivi la chute du mur de Berlin.
Ce mardi, c’est au tour de la Guinée Bissau d’avoir été le théâtre d’une tentative de coup d’État. Selon des témoignages oculaires, des hommes armés en uniforme et d’autres en civil sont entrés en début d’après-midi dans le complexe situé en périphérie de la capitale qui abrite le palais du gouvernement avec les différents ministères. Un conseil des ministres extraordinaire devait se tenir en présence du président Umaro Sissoco Embaro et du premier ministre Nuno Gomes Nabiam. Des tirs ont été entendus pendant une bonne partie de l’après-midi et des unités militaires se déployaient autour des édifices sans qu’il soit possible de distinguer les insurgés des forces demeurées loyales au pouvoir.
Dans la soirée, le président a déclaré à la presse que le coup d’État avait avorté mais qu’il avait « fait plusieurs blessés graves et des morts » sans toutefois en préciser le nombre.
La Guinée-Bissau est un petit pays pauvre de 2 millions d’habitants enclavé entre le Sénégal et la Guinée qui s’est libéré de la colonisation portugaise en 1974. Depuis son indépendance, il a connu quatre coups d’État et les tentatives de renversement des gouvernements par la violence ne se comptent plus. Le retour à l’ordre constitutionnel auquel est parvenu le pays depuis 2014 ne l’a pas épargné de troubles politiques récurrents.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) ont aussitôt condamné cette tentative de putsch. C’est par la voie de son secrétaire général, le portugais Antonio Gutteres, ressortissant de l’ancienne puissance coloniale, que l’ONU a exigé l’arrêt immédiat des combats.