TUNISIE. LES CONTESTATAIRES DU CONGRÈS DE L’UGTT DÉBOUTÉS
Finalement, le référé déposé par des syndicalistes contestant le 25éme congrès de l’UGTT qui devrait se tenir à Sfax les 16, 17 et 18 février viennent d’être déboutés par la justice pour défaut de présentation de leurs cartes d’adhérents à la Centrale. Pour leur part les contestataires conduits, entre autres, par Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général adjoint du syndicat, chargé du secteur privé, réfutent cet alibi.
Le désaccord porte sur l’amendement de l’article 20 des statuts introduit par l’actuelle direction lors du congrès organisé juillet 2021 et qui donne le droit aux responsables de postuler à plus de deux mandats successifs, chose qui était statutairement proscrite jusque-là. Cette disposition avait été rejetée par une partie de la base qui l’avait d’ailleurs faite invalider par voie de justice.
Les protestataires se sont prévalus de cette décision pour demander le report du congrès en attendant qu’un « débat serein » ait lieu dans les instances de l’organisation syndicale. Cependant, la direction qui avait interjeté appel de l’annulation de l’amendement fait valoir que son appel étant suspensif, elle était légitime pour organiser le congrès. La Cour d’appel devrait rendre son verdict sur la légalité de la tenue du congrès à la fin du mois.
Ceci pour l’aspect procédural.
En réalité, ces querelles de forme cachent des divergences de fond quant à l’indépendance politique de la centrale et aux positions qu’elle doit adopter face à la mainmise du chef de l’État sur l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et, depuis cette semaine, judiciaire.
C’est en termes à peine voilés que les protestataires accusent les principaux dirigeants de l’UGTT de collusion avec le pouvoir politique qui a accepté de laisser se tenir un congrès extraordinaire en juillet alors que les rassemblements étaient interdits pour cause de pandémie.
Depuis, la prudence qui caractérise les déclarations de la Centrale devant la dérive autoritaire de Kaïs Saïed, ne font qu’approfondir le fossé entre ses différentes factions. Et ce n’est pas le rejet du référé par une justice en pleine crise qui va atténuer la méfiance entre les protagonistes.
C’est aussi sur ces tensions que joue le président pour diviser des forces syndicales dont l’union pourrait compromettre une ambition qui vient de mobiliser ce dimanche à Tunis des milliers de citoyens contre elle.