MAROC. VAGUE D’INDIGNATION APRÈS LA CONDAMNATION DU JOURNALISTE OMAR RADI
Le journaliste Omar Radi a vu ce jeudi 3 mars la confirmation de sa condamnation à six ans de prison ferme par la Cour d’appel de Casablanca.
Le procès de ce journaliste d’investigation est devenu une affaire d’État. « C’est le troisième tabou au Maroc après le Roi et le Sahara occidental confie sous le sceau de l’anonymat une jeune journaliste qui a suivi le dossier depuis la condamnation de son collègue en première instance le 21 juillet 2021. Dans la même procédure, un autre journaliste Imad Stitou a été condamné à un an de prison dont six mois ferme « pour complicité de viol ».
Après plus de six heures d’audience, Omar Radi a été reconnu coupable de viol sur sa collègue du site Le Desk, Hafsa Boutahar. D’autres chefs d’accusation comme « intelligence avec des parties étrangères » ou alors « atteinte à l’autorité de l’État » sont venues charger le dossier. Bien que distinctes, les deux affaires ont été instruites et jugées simultanément.
Le cas de Omar Radi âgé de 34 ans mobilise l’opinion à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc car il s’est fait connaître pour ses enquêtes journalistiques sur l’économie parallèle, la confiscation des terres ou, de façon plus générale, les activités liées à la corruption où étaient impliquées des personnes proches du Palais. Par ailleurs, il a souvent pris position en faveur de mouvements sociaux ou des régions périphériques abandonnées par le pouvoir central comme le Rif ou l’Oriental. Après les sévères condamnations qui avaient sanctionné les activistes ayant participé au soulèvement du Rif, ses attaques frontales contre la justice marocaine lui avaient déjà valu un emprisonnement. Il sera libéré au bout de quelques jours sous la pression nationale et internationale. Amnesty international avait alors révélé que son téléphone avait été écouté par le système Pegasus.
À l’issue de ce procès, le porte-parole du département d’État a déclaré : « Nous sommes préoccupés par le processus judiciaire qui a conduit à sa condamnation et notons que M. Radi a allégué des violations des garanties d’un procès équitable”.
Des journalistes marocains favorables à leur confrère espèrent voir son cas abordé par la sous-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman qui est attendue au Maroc le 8 mars.
Notons que l’Agence de presse officielle algérienne APS, plutôt discrète sur les abus de la justice algérienne, a consacré à cette affaire une dépêche où elle relate les condamnations des ONG qui ont suivi le verdict de la justice marocaine.