ANNIVERSAIRE DU HIRAK DANS LA DIASPORA : ENTRE IMPUISSANCE ET COLÈRE
À Bruxelles comme à Montreal, ils étaient quelques dizaines de citoyens à avoir tenu à manifester leur fidélité au mouvement de février 2019 et leur solidarité aux trois cents détenus auxquels le gouvernement algérien dénie le statut de prisonniers d’opinion ou politiques. À Bruxelles, les militants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement algérien à l’occasion du sommet UE-UA avant de se disperser. Dans la capitale du Québec, le groupe de manifestants brandissant le drapeau national, l’emblème amazigh et des photos des prisonniers ont emprunté le parcours menant de la Place du Canada, point de départ de la marche, jusqu’au consulat d’Algérie où a été lue une déclaration rappelant les motifs qui ont provoqué une insurrection citoyenne inédite.
À Paris, la marche de ce dimanche a rassemblé moins d’un millier de personnes. Elle s’est terminée dans la confusion où on pouvait voir les intervenants se disputer les micros. On est loin des services d’ordre qui ont encadré les foules de 2019. Omar Tibourtine, militant démocrate connu, assure n’avoir jamais manqué une seule rencontre Place de la République. Il constate le reflux du nombre mais aussi celui de la qualité de la parole : « On ne doit plus se voiler la face, la situation exige un sérieux bilan si on veut que l’espoir continue à être entretenu ».
Parallèlement aux marches, des activistes mal identifiés avaient tenté d’organiser à la faveur de cet anniversaire des conférences autour des étapes ayant jalonné les tentatives de la construction nord-africaine (Voir adn-med : semaine du Hirak à Paris : analyse et projection des luttes nord-africaines). Ces initiatives n’ont pu mobiliser qu’une assistance confidentielle. D’autres réunions n’ont pas rencontré meilleur écho. Multiplication d’activités dédiées au mêmes objectifs, désaccords entre les organisateurs, improvisations, anonymats des appelants, ces insuffisances et maladresses ne suffisent pas à expliquer pareille désaffection.
Il reste la conférence prévue pour le 26 février à la Bourse du travail au cours de laquelle sont annoncées des prises de paroles d’invités étrangers.
Le désintérêt des derniers appels de la diaspora invite à réfléchir sur les causes profondes de cet essoufflement. Mais d’ores et déjà, des constats s’imposent. Les messages lancés par des inconnus sur la toile et qui mobilisaient des mille et des cents il y a trois ans de cela ne font plus recette. L’effritement des manifestations pose, une fois de plus, la lancinante question de l’organisation de la diaspora algérienne en particulier et, plus généralement, la capacité des communautés expatriées des trois pays d’Afrique du Nord à se rassembler. La progression démocratique et la protection des libertés citoyennes sont aussi une affaire régionale.