ALGÉRIE. ACHARNEMENT JUDICIAIRE CONTRE LA PRESSE
Le journaliste El Kadi Ihsane, déjà en attente de jugement dans une autre affaire, vient de se voir accusé d’« appartenance à un groupe terroriste » par le juge d’instruction près le tribunal de Larbâa Nath Irathen (wilaya de Tizi Ouzou) qui l’a laissé, cependant, en liberté provisoire en attendant de l’entendre sur le fond du dossier lundi prochain.
Les faits reprochés à l’animateur de radio M seraient en rapport avec une association présumée au groupe du militant autonomiste Tahar Khouas qui l’avait mis en lien quand ce dernier avait adressé un message à ses contacts pour les alerter sur sa probable arrestation.
Adn-med a appris auprès de sources dignes de foi qu’au moment de l’émission du post incriminé, El Kadhi Ihsane se trouvait dans le grand sud algérien dans une zone où il n’y avait pas de couverture, ce qui fait qu’il ne savait même qu’il avait reçu le message pour lequel il est poursuivi.
L’hallucinant article 87 bis du code pénal qui criminalise la pensée et l’action politiques découvert par les Algériens en juin 2021 suite à la publication d’une ordonnance scélérate s’avère être une véritable machine à broyer le citoyen.
La dérive poutinienne de la justice algérienne ne connait plus de limites. Le fait de trouver un message sur son téléphone ou sa boite mail expose donc le destinataire à l’accusation « d’appartenance à un groupe terroriste. » Après Saïd Boudour, Hassan Bourras, Jamila Loukil, Abdelkrim Zeghileche et Mohamed Mouloudj, El Kadi Ihsane est le sixième journaliste à faire l’objet de ce genre de poursuite.
Maghreb émergent et radio M où officie ce journaliste figurent parmi les rares médias établis en Algérie à continuer d’exercer leur mission avec rigueur et professionnalisme malgré les harcèlements continus dont ils sont l’objet.
Jusque-là, les différentes arrestations ou opérations d’intimidation qui ont ciblé ces deux organes n’ont pas réussi à venir à bout de la détermination ni entamer la solidarité des équipes formant leurs rédactions.