LA SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT US EN AFRIQUE DU NORD : MESSAGES AMÉRICAINS
La sous-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman entamera un périple qui la mènera du 4 au 11 mars au Maroc, en Algérie, en Égypte et en Turquie. Une fenêtre de quarante heures est prévue en Espagne les 6 et 8 mars.
Depuis Obama, les USA avaient réorienté leurs centres d’intérêt vers l’Indo-pacifique pour contenir la puissance montante de la Chine. La guerre en Ukraine vient rappeler l’importance géopolitique de l’espace méditerranéen.
Le département d’État américain a annoncé une visite de sa sous-secrétaire d’État Wendy Sherman, surnommée “Silver fox” (renard d’argent), qui la conduira sur la rive sud de la Méditerranée du 4 au 11 mars. L’analyse de ce déplacement informe sur la nature des relations qu’entretiennent ou que comptent développer les États-Unis en Afrique du Nord.
Présente les 8 et 9 mars au Maroc l’Américaine sera reçue par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains de l’Étranger, Nasser Bourita. Par ailleurs, Wendy Sherman qui se rendra à Casablanca et Rabat sera invitée à prononcer un discours d’ouverture à l’occasion de la Journée internationale de la femme où seront mises en avant des entrepreneures et des femmes d’affaires. Elle aura aussi à écouter les doléances de jeunes marocains porteurs de projets. Au Royaume chérifien, les USA sont dans l’opérationnel, il s’agit de valoriser une relation stable et ancienne. Gérant le factuel, le niveau de rencontre est secondaire, d’où le rendez-vous pris avec son homologue des Affaires étrangères et non le premier ministre.
Avec l’Algérie, les problèmes sont d’une autre nature pour Washington. Les USA souhaitent entendre sur des considérations stratégiques Alger plus que jamais proche de Moscou. Il est donc prévu que l’Américaine soit reçue par le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune.
On relèvera que l’annonce du département d’État exclut la Tunisie, alliée historique de l’Amérique, de la tournée. Décision lourde de sens. La gestion autocratique avec sa dérive tiers-mondiste de Kaïs Saïed n’est certainement pas étrangère à ce qui s’apparente à un boycott diplomatique. Il y a une semaine, des anciens ambassadeurs américains à Tunis, probablement informés de l’agenda de Wendy Sherman, ont exhorté Joe Biden à inviter le président tunisien à inverser sa démarche autoritaire.
Le Caire est un passage obligé. Son poids démographique, sa position stratégique et son influence politique exigent de maintenir un suivi attentionné avec un allié majeur dans une Méditerranée où Moscou déjà solidement installé en Syrie prend également pied en Libye.
Enfin, la crise ukrainienne, où la Turquie soutient résolument Kiev, est une opportunité pour renouer des rapports quelques peu distendus depuis le putsch avorté de 2016 avec un partenaire historique de l’OTAN.
Wendy Sherman qui se rendra en Espagne les 6 et 8 mars participera à l’ouverture du dialogue américano-espagnol sur la cybersécurité où sera également présente Ángeles Moreno Bau, la secrétaire d’État espagnole aux Affaires étrangères et mondiales. On sait que les USA disposent en Espagne de sa plus grande base pour forces aéroportées en Europe à Moron de la Frontera, près de Séville.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie annonce un retour discret mais sensible des Américains en Méditerranée. Un mouvement qui n’est pas fait pour déplaire à Pékin qui voit son seul et vrai adversaire mobiliser une partie de ses moyens et énergies en dehors du Pacifique.