

Société
Faouzia CHARFI* : « POUR LA SÉPARATION DE LA SCIENCE ET DE L’ISLAM ». Entretien conduit pour adn-med par l’éditeur Amar INGRACHEN.
Á chacun de ses livres, Faouzia Charfi donne à penser qu’elle a épuisé le combat qui oppose la science au despotisme religieux. Mais comme dans ces routes sinueuses des hautes montagnes, on découvre qu’après chaque lacet il faut en passer un autre pour élargir un peu plus son horizon. En valorisant l’instrument de la raison, la scientifique invite le lecteur à se faire bâtisseur d’une conscience active. Dans cet ouvrage passionnant et utile, elle nous emmène dans l’Histoire humaine du savoir en terres d’islam. On apprend beaucoup. Et on a envie d’agir. Puisse ce livre être rapidement mis à la disposition de l’ensemble du public nord-africain.
1-Vous venez de publier « L’islam et la science. En finir avec les compromis », chez Odile Jacob. D’emblée, vous parlez d’un compromis entre l’islam et la science et, plus globalement, entre « la religion et la science », qu’il faut rompre. Quels sont les termes précis de ce compromis ?
Je plaide pour l’autonomie de la science, ce qui signifie une attitude claire par rapport aux relations entre science et religion. Cette autonomie implique que l’on peut s’interroger sur les phénomènes naturels indépendamment de toute référence religieuse. C’est ainsi que la recherche scientifique peut avancer. En effet, la confusion entre la sphère scientifique et la sphère religieuse conduit à l’amalgame des référentiels scientifique et religieux, incompatible avec l’exercice de la méthodologie du chercheur qui analyse, s’interroge et propose une explication cohérente, en toute indépendance, en étant libéré du dogme et des tabous. Cette méthodologie relève d’une conception sécularisée de la science, sans compromis.
2-Au début de votre livre, vous parlez de l’essor la science dans l’empire musulman, notamment l’empire abbasside qui siégeait à Bagdad et qui a rayonné sur le monde de l’époque. Est-ce que c’est l’islam qui a fait de Bagdad une grande capitale civilisationnelle au Moyen âge comme le disent les choyoukh musulmans ou est-ce qu’il y avait des conditions favorables au développement des sciences et des cultures dans cette nouvelle ville ?
Pour comprendre le développement de la tradition scientifique qui commence au VIIIe siècle avec l’empire abbasside, il importe d’identifier les facteurs qui l’ont favorisée et d’échapper à une explication essentialiste qui ferait de la religion musulmane la responsable de l’essor de la science. Il faut prendre en compte les facteurs politiques et sociaux, le contexte historique et géographique. Tout d’abord, le transfert de la capitale de l’empire musulman de la région méditerranéenne de Syrie où l’influence de Byzance restait présente, à la Mésopotamie, région imprégnée de la tradition sassanide depuis des siècles. Le calife Mansur crée en 762 dans cette région, la nouvelle capitale de l’empire, Bagdad, avec une nouvelle configuration sociale permettant d’assoir son pouvoir, en la peuplant avec des éléments dont les idéologies se neutralisaient. Un mouvement de traduction des textes scientifiques anciens – grecs, indiens et perses – est initié dans la société multiculturelle de Bagdad, qui comprenait des Chrétiens et des Juifs de langue araméenne, des Arabes musulmans et chrétiens, et surtout des Mazdéens, adeptes de la religion de la Perse, le Zoroastrisme. Le calife abbasside al-Mansur va exploiter la culture de la traduction qui était revendiquée et encouragée dans l’idéologie impériale zoroastrienne, en se positionnant comme le successeur des anciens rois sassanides. L’important mouvement de traduction qui dura deux siècles, ne fut pas seulement l’œuvre des califes et des princes, mais fut soutenu par l’élite de la société multiculturelle abbasside au-delà des divisions religieuses, ethniques, linguistiques.
3-Vous l’écrivez. Bagdad était une ville libre, ouverte à toutes les ethnies, à toutes les religions et à toutes les langues du temps des Abbassides, ce dont attestent tous les historiens sérieux de l’islam. Vous voulez dire qu’il n’est pas possible de développer les sciences dans des contrées où il n’y a pas de liberté, que la science serait incompatible avec l’esprit totalitaire des religions ?
Je le disais plus haut, la science a besoin d’esprits libres pour avancer. Et son histoire est celle de la persévérance des savants, de leur travail souvent solitaire, de leur résistance aux attaques dont ils ont été l’objet, de leur enthousiasme par rapport au bonheur que procure la découverte. Les historiens des sciences nous font découvrir la longue histoire de la science, une histoire humaine, faite de difficultés et de souffrances, souvenons-nous de Galilée et de son procès, qui fut le procès de la méthode scientifique, le procès de la liberté de s’interroger sur le monde et d’écrire dans la langue vernaculaire une vision du monde contraire à l’autorité religieuse, l’Église n’avait pas accepté qu’il écrive en italien plutôt qu’en latin certains de ses ouvrages. L’histoire de la science, c’est une science humaine faite de violence, souvenons-nous d’Hypatie, la mathématicienne d’Alexandrie lapidée au IVe siècle par des Chrétiens fanatiques parce qu’elle était païenne, ou de Giordano Bruno brûlé en 1600 à Rome pour avoir affirmé l’infinité des mondes. Ces exemples montrent le résultat de l’esprit totalitaire des religions, mais je préciserai, que c’est l’esprit totalitaire « tout court » qui est incompatible avec la science. Ainsi, je rappellerai l’incroyable affaire de Lyssenko, pseudo-chercheur en agronomie du temps de l’Union soviétique qui remet en cause les progrès de la génétique et promeut sa science prolétarienne. La dictature soviétique convaincue des thèses de Lyssenko n’hésita pas à déporter et emprisonner des scientifiques coupables d’avoir pratiqué une biologie bourgeoise. Enfin, dans les pays d’islam, il n’y a pas eu de procès contre les savants, mais il y a eu une terrible interdiction pendant des siècles, celle de l’imprimerie !
4-Votre essai retrace les grands moments de l’évolution de l’enseignement des sciences dans les pays du monde musulman qui, après avoir connu une période de gloire, passe, depuis quelques siècles d’une impasse à une autre. Selon vous, à quel moment le basculement a eu lieu ?
Le basculement a lieu en 1050, lorsque les Turcs Seldjoukides s’installent à Bagdad, écartent la dynastie chiite bouyide, et imposent un sunnisme orthodoxe. La conséquence sur la transmission des sciences est importante : c’est la fin des dar al-ilm qui sont détruites, et la création de nouvelles institutions d’enseignement les madrasas. Avec la disparition des dar al-ilm, maisons de la connaissance créées à partir du Xe siècle, où les savants avaient pour tâche importante d’enseigner, c’est la fin de la transmission du savoir scientifique dans les institutions d’enseignement. Dans les madrasas, ce qui va dominer c’est la science du fiqh et des uçul al fiqh, celle du droit et de la jurisprudence islamique et de leurs sources, bases de la formation des cadres. Les sciences de la tradition, du naql, prennent la place des sciences de la raison, du aql. La raison n’a plus qu’un rôle subalterne. Que reste-t-il des sciences rationnelles dénommées les sciences « profanes » ? Il ne reste que la science pratique, la médecine va se pratiquer à l’hôpital, pour soulager les malades, l’astronomie à la mosquée où est instituée la fonction de muwaqqit, chargé de la règlementation des heures de prière.
5-Vous considérez que les attitudes qui tendent à concilier sciences et religions sont dangereuses. Vous avez déjà eu à démontrer, dans un ouvrage précédent (La science voilée) que ce qui est appelé « le miracle scientifique du Coran » est une imposture. Jusqu’où peut nous mener ce compromis factice entre sciences et religions ?
Ce compromis est un détournement, celui de la religion, et celui de la science, c’est ce que je dénomme la coranisation de la science. Au milieu du XXe siècle le professeur égyptien Amin al-Khuli prenait une position claire et argumentée contre le concordisme coranique et soutenait qu’il vaudrait mieux ne pas prendre tant de peine pour lier Coran et science. Il connaissait bien le point de vue des anciens et rappelait l’argument du spécialiste andalou des sciences religieuses au XIVe siècle, Shatibi, qu’il ne faut pas ajouter au Coran ce que celui-ci n’exige pas. Un point de vue pertinent aujourd’hui dans un monde où l’Internet est un puissant amplificateur des Miracles scientifiques du Coran.
On peut considérer l’attitude concordiste tellement primaire qu’elle peut ne pas avoir d’incidences réelles. Malheureusement ce n’est pas le cas ; un nombre non négligeable d’étudiants musulmans se laissent endoctriner par ces discours, utilisés pour calmer leur frustration de n’être que consommateurs de la science moderne. Il faut leur donner l’illusion qu’ils partagent la « science » et la technologie avec ceux qui la conçoivent. Mais, si le concordisme coranique arrive à se faire entendre et à convaincre le public, c’est que ce public fragilisé par son attente légitime d’un monde meilleur, n’a pas la culture nécessaire pour prendre conscience de la tromperie.
6-Vous évoquez, dans la dernière partie du livre, l’échec des réformistes musulmans à cause de leur « attitude conciliatrice vis-à-vis de la religion ». Votre défunt époux qualifiait à juste titre cette attitude de « modernité hésitante ». Vous plaidez pour une séparation radicale entre sciences et religions. Pensez-vous qu’un tel projet est possible sans passer par une révolution culturelle qui nous sort définitivement des « clôtures dogmatiques » qui castrent les sociétés musulmanes d’aujourd’hui ?
Quand sortirons-nous des « clôtures dogmatiques » ? Difficile de répondre à cette question dans le contexte actuel. L’heure n’est pas à la « raison critique », ni dans nos pays ni ailleurs.
7-La productivité scientifique de ce qui est appelé le monde musulman d’aujourd’hui est insignifiante. En revanche, les Musulmans n’arrêtent pas de s’attribuer tout en ajoutant tout bonnement le qualificatif « islamique » à toutes les grandes inventions et découvertes du monde moderne : la finance islamique, la médecine islamique, la philosophie islamique, la sociologie islamique, le féminisme islamique… Que cache, selon vous, cette islamisation spectaculaire de la connaissance dans les pays dominés par l’islam ?
C’est la recherche d’un autre référent que celui de la modernité occidentale qui a conduit des intellectuels musulmans à promouvoir l’ « islamisation de la connaissance ». Ils pensent que c’est le moyen pour les pays d’islam d’affronter les défis scientifiques de demain tout en restant fidèles à leur héritage. Et la réponse du penseur Fazrul Rahman est très lucide : il considère que c’est une approche défensive et un effort improductif qui éloigne d’une dynamique de création. Il faut traiter la confrontation entre Islam et Occident, qui est au cœur du projet d’islamisation, par une étude critique du passé salutaire.
8-A chaque fois que la science et la religion se sont confrontées, dans le monde musulman ou ailleurs, la religion a eu gain de cause. La science gagne toujours, mais avec quelques siècles de retard et beaucoup de sang et de sueur en cours de route. Qu’est-ce que la grande confrontation entre la science et l’islam, telle qu’elle a été vécue entre le christianisme et la science, peut nous couter aujourd’hui ? N’est-il pas temps d’y aller de plain-pied ?
Bien sûr, il est temps « d’y aller de plain-pied » et de plaider pour la sécularisation, pour la séparation de la science et de l’islam. L’histoire de l’évolution de la science dans nos pays est éclairante sur ce point, c’est ce que j’ai tenté de présenter dans mon dernier ouvrage. Seule la rupture avec le référent islamique permettra à la science de se déployer pleinement. Mais, il faut reconnaître que trop peu de Musulmans osent défendre ce point de vue. La question de la sécularisation est étrangère à leur culture. Comment les convaincre du contraire ? Les amener à mieux connaître leur histoire et à découvrir la pensée critique en terres d’islam. C’est une première étape importante à réaliser.
* Physicienne tunisienne de renom, Faouzia Charfi est aussi auteure de plusieurs ouvrages à succès comme la science voilée, sacrées questions ou la science en pays d’islam. Sa vie professionnelle se superpose au combat pour la liberté et la raison. Étudiante, elle milite avec son mari Mohamed Charfi dans les réseaux clandestins Perspectives avant d’entamer une brillante carrière universitaire. Á l’étranger, elle est autant sollicitée pour ses travaux scientifiques que son audacieuse production intellectuelle. Après la révolution de janvier 2010 qui mit un terme au régime de Ben Ali, elle est nommée secrétaire d’État aux universités avant de démissionner pour se consacrer aux luttes citoyennes. Son activité irrigue la pensée rationnelle tunisienne dans une séquence historique critique pour le pays. Faouzia Charfi éclaire le profane comme l’expert sur la délicate et complexe problématique du savoir dans le Sud.
Société
Maroc. Généralisation de l’enseignement de la langue amazigh pour 2030

C’est le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa qui l’a annoncé ce jeudi à Rabat lors d’un point de presse tenu à l’issue du conseil du gouvernement : la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans le primaire est un objectif atteignable pour l’horizon 2030 et concernera alors 4 millions d’élèves.
Une volonté politique assumée
Aujourd’hui, la langue amazighe est enseignée dans 1.660 écoles, ce qui bénéficie à un total de 330.000 élèves.
L’une des contraintes sur laquelle travaille le ministère de l’éducation est l’augmentation des enseignants qualifiés dès la prochaine rentrée scolaire pour pourvoir de façon satisfaisante à l’extension du réseau des établissements où est enseigné l’amazighe. Le ministre a fait savoir qu’en plus du nombre d’enseignants bilingues qui passe de 1500 à 2000 chaque année, celui des enseignants spécialisés suivra aussi une courbe annuelle allant de 200 à 400.
Ces objectifs chiffrés et mesurables, souligne M. Benmoussa, permettront l’élargissement progressif de l’enseignement de la langue amazighe en vue de parvenir à sa généralisation à tous les établissements du primaire lors de la rentrée 2029-2030.
L’Algérie amorce, le Maroc concrétise
Pour ce militant de l’association culturelle berbère de Nantes, cet engagement des pouvoirs publics marocains illustre « une volonté politique de construire la nation autour des référents symboliques, culturels et même sociétaux qui ont longtemps été refoulés et même souvent combattus par les courants nationalistes nord-africains, largement dominés par le panarabisme au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle. » Il ajoute que, pour l’instant, « c’est le pouvoir algérien qui semble le plus réfractaire à cet élan. »
On observe qu’en Algérie, les militants de la cause amazighe ne manquent pas de comparer sur la toile l’évolution de l’essor de l’enseignement de la langue amazighe chez leurs voisins de l’ouest avec le recul constaté chez eux depuis maintenant plusieurs années. Un recul qui s’accompagne d’une forme de surveillance administrative et policière qui impacte l’ensemble du champ amazighe dans un pays qui était naguère aux avant-postes de la production culturelle dans ce domaine. Pour rappel, la langue amazighe est constitutionnellement consacrée langue nationale et officielle depuis 2016 en Algérie et depuis 2019 au Maroc. Yennayer, le nouvel an amazighe est chômé et payé depuis 2018 en Algérie et depuis 2023 au Maroc.
Société
Festival de Cannes. Palme d’or pour « Anatomie d’une chute »

Sur les 21 films en lice, la palme d’or de la 76éme édition du festival de Cannes qui s’est clôturée ce samedi dans une ambiance plutôt morne est revenue à la française Justine Trieste pour Anatomie d’une chute qui devient ainsi la troisième femme à obtenir cette reconnaissance. La lauréate militante a saisi l’occasion de sa consécration pour s’attaquer vigoureusement au gouvernement pour sa gestion des retraites et « la marchandisation de la culture » qui menace l’exception culturelle « sans laquelle je ne serai pas ici », a-t-elle dénoncé. Cette année a vu la présence de sept réalisatrices en compétition officielle. Un record.
C’est le japonais Kōji Yakusho qui a reçu le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans Perfect Days , où l’acteur incarne un employé rigoureux et introverti.
Le prix de l’interprétation féminine a été remis à la turque Merve Dizdar pour son rôle dans Les Herbes sèches , de Nuri Bilge Ceylan. L’actrice a dédié sa distinction aux «aux femmes qui luttent», soulignant «savoir très bien ce qu’est d’être une femme de cette région du monde».
Cette édition a enregistré une timide apparition de l’Afrique du nord. Le prix du meilleur documentaire a été décerné par la Société civile des auteurs multimédia (Scam) qui a récompensé ex aequo les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania (Tunisie) et La mère de tous les mensonges, de Asmae El Moudir (Maroc). Deux films familiaux où la condition de la femme, appréhendée sous des regards différents, reste la toile de fond.
Société
Maroc. Généralisation de l’anglais dans les collèges à la rentrée prochaine

La généralisation progressive de l’anglais dans les collèges sera lancée dès la rentrée prochaine. C’est ce que l’on peut lire dans la circulaire adressée par Chafik Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports et aux directeurs des établissements de l’enseignement collégial ainsi qu’aux enseignants d’anglais.
Approche progressive
Ce programme qui a vocation à être appliqué de façon progressive doit permettre d’atteindre pour la rentrée 2023-2024 un taux de couverture de 10 % pour parvenir à un taux de 50 % pendant l’année scolaire 2024-2025.
À la rentrée, 2025-2026, l’anglais, en tant que langue étrangère, sera généralisé à tous les paliers du collège qui bénéficieront, selon la circulaire ministérielle, de deux heures d’enseignement de cette langue par semaine et pour chaque niveau, ce qui représente une charge de 24 heures par semaine pour l’enseignant, lequel aura à s’occuper de 12 classes. Cette projection est accompagnée d’autres décisions concernant aussi bien les matériaux pédagogiques et techniques que le suivi et l’évaluation des procédés mis en œuvre.
Eneffet, un kit pédagogique et une méthodologue de formation et de suivi des enseignants, notamment dans le domaine de la pédagogique de l’enseignement des langues, est prévu dès le début de ce chantier.
Par ailleurs, des bibliothèques seront ouvertes dans les collèges où des outils numériques seront fournis aux élèves.
Société
Intempéries en Algérie. Deux morts et plusieurs dégâts matériels enregistrés

Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le nord de l’Algérie dans la nuit de mercredi à jeudi ont viré au drame à Guelma ( extrême est du pays) et Tipaza ( 40 kilomètres à l’ouest de la capitale). En effet, à Guelma, une fillette âgée de 12 ans, a été emportée par les eaux. Son corps, a été repêché ce jeudi après-midi par les agents de la Protection civile locale. À Tipaza, plus précisément dans la commune de Khemisti, un enfant de 10 ans, a succombé à ses blessures après qu’un mur de soutènement s’est effondré sur lui. Un bilan qui vient contredire la communication du ministre l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, dont les propos répercutés par l’agence officielle aps, annonçaient ce jeudi, « qu’aucune perte humaine n’est à déplorer suite à la montée des eaux de pluie après les dernières intempéries enregistrées dans certaines wilayas du pays », indiquant simplement que certains dégâts causés par ces intempéries ont été limités.
Les populations précaires affectées
Les services de la Protection civile de la wilaya de Guelma, fortement touchée par les intempéries de la nuit dernière, ont annoncé le sauvetage de 27 migrants subsahariens qui étaient encerclés par les eaux. Il s’agit de neuf femmes, treize enfants, dont des nourrissons et cinq hommes.
Dans d’autres région du pays, notamment Constantine, Alger, et M’sila, les pluies diluviennes de la nuit dernière, ont causé d’énormes dégâts matériels. En effet, à Bousmaïl, une commune située à la sortie est de la wilaya de Tipaza ( 40 kilomètres à l’Ouest d’Alger), une dizaine de familles ayant construit illicitement leurs baraques sur lit d’un oued, ont protesté jeudi devant siège de la wilaya pour demander une prise en charge. Ces familles sinistrées, affirment que leurs maisons de fortune ont été emportées par les eaux. Selon eux, seule la Protection civile a répondu à leur appel. « C’est vers 2h du matin que nous avons été surpris par la montée des eaux. Toutes les habitations ont été inondées. Nous avons fait appel aux autorités. Nous nous sommes déplacés à la wilaya, mais personne ne s’est soucié de notre sort », affirme un septuagénaire dont le dossier de demande de logement remonte, selon lui, à 1987.
Colère latente
Toujours dans le registre des manifestations, les citoyens de la commune d’Ali Mendjli, banlieue de la ville de Constantine ( 300 kilomètres à l’est de la capitale) ont fermé durant la même journée la route reliant Constantine à Mila, à l’aide de pneus enflammés et autres blocs de pierres dans le but d’interpeller les pouvoirs publics quant à leur situation liée aux inondations. « Nos maisons ont été submergées par les eaux, on est à la rue et personne ne se soucie de nous ! C’est inadmissible », déclare un père de famille qui s’est dit à la rue depuis jeudi matin. « Nous sommes des sans domiciles fixes (SDF) à compter de ce jour ! » fulimera-t-il.
A 200 kilomètres plus au nord, certaines communes de Bejaïa, notamment Sidi Aïch, Aokas, Melbou et même quelques quartiers du chef-lieu de la wilaya ont été durement affectés par les récentes chutes de pluie qu’a connues la région. A Melbou, plusieurs endroits de la ville ont été inondés, donnant à cette municipalité des allures de piscine à ciel ouvert.
Pour ce qui est des éboulements, les services de la Protection civile, ont enregistré cet après-midi, trois affaissements de terrain au niveau de la wilaya de Bouira ( 100 km à l’est d’Alger ). Ainsi, à Saharidj, Selloum et Djebhaia, plusieurs blocs de pierres se sont effondrés sur la chaussée, sans provoquer de dégâts. L’alimentation en courant électrique a également été fortement perturbée, notamment dans les wilayas d’Alger, Tipaza et Blida, où des centaines de foyers se sont retrouvés dans le noir. Selon les services de Sonelgaz ( entreprise publique de gaz et électricité), le poste source de Boufarik ( Blida), appartenant à la filiale GRTE (Société Algérienne de Gestion du Réseau de Transport de l’électricité) desservant toute la région, a été inondé par les fortes pluies.
Ces intempéries qui mettent un terme à une longue et préoccupante période de sécheresse sont bienvenues pour l’agriculture. Elles sont cependant révélatrices de la dégradation générale des réseaux d’évacuation. Les autorités locales privées d’une part importante des ressources fiscales drainées par l’administration centrale peinent à entretenir les voieries de façon efficace ; une situation qui provoque chaque saison des inondations, y compris dans la capitale.
Société
Passeurs de migrants : deux Algériens arrêtés en Espagne

La Guardia civile a annoncé ce dimanche avoir arrêté dans la région de Murcie ( sud-est de l’Espagne ) deux Algériens âgés de 27 et 33 ans. Les deux présumés trafiquants sont soupçonnés de meurtre, de traite d’êtres humains et d’appartenance à une organisation criminelle. Codée sous le vocable « protection », l’enquête a commencé en décembre dernier à la suite du signalement de deux cadavres flottant sur l’eau par un couple naviguant sur voilier dans la région de Carthagène.
Selon le communiqué de la Guardia civile, les investigations ont conduit aux deux hommes accusés par ailleurs d’être responsables de la mort de plusieurs autres migrants qui quittaient l’Algérie essentiellement à partir des côtes oranaises après avoir déboursé entre 6 et 7000 euros.
Selon les autorités régionales espagnoles, 73% des migrants irréguliers qui arrivent sur les rivages ibériques sont des Algériens. Une tendance à l’exil qui touche essentiellement des jeunes et qui vient d’être vérifiée en Algérie même par une vidéo qui a fait le tour de la toile. On y voit des foules massées devant le site dédié à l’étude des dossiers de l’immigration de l’ambassade du Canada dans l’espoir d’obtenir un visa.
Société
Attentat de Djerba : la Tunisie parle de tourisme, la France de terrorisme

Depuis la fusillade mardi soir à proximité de la synagogue de la Ghriba, à Djerba (Est de la Tunisie), dont le bilan provisoire est de cinq morts et huit blessés, les autorités tunisiennes se veulent rassurantes. Premier et seul ministre dépêché sur place dès le lendemain matin, le ministre du Tourisme Moez Belhassine y a présidé une cellule de crise avant d’évoquer une situation touristique sous contrôle.
Plus tard dans la journée, le président tunisien Kaïs Saïed a qualifié cette attaque d' »opération criminelle », et l’affaire a été déférée devant le tribunal de première instance de Médenine où une enquête criminelle préliminaire a été ouverte. « Ils ont cherché à perturber la saison touristique, à fragiliser l’État », a-t-il affirmé lors d’une réunion du conseil de sécurité en présence des ministres de son gouvernement et de responsables des forces armées. Mais le chef de l’État ne s’est pas déplacé sur le lieu de l’attaque et a préféré ne pas modifier son agenda. Il s’est ainsi entretenu avec la ministre des Affaires étrangères belge, Hadja Lahbib, et son homologue portugais, João Gomes Cravinho, en mission d’évaluation en Tunisie pour l’Union européenne, principalement au sujet de la situation économique et du prêt du Fonds monétaire international (FMI) qui n’a toujours pas été validé.
Le ministère de l’Intérieur qui s’est limité à un communiqué le soir de l’attaque, donnant quelques informations sur le déroulé des faits, ainsi qu’un bilan provisoire, avait annulé la conférence de presse prévue mercredi soir, alors que plusieurs zones d’ombre entourent les circonstances de la fusillade. Le ministre Kamel Fekih s’est finalement exprimé jeudi après-midi sans apporter plus d’informations sur les antécédents de l’assaillant – qui est membre de la garde nationale – ni expliqué ses motivations. Il a globalement salué le travail des forces de sécurité près de la synagogue qui auraient, selon lui, évité un carnage et agi très rapidement. S’il a affirmé que l’assaillant abattu à quelques centaines de mètres de la Ghriba, avait pour intention d’accéder à ce lieu de pèlerinage et de tuer le plus grand nombre de personnes, il a cependant évoqué une opération criminelle plutôt que terroriste.
L’agent en question a d’abord abattu son collègue de la garde maritime au port d’Aghir, une localité de l’île de Djerba à une vingtaine de kilomètres de la Ghriba, qu’il a délesté de son arme automatique et de ses munitions. Il s’est ensuite dirigé vers le lieu de culte à bord d’un quad appartenant également à la garde nationale. Arrivé à proximité de la synagogue où se trouvaient plusieurs unités des forces de l’ordre chargées de la sécurité des lieux en plus de quelques pèlerins et passants, il a ouvert le feu et abattu trois agents, un citoyen juif tuniso-israélien de Djerba Aviel Haddad et son cousin franco-tunisien Benjamin Haddad. Du fait de la nationalité française de l’une des victimes, le Parquet antiterroriste français a ouvert une enquête pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Plus tôt, le président français Emmanuel Macron a assuré vouloir lutter « sans relâche », « contre la haine antisémite », alors que les autorités tunisiennes refusent toujours de qualifier l’attaque.
Plusieurs organisateurs du pèlerinage de la Ghriba ont en outre critiqué la présence policière jugée insuffisante et réduite par rapport aux années précédentes, indiquant qu’il n’y avait que très peu d’agents postés près de la synagogue. Selon eux, quelques minutes avant l’attaque, des dizaines de bus étaient sortis du parking où la fusillade s’est produite, échappant, à quelques instants près, à un bilan qui aurait pu être bien plus lourd. Sans informations sur les motivations de l’assaillant, rien n’indique pour le moment s’il a agi seul ou s’il a été soutenu par une organisation. Aucun élément sur une éventuelle radicalisation religieuse n’a été présenté.
Pour rappel, le 11 avril 2002, un camion-citerne de gaz naturel bourré d’explosifs sautait à 9h35 devant la même synagogue tuant 19 personnes et faisant 30 blessés. Présenté dans un premier temps comme un accident, l’enquête révéla rapidement qu’il s’agissait d’un attentat kamikaze. La fusillade du 9 mai 2023 est cependant le premier attentat à proximité de la Ghriba perpétré pendant le pèlerinage annuel, à l’occasion de la fête de Lag Ba’omer, après Pessah, depuis 1985.
Société
Tunisie. Fusillade à la synagogue de Djerba

Au moins quatre personnes ont été tuées après une fusillade ce mardi soir à proximité de la synagogue de la Ghriba de l’île de Djerba ( Est de la Tunisie) où avait afflué des centaines de pèlerins.
Selon le ministère de l’intérieur tunisien, deux agents de sécurité et deux fidèles ont été tués et quatre autres personnes ont été blessées par un gendarme. Ce dernier a d’abord tué un de ses collègues qu’il a délesté de ses munitions pour ensuite ouvrir le feu sur les agents chargé de la sécurité des lieux et la foule avant d’être abattu.
De son côté, le ministère des affaires étrangères a précisé que « les victimes parmi les visiteurs sont de nationalité tunisienne ( 30 ans ) et française 42 ans ».
La synagogue de Djerba qui est la plus ancienne d’Afrique est un haut lieu du culte judaique en Afrique du nord.
Pour rappel le 11 avril 2020, un camion-citerne de gaz naturel bourré d’explosifs sautait à 9 h 35 devant la même synagogue tuant 19 personnes et faisant 30 blessés. Présenté dans un premier temps comme un accident, l’enquête révéla rapidement qu’il s’agissait d’un attentat kamikaze.
Société
Algérie. Cas de tuberculose au sein des camps de réfugiés subsahariens
Cacophonie institutionnelle

Décidément, la communication transparente n’a jamais été le fort des autorités algériennes.
Soit, elles se murent dans un silence assourdissant, soit elles se produisent une information spontanée qui a vite fait devirer à la cacophonie après des remontrances de la tutelle quand un sujet sensible est porté sur la place publique.
L’affaire de l’apparition de cas de tuberculose au niveau de certains camps de réfugiés subsahariens, ne déroge pas à la règle. C’est une énième preuve de cette gestion consternante. En effet et comme indiqué par adn-med.com le 06/05/2023, les services de la wilaya d’Alger, avaient officiellement fait état, vendredi dernier, de foyers de tuberculose dans les camps de Blida et Alger. Des structures de la santé nous apprenaient même que des cas contaminants refusaient les soins et les traitements proposés. 72h plus tard, soit ce lundi, ce sont les services du ministère de la Santé et de la population, qui viennent apporter un démenti catégorique aux services sanitaires de la wilaya d’Alger. « Nos services ( ministère de la santé, NDLR), affirment et assurent qu’aucun cas de tuberculose n’a été répertorié », est-il précisé. « La wilaya Alger n’a détecté aucun cas de tuberculose parmi les migrants ».
Le ministère de la santé, rappelle dans ce sens, que les derniers cas enregistrés remontent à 2022, où selon la même source, cinq cas avérés ont été diagnostiqués à Meftah et Bouinan, deux localités relevant de la wilaya de Blida ( 50 kilomètres à l’ouest d’Alger). Cette cacophonie en matière de communication institutionnelle n’est pas la première du genre, loin s’en faut. Durant la pandémie du Covid-19, les services du ministère de la Santé, se sont tristement illustrés par des communiqués hasardeux, à la limite de l’amateurisme d’Etat, tentant vainement de minimiser l’ampleur des infections. En 2018, les mêmes services, lors de l’épidémie de choléra qui avait touché la régions de Bouira et Tipaza, avaient également tenté de démentir les autorités sanitaires locales. Il aura fallu l’intervention des services de l’Institut Pasteur d’Alger ( IPA), pour confirmer les faits et amener le ministère de la Santé à opter pour le mutisme.
R.B
Société
Un jeune homme mortellement touché par un tir de carabine à Biskra ( vidéo)

Un drame effroyable s’est produit ce samedi matin dans la wilaya de Biskra ( 460 kilomètres au sud-est d’Alger). Un jeune homme âgé de 28 ans, répondant aux initiales A.S, a été mortellement touché par une balle de fusil de chasse, au cours de d’une fête de mariage.
Ainsi, et comme le montre la vidéo amateur tournée au moment des faits, une personne était en train de charger les cartouches de sa carabine pour tirer en l’air. Le premier coup, a été tiré sans conséquences mais le second a mortellement touché au visage la victime.
Suite à ce drame, les services de sécurité ont immédiatement ouvert une information judiciaire et placé le porteur de fusil en détention provisoire, indiquent des sources locales.
Aux cours de cérémonies festives, ces genres de manipulations, aux cours desquels il n’est pas rare d’enregistrer des accidents dramatiques, participent d’une pratique sociale qui valorise celui qui exhibe l’arme la plus puissante et qui tirer le plus de coups de feu, y compris comme c’est le cas ici à balles réelles.
R.B
Société
Maroc : le drame des abandons scolaires

Le bilan rendu public jeudi 4 mai, par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports donne un aperçu global satisfaisant pour ce qui est du préscolaire qui connait une progression appréciable. Les indicateurs de performance de l’école qui permettent d’évaluer l’aspect qualitatif du secteur évoluent positivement mais l’abandon scolaire stagne.
Un fléau social
L’abandon scolaire est l’un des problèmes que redoutent tous les gouvernements. C’est aussi le plus délicat qu’ait à gérer le ministre marocain Chakib Benmoussa qui a élaboré une ambitieuse feuille de route pour la période 2022-2026 en vue d’atteindre une école performante et de qualité.
En effet, ce phénomène, quand il perdure et/ou se massifie, est un handicap à plusieurs impacts. Il prive le jeune de compétences pouvant assurer son insertion sociale, provoquant ainsi un déficit économique à la collectivité. Il peut générer des déviances sociales préjudiciables au concerné et à la communauté ; le jeune perdu de vue par le système éducatif sortant des radars des instances d’évaluation et de programmation des politiques publiques devient une inconnue sociale difficilement intégrable dans un mise en perspective du pays.
Sur un total de 8.863.234 élèves inscrits dans le Royaume, les abandons, toutes catégories confondues, sont de 334.664 pour l’année scolaire 2021/2022, un chiffre quasiment identique que ceux de 2019/2020 (331.558 ). Le ministère assure vouloir réduire d’un tiers ces échecs en 2026. Un vrai défi si l’on observe la stagnation du nombre de ces cas depuis plusieurs années.
La généralisation de l’enseignement progresse
Domaine positif : la généralisation de l’enseignement qui avance dans les cycles primaire et secondaire (collége.).
Une évolution identique a été relevée dans le cycle secondaire qualifiant qui a vu le taux de scolarisation atteindre 76.9 % en 2022/2023 contre 75.7 % l’année précédente. Cette courbe ascendante est également constatée pour l’enseignement préscolaire. La préscolarisation des 4-5 ans est de 76.2 % en 2022/2023 contre 72 % en 2021/2022, soit une progression de près de 4%, ce qui est considérable.
Selon le ministre, cette amélioration est essentiellement due à l’augmentation de l’offre scolaire en milieu rural qui a bénéficié du soutien de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) et de la gestion déléguée qui permet de décentraliser les centres de décisions sur un certain nombre de dossiers.
Il demeure que le spectre de l’abandon scolaire pèse toujours sur la jeunesse marocaine et, du même coup, sur les politiques de développement national qui souffrent du manque de statistiques précises quant à la situation effective de ces sujets. Or l’identification des statuts des différentes catégories d’âge est la seule manière d’ajuster les mobilisations des moyens de l’Etat à la réalité de la composante sociologique de la nation.
-
DébatsIl y a 6 jours
Avons-nous besoin aujourd’hui des « critiques » d’Arkoun et de Jabri ? ( 3éme partie) Lahcen Oulhaj*
-
ReportagesIl y a 2 jours
Amin Zaoui : « Nous avons un pays plus grand que ses dirigeants »
-
CultureIl y a 4 jours
Montréal. Le raï : des cabarets oranais à l’Unesco
-
SociétéIl y a 6 jours
Maroc. Généralisation de l’enseignement de la langue amazigh pour 2030
-
SportsIl y a 4 jours
Benzema en Arabie saoudite : un destin bascule dans l’inconnu
-
SportsIl y a 3 jours
Roland Garros : Ons Jabeur en quart de final
-
PolitiqueIl y a 4 jours
Investiture d’Erdogan : Goudjil salue « les expériences véritablement démocratiques » turques et algériennes
-
PolitiqueIl y a 2 jours
Procès en appel d’Ihsane El Kadi : détails d’une audience singulière
-
InternationalIl y a 1 jour
Explosion du barrage de Kharkova : dernière opération avant le pire ?
-
ÉconomieIl y a 3 jours
Marché pétrolier : faux consensus de l’OPEP+ à Vienne ce dimanche