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Jaffar LAKHDARI* : « L’OPTION DU NON MAGHREB…UNE FAUTE STRATEGIQUE MAJEURE ».

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1) Comment expliquer le faible impact des travaux types Nabni sur les élites qui ont été incapables d’ouvrir des perspectives à une mobilisation inédite dans le pays ?

Le Hirak a surpris l’ensemble de la classe politique ou ce qui en tient lieu. L’idée d’une anomie de la société algérienne qui avait déjà accepté un quatrième mandat, dominait alors. Dès lors, lorsque les manifestations du Hirak ont commencé, beaucoup n’y ont vu, au mieux qu’un rejet du projet du cinquième mandat et non une remise en cause radicale du système qui y avait mené.

En ce sens, ils partageaient peu ou prou l’analyse des tenants du régime qui l’ont en quelque sorte officialisé, en séparant le Hirak béni, limité à la contestation du cinquième mandat qui a permis une recomposition du système au bénéfice d’un groupe, du Hirak séditieux, incapable de proposer, de structurer une alternative politique et finalement en partie récupéré par des courants qualifiés de terroristes.

Seule l’opposition véritable réunie au sein du PAD a saisi la portée de l’événement et porté la revendication d’un changement de système et non dans le système.

Pour ce qui concerne l’élite en général, terme assez imprécis mais qu’on pourrait assimiler à l’encadrement actuel et futur (les étudiants soit plus d’un million cinq cent mille individus en Algérie) l’engagement dans le Hirak a souvent été leur première expérience politique effective.

Une certaine méfiance à l’égard de toute forme d’organisation, a fortiori de représentation, (le PAD lui-même a pâti du discrédit général de la classe politique), un refus de la « verticalité », une illusion réelle sur la possibilité de changer les choses par une mobilisation spontanée et horizontale, confirmée par l’annulation de l’élection, la crainte d’une récupération probable dès lors qu’une représentation émergerait, l’inexpérience et l’absence de culture politique, n’ont pas permis d’exploiter la faille majeure du système à l’été 2019.

Cela étant en dehors des partis politiques, il y a eu des idées des initiatives notables et coordonnées au sein d’éléments actifs de la société civile qui ont proposé des feuilles de route articulées autour de la proposition de transition démocratique qui ont fait consensus.

Cette notion s’inspirait des expériences de changement pacifique dans d’autres pays. La conférence des Pins maritimes d’août 2019, fruit d’un long travail de contacts et de rapprochement entre acteurs de la société civile, des partis politiques et syndicats autonomes, fut l’aboutissement de ce travail.

Était-ce suffisant ? Non car le pouvoir incarné alors par le chef d’état-major Gaid Salah a décidé d’ignorer cette ouverture, ces propositions et d’appliquer sa propre feuille de route, ce fut l’annonce des nouvelles élections présidentielles avant la fin de l’année 2019.

2) Après la neutralisation du Hirak, on observe le retour aux bases de gouvernance du boumedienisme. Stigmatisation et répression de toute voix discordante, sacralisation

du pouvoir assimilé à la nation, repositionnement tiers modiste du pays avec notamment les relances emphatiques des dossiers palestiniens et sahraouis, gestion

politique de la ressource financière du pays…Comment lire ce passéisme et de quoi est-il annonciateur au niveau national et en termes géopolitiques ?

Peut-on parler de neutralisation du Hirak ? Je ne crois pas, le Hirak est un mouvement citoyen dont l’expression ne se limite pas aux marches pacifiques du vendredi. Du reste, ces marches se sont maintenues sur une durée exceptionnelle, sans équivalent dans l’histoire récente des mouvements de protestation dans le monde, avec un caractère pacifique constant malgré la répression.

En revanche, il y a bien une régression spectaculaire qui a vocation à annihiler les maigres conquêtes démocratiques des années 88/90. Celle-ci s’accompagne en effet du retour au discours politique des années 60/70 dans un

contexte national et international totalement différent.

Cependant, cette incapacité à produire du neuf en dépit de cette crise majeure, est un signe manifeste de faiblesse politique.

Contrairement à Benbella ou Boumediene, dont le discours bénéficiait d’une certaine écoute, en dépit du caractère autoritaire de leur pouvoir, aujourd’hui le discours officiel est totalement ignoré et méprisé par la population.

Ceci pour au moins deux raisons, d’abord parce qu’il émane d’une source illégitime qui a voulu ignorer la volonté populaire exprimée par plus de deux ans de Hirak, ensuite parce qu’il repose sur des thématiques tiers-mondistes des années 60 totalement obsolètes dans un monde marqué par l’émergence spectaculaire des pays du Sud qui créent un Nouveau Monde. Ce discours vindicatif ne peut plus masquer l’échec et la responsabilité entière d’un pouvoir incapable d’engager le pays dans un cycle de croissance comparable à celui des pays émergents du Sud, en dépit de ressources exceptionnelles (plus de 1000 milliards de $ de recettes hydrocarbure durant l’ère Bouteflika).

Plus aucun analyste sérieux n’utilise aujourd’hui le terme « tiers-monde », ce blocage dans le passé traduit moins une incapacité, bien réelle, à saisir le sens et les enjeux des changements que nous vivons, que la croyance naïve en la possibilité de reproduire le schéma autoritaire et national populiste qu’incarne la figure de Boumediene, en l’associant à ses deux piliers réels, la rente et le régime policier.

Croyance puérile car d’une part la société a totalement changé et d’autre part il y avait un souffle dans les années qui ont suivi l’indépendance qu’on ne retrouve plus aujourd’hui que… dans le Hirak. Ces discours d’un autre âge tombent à plat à la manière des meetings devant des salles vides, des dernières campagnes électorales du régime…

Ce qu’annonce cette fermeture est d’ores et déjà visible, le renforcement du caractère autoritaire et répressif d’un régime qui pense pouvoir ainsi compenser son absence de légitimité.

Après plus de deux ans de Hirak, cette option, même du point de vue de la stabilité de l’État est irresponsable. Elle est d’autant plus irresponsable que le mouvement citoyen n’a cessé de proposer une transition pacifique qui préserverait cette stabilité.

Sur le plan international en revanche, je ne crois pas que le régime ait les moyens d’aller au-delà des effets de manche habituels. Le vrai problème est ailleurs, les crises en cours obligent le système à s’adapter pour survivre. Il n’a nullement les moyens de faire plier ces réalités et se contente de camper sur ses positions.

Cependant, rester immobile dans un monde qui se remodèle, c’est se condamner à le subir.

L’option confirmée du non Maghreb en particulier, est une faute stratégique majeure, dont le coût sera de plus en plus élevé dans les années à venir.

3) D’aucuns estiment que le blocage actuel du pays est une question générationnelle. Les dirigeants enkystés dans la nostalgie post coloniale ne parviennent pas à, actualiser leur logiciel. Partagez-vous cette analyse ou voyez-vous d’autres raisons à la permanence de la rigidité algérienne ?

Le fonctionnement du régime porte en lui sa dégénérescence gérontocratique à la manière de l’URSS finissante.

C’est un système qui fonctionne par cooptation, mécanisme qui a pour effet un très faible renouvellement de la classe politique qui connaît donc vieillissement et immobilisme.

Cette sclérose est le reflet de celle de la classe des mandants, des détenteurs de la souveraineté, ensemble de cercles concentriques au sein desquels ont lieu les débats politiques réels et la recherche de consensus. Le dernier mot revient au cœur du système décisionnaire, les cercles dirigeants de l’armée.

Ces cercles ne sont pas homogènes et il y a souvent de réelles divergences de vue et des conflits d’intérêts entre les groupes qui le composent. Le nécessaire consensus se fait autour du plus petit dénominateur commun, ce qui mécaniquement entraine stagnation voire recul vers le dernier point de stabilité connu.…

C’est ce qui explique l’absurdité de la décision du cinquième mandat qui illustre que ce système comme le disait justement Monsieur Hamrouche, est antinational en ce sens que la recherche prioritaire de son équilibre se fait souvent au détriment de l’intérêt national.

C’est la leçon du projet antinational du cinquième mandat. Le vieillissement avéré de la caste au pouvoir est donc un effet du système et non sa cause.

De ce fait, ce système ne peut produire sui generis, un grand réformateur, un Deng Xiaoping local qui serait capable d’orienter l’économie dans la voix du développement en bouleversant les équilibres. La transition de l’économie administrative vers l’économie de marché qui dure depuis plus de 40 ans, a encore de beaux jours devant elle…

On doit aussi s’interroger sur les racines anthropologiques du système qui serait aussi une explication possible de sa résilience. Le fonctionnement collégial au sein d’une espèce de conseil des anciens, les cercles du pouvoir, fondé sur la recherche de consensus fait penser aux Tadjmaat. Mais on ne gère pas un état, a fortiori un état de droit démocratique, comme on gère un village.

La démocratie c’est le débat contradictoire public sanctionné par le vote des citoyens, elle obéit à d’autres logiques de fonctionnement que la recherche du consensus au sein de groupes restreints. La collégialité n’est pas la démocratie, c’est un principe oligarchique.

4) On parle souvent en Algérie de questions idéologiques mais on a rarement observé de vrais débats sur les perspectives économiques qui s’imposent à la nation. Selon vous l’échec économique est- il le résultat de choix erronés ou la conséquence naturelle d’une formation archaïque qui prive le pays de compétences à même de mettre en perspective un projet national rationnel et cohérent ?

Les débats sur la question essentielle du développement et du modèle économique ont lieu depuis bientôt quatre décennies. Les intervenants sont souvent très compétents et les goulots d’étranglement sont depuis très longtemps clairement identifiés.

En 2013, Abdelhak Lamari publiait un texte au titre évocateur « la décennie de la dernière chance » dans lequel il reprenait toutes ces analyses, confirmées par les nombreuses études et sondages qui tous classaient l’Algérie pratiquement au dernier rang mondial en matière d’environnement d’affaires. Nous sommes en 2022 la décennie est pratiquement passée.

Donc ce ne sont pas tant les débats ni les compétences qui font défaut, les choses sont dites et redites depuis des décennies. Mieux il y a l’exemple concret de nombreux pays qui sont passés rapidement d’une économie administrée à une économie de marché ouverte avec des succès souvent spectaculaires. En Europe centrale, en Asie, avec en particulier le phénoménal « miracle » économique chinois, on a partout observé des mutations économiques très rapides.

Les choses sont donc bien connues et ce retard n’est en rien un problème de défaut d’information. C’est du reste ce qu’ont expérimenté des groupes de réflexion ou Think tank comme CARE ou Nabni qui ont produit des dizaines d’études et de recommandations, argumentées et chiffrées, sur ces sujets et qui ont eu à participer à des forums et tripartites avec les autorités, voire à participer à des « task force ». Le résultat de tous ces efforts est insignifiant.

Toutes ces recommandations vont rester lettre morte et le carcan bureaucratique qui plombe l’économie sera au contraire renforcé. C’est ce qui fera que ces groupes de réflexion désigneront, en s’écartant de leur neutralité politique de principe, la question de la gouvernance comme étant le cœur du problème. La problématique de la gouvernance est la question politique par excellence qui est celle de la logique de la prise de décision, de la réalisation et de la responsabilité en termes de résultats. Ils participeront ainsi, du moins dans un premier temps, au Hirak.

L’approche, faussement naïve, des compétences qui feraient défaut aux décisionnaires, est battue en brèche par ce qu’on observe sur le terrain depuis des lustres.

En réalité les décisions économiques sont conformes à la logique d’une économie de rente adossée à un régime autoritaire qui entend conserver son contrôle sur la société civile et donc, en particulier sur le secteur économique privé dont la montée en puissance pourrait menacer cette domination.

Dans cette logique, les compétences sont inutiles voire dangereuses, sauf celles qui s’intègrent dans cette logique (neutralisant ainsi leur apport) et qui acceptent d’en faire la promotion.

Le carcan bureaucratique, principal levier de contrôle de l’économie, ne cesse de se renforcer parallèlement aux critiques officielles de la bureaucratie. Il ne s’agit donc pas d’un problème de compétences mais de la logique conservatrice d’un système de pouvoir autoritaire et collégial.

5) Le Maroc semble privilégier désormais un développement singulier à travers notamment les accords d’Abraham, la Tunisie opte pour un populisme qui voit le président Kais Saied réduire le développement à « la chasse aux voleurs ».

Quoiqu’on pense de ces choix, ils ont l’avantage de la clarté. On a de la peine à découvrir une ligne économique algérienne d’un état stratège. Pourquoi cette stérilité et comment pourrait-on la dépasser ?

Pour l’essentiel le blocage structurel tient, comme on l’a vu, au mode de fonctionnement du système c’est-à-dire autoritaire et collégial. Cette structure conduit à l’immobilisme et à l’incapacité de faire face aux défis. Le projet du cinquième mandat est le produit spectaculaire de ce mode de fonctionnement.

Tous les acteurs du système étaient, de toute évidence, conscients de l’absurdité de cette décision, un enfant de cinq ans l’aurait compris, mais l’on acté car c’était le seul consensus possible au sein du système de gouvernance. Il en va de même dans tous les domaines, c’est ce système complexe et stérile d’arbitrage qui préside aux prises de décision et souvent à l’absence de décision.

C’est ce qui désoriente souvent les partenaires économiques de l’Algérie qui ont beaucoup de mal à identifier les centres de décision et leur logique, car c’est un système polycentrique.

Cela se traduit en particulier par une inflation d’annonces, parfois spectaculaires, aussitôt contredites par des décisions contraires et surtout par la réalité du terrain, d’où le discours

contre la bureaucratie qui feint ignorer que celle-ci participe du système.

Boumediene a probablement été le seul président qui a su gérer et maîtriser ce système et pour cause il est en un des initiateurs, de sorte qu’il a pu émerger sous son règne, une ligne relativement claire.

Il est fortement improbable qu’un nouveau Boumediene puisse émerger, c’était sans doute l’ambition de Bouteflika de retrouver l’autorité de son mentor, la collégialité a repris le dessus avec ses jeux d’équilibre, d’intérêts et de visions, dont le résultat est le statut quo et la stagnation.

Ainsi, l’enjeu du changement politique n’est pas seulement de répondre à l’exigence de liberté, d’équité, de démocratie mais aussi de mettre un terme à ce mode de gouvernance qui a gaspillé les ressources de ce pays et continuera à le faire tant qu’il restera.

6) Avec l’envolée du baril, le pouvoir algérien semble convaincu qu’il peut tenir par la fermeture et la répression politique. Des avis estiment que la diaspora est en mesure d’impulser une rénovation nationale. Comment de votre côté, voyez-vous son rôle dans cette circonstance historiquement gelée ?

Tout d’abord on notera qu’en effet la hausse prévisible de la rente liée à la flambée des prix des hydrocarbures, va probablement dans un premier temps conforter le pouvoir dans sa conviction que l’orage est passé et qu’une nouvelle ère de vaches grasses s’ouvre devant lui, permettant de reconstituer des clientèles qui, faute d’un projet politique fédérateur, tiendront lieu de base.

Cependant la séquence dans laquelle nous entrons, est bien différente de celles que nous avons connues dans le passé, la dimension stratégique l’emporte plus que jamais sur l’aspect économique et pourrait réserver bien des surprises.

Par ailleurs, le contexte de fermeture répressive et de glaciation y compris des libertés qu’ont pensait acquises depuis au moins trois décennies (cf article 87 bis) font que la diaspora qui évolue dans des états de droit démocratiques peut jouer un rôle essentiel comme cela s’est vu dans les pays qui ont subi des phases répressives de régimes autoritaires (Chili en 1973, Tchécoslovaquie en 1968). Un aspect important est ici à souligner. Ce qu’on appelle le système est, on l’oublie trop souvent, d’abord un système de pensée. La diaspora dispose de tous les outils nécessaires à une déconstruction des récits qui structurent cette pensée cette idéologie, elle bénéficie surtout d’un contexte de liberté d’expression et d’un accès à l’information qui fait défaut en Algérie.

Ce travail essentiel de déconstruction des récits officiels historiques, identitaires, géopolitiques etc., est sans doute l’apport possible le plus important que peut réaliser la diaspora. Elle doit permettre au courant démocratique de conquérir ce que Gramsci nommait l’hégémonie idéologique. Cet objectif est d’autant plus accessible que l’idée démocratique, l’état de droit, l’indépendance de la justice…sont des idées désormais très largement dominantes en Algérie, même si elles ne sont pas toujours bien comprises. Cette bataille des idées si importante, a du reste été réalisée au service de sa vision par un autre courant, le courant islamo-populiste dans les années 80, avec les résultats que l’on sait.

7) La perspective d’une Afrique du nord démocratique est sérieusement compromise après la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. ADN MED s’emploie à tisser des relations entre les différents acteurs de la région capables de s’émanciper des turbulences conjoncturelles pour s’exprimer sur l’avenir régional ; Des intellectuels de divers horizons commencent enfin à débattre sereinement. Peut-on espérer que ces échanges s’étendent aux acteurs économiques ?

Ce travail de rapprochement et de dialogue des élites est là aussi extrêmement important, d’autant plus qu’en dépit de l’exceptionnelle homogénéité culturelle et ethnique de la région et son histoire commune, l’absurde conflit du Sahara occidental a entraîné une rupture longue des relations entre les élites de cette région. C’est un drame. À l’inverse de ce qui pouvait exister dans les années 60/70 et même avant les indépendances, les élites du Maghreb d’aujourd’hui en particulier les Algériens et les Marocains s’ignorent.

Cette ignorance est le terreau de toutes les dérives et rend possible l’impensable. La simple observation des propos peu amènes qui s’échangent sur les réseaux sociaux entre Algériens et Marocains, est un bon indicateur de cet état.

Cette ignorance fonde des représentations caricaturales et le plus souvent absurdes desréalités socio-politiques du voisin, y compris au sein de groupes au niveau socioculturel élevé. Il faut donc accentuer ses échanges, tous les échanges autant que faire se peut.

Pour ce qui concerne les échanges entre opérateurs économiques, ils sont bien sûr plus que souhaitables. Ils constitueront le socle réel du nécessaire rapprochement entre ces pays, loin des rêves lyriques d’union des néo baasistes, en prenant pour modèle l’exceptionnelle réussite de la CEE devenue progressivement Union Européenne. Cependant, cet horizon est pour l’heure, pour des raisons bien évidentes, totalement fermé.

8) L’invasion de l’Ukraine dessine un nouveau monde où, malgré son emprise militaire, l’autocratie poutinienne risque de ne pas se relever. L’Algérie et quelques rares pays (Syrie, Ouganda, Soudan, Mali, Corée du Nord) continuent à tabler sur la permanence russe. Une explication à cette fidélité ?

Un politologue américain a résumé de manière caricaturale le régime politico-économique russe en disant « la Russie c’est une armée et une station-service », propos qui ne sont pas sans évoquer certaines situations. Il y a bien sûr une longue histoire qui couvre toute la période de l’Algérie indépendante, et même avant, où l’URSS dont la Russie est perçue comme la continuation, a souvent été proche de l’Algérie, en dépit de son choix officiel de non-alignement. Il y a des liens solides qui se sont noués en particulier au sein de l’institution sécuritaire qui a le poids politique qu’on sait, mais pas seulement.

Cependant au-delà de cette histoire, il y a ce qui se présente comme la nouvelle alternative au modèle démocratique ouvert, de régime semi autocratique que les politologues nomment démocratie illibérale ou encore démocrature et qu’incarne assez bien la Russie actuelle.

Ces régimes hybrides sont fondés sur un capitalisme d’État censé dépasser les impasses économiques qui avaient ruiné les pays « socialistes », associé à un régime autoritaire tolérant cependant, quelques espaces de liberté, tant que ceux-ci ne menacent pas les fondamentaux du régime.

Cette nouvelle alternance aux systèmes libéraux occidentaux, séduit les régimes autoritaires en peine de modèle, après la déroute des années 80/90 qui avaient vu émerger le modèle démocratique libéral comme horizon indépassable de l’avenir politique de ces pays.

L’idéal type de l’alternance à ce schéma, étant la Chine aux résultats économiques spectaculaires, associés à un régime politique autoritaire et même dans ce cas précis totalitaire. À cela s’ajoute une solidarité effective dans l’épreuve qu’on a pu ainsi constater dans le cas syrien, où sans l’intervention militaire massive de la Russie, le régime de Assad était perdu.

Dans le contexte de ce qu’on appelait les printemps arabes, c’est-à-dire du réveil des sociétés civiles de cette aire de civilisation, réclamant la pleine souveraineté aux régimes autocratiques qui l’ont usurpée, cette action salvatrice pour ce régime n’a pas été oubliée et a permis de tisser une nouvelle alliance, une nouvelle « amitié ».

Il y a plus, à l’instar de tous les régimes dictatoriaux contestés dans l’histoire, la causalité externe est systématiquement évoquée, la fameuse main de l’étranger.

Une vision policière commune des révolutions démocratiques, assimilées à un complot occidental (les révolutions de couleur) a aussi permis de forger une vision commune, assimilant ces révolutions démocratiques au complot d’un nouvel impérialisme ayant pour objet de vassaliser ces pays dans le cadre d’un capitalisme mondialisé porté par des valeurs ultra libérales et moralement « décadentes ».

On est ainsi loin des « solidarités progressistes » d’antan, lorsque les luttes contre le colonialisme ou l’apartheid donnaient du sens à cette alliance, mais plutôt sur un partenariat fondé sur une convergence d’intérêts et une visions conservatrice autoritaire communes.

* Djaffar LAKHDARI est diplômé de sciences politiques Paris. Economiste de formation, il a été un des acteurs du « Collectif de la société civile pour la transition démocratique » au début du Hirak.  Ses interventions en font une voix qui compte dans le débat concernant les thèmes portés par le mouvement citoyen.

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

L’activiste Karim Tabbou enlevé par des individus en civil jeudi à Alger ( Voir adn-med du 25 mai ) vient d’être libéré après avoir été mis sous contrôle judiciaire pour avoir participé à une émission de télévision avec l’ancien président tunisien Moncef Marzouki, aujourd’hui opposant à Kaïs Saïed vivant en exil et lui aussi sous le coup d’une condamnation de la justice de son pays.

Il a été présenté aujourd’hui au procureur de la République et à un juge d’instruction du tribunal d’El Koléa après 48 heures de garde à vue au commissariat de Dely Ibrahim ( Banlieue ouest d’Alger ).

Il lui a été signifié quatre chefs d’inculpation dont le fait d’avoir participé avec l’ancien président tunisien Moncef Marzouki à une émission programmée par la télévision islamiste Al Maghribia basée à Londres et diffusée le 7 mai 2023.

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Tunisie. Le directeur de Mosaïque FM libéré mais la liberté d’expression reste fortement menacée

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Tunisie. Le directeur de Mosaïque FM libéré mais la liberté d'expression fortement menacée

Noureddine Boutar, directeur de la radio privée Mosaïque FM, a bénéficié d’une libération sous caution mercredi 24 mai, après plus de trois mois derrière les barreaux.

Il avait été arrêté le 13 février 2023 et placé en détention provisoire pour soupçons de blanchiment d’argent. Il est accusé entre autres d’avoir utilisé les fonds de son média pour orienter sa ligne éditoriale contre le régime.

La presse en sursis

Si, selon le dossier judiciaire, aucun élément n’a été apporté par l’accusation de nature à prouver une quelconque malversation, les charges qui pèsent sur lui n’ont pas été levées et sa libération, moyennant une somme d’un million de dinars tunisiens (300 000 euros) est assortie d’une interdiction de quitter le territoire tunisien. M. Boutar fait également partie de la liste des accusés dans l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État. Il n’a cependant pas été entendu par le juge ni placé en détention dans le cadre de cette affaire, contrairement à plusieurs figures de l’opposition arrêtées depuis le mois de février. 

Cette libération intervient dans un contexte de répression accrue contre les journalistes, mais aussi contre des citoyens qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Lundi 22 mai, les deux journalistes Haythem El Mekki et Elyes Gharbi, ont été entendus par la brigade criminelle de Tunis après une plainte déposée contre eux par un syndicat des forces de l’ordre. Le chroniqueur et l’animateur de Midi Show, émission de Mosaïque FM la plus écoutée en Tunisie, sont accusés d’avoir tenu des propos insultants contre la police, après avoir évoqué la question du recrutement au sein des institutions sécuritaires, dans le contexte de l’attentat de Djerba perpétré par un agent de la garde nationale. Après un interrogatoire qui a duré plusieurs heures, ils ont finalement été relâchés en attendant d’être entendus par le juge d’instruction. Notons la forte mobilisation de la profession et de la société civile présents massivement devant les locaux de la brigade criminelle durant toute la durée de l’audition.

Une semaine plus tôt, le 16 mai, le correspondant de la même radio à Kairouan a été condamné en appel à cinq ans de prison. S’il reste libre en attendant le pourvoi en cassation, il s’agit du jugement le plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne, « sans précédent dans tous les régimes dictatoriaux tunisiens », avait alors déploré le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dans un communiqué. 

Plusieurs autres journalistes, dont Nizar Bahloul, directeur de Business News, Monia Arfaoui, journaliste à Assabah, et Mohamed Boughalleb, chroniqueur sur Cap FM, sont actuellement poursuivis en vertu du décret-loi 54-2022. Promulgué par Kaïs Saïed en septembre 2022, ce texte punit de cinq ans de prison et d’une amende de 50 000 dinars (environ 15 000 euros) toute personne « utilisant délibérément les réseaux de communication et les systèmes d’information pour produire, promouvoir, publier ou envoyer de fausses informations ou des rumeurs mensongères ». La peine encourue est portée à dix ans si ces informations concernent un fonctionnaire de l’État, ce qui est le cas des journalistes visés, poursuivis par des membres du gouvernement de Najla Bouden. 

Le fait du prince

Mais les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression ne concernent pas uniquement les médias. Plusieurs citoyens ont été poursuivis ou condamnés pour des publications critiques vis-à-vis du pouvoir en place, partagées sur les réseaux sociaux. Le 16 mai, deux jeunes étudiants ont été arrêtés à Nabeul, dans le Nord-Est de la Tunisie, pour avoir publié une chanson satirique jugée insultante contre la police. Après une forte mobilisation de la société civile et des médias, le président Kaïs Saïed s’est exprimé, jugeant que cette arrestation était « injuste » et « inacceptable ». Dans l’heure qui a suivi, les deux jeunes hommes ont été libérés. 

Au même moment, un enseignant du secondaire à Gafsa n’a pas eu cette chance. Après avoir été arrêté pour avoir publié des caricatures et des commentaires critiquant le régime politique et le président de la République, il a été condamné à un mois de prison ferme. Lors de son audition, il a notamment été interrogé sur son positionnement par rapport au pouvoir en place et au coup de force de Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. Dans le même sens, Mohamed Zantour, jeune étudiant et activiste originaire de Msaken dans la région de Sousse, est lui aussi en prison depuis près d’un mois après qu’un mandat de dépôt a été émis contre lui le 29 avril 2023. Comme d’autres, il a été placé en détention en vertu du décret-loi 54-2022 pour avoir partagé sur les réseaux sociaux son avis critique par rapport au régime de Kaïs Saïed. 

De nombreux avocats, opposants politiques, journalistes ou citoyens sont actuellement poursuivis par la justice tunisienne, pour avoir exprimé leurs opinions. Dernier en date, l’avocat Mehdi Zagrouba a entamé une grève de la faim au siège de l’Ordre des avocats pour ce qu’il décrit comme un acharnement judiciaire et une injustice. Après avoir été condamné en début d’année par la justice militaire, un mandat d’amener a été émis contre lui dans le cadre d’une plainte de la ministre de la justice sur la base du décret-loi 54. 

En avril, lors du lancement d’une campagne contre ce décret-loi jugé liberticide, plusieurs organisations de la société civile ont dénoncé le fait que ce texte accorde une immunité aux fonctionnaires et représentants de l’État contre les critiques qui leur sont adressées. Le SNJT a, de son côté, mis en garde contre une « dérive dangereuse » et décidé de multiplier les mouvements de protestation. 

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Algérie. Karim Tabbou placé en garde à vue

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

L’ex-premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou a été placé en garde à vue ce mardi 24 mai à Dely Brahim (banlieue Ouest d’Alger) apprend-on auprès de sa famille.

L’information est tombée sur les coups de 16h30 quand Djaffer Tabbou a publié un post sur Facebook indiquant que son frère Karim a été arrêté « par des individus en civil » dont « l’appartenance institutionnelle est ignorée ». Il donnera quelques heures plus tard l’endroit où le coordinateur de l’Union démocratique et sociale, UDS (parti non reconnu par le ministère de l’Intérieur) se trouvait en maintenant que les raisons de l’arrestation et les services qui le détiennent sont toujours inconnues. 

Il est à rappeler que Karim Tabbou avait été interpellé plusieurs fois depuis l’apparition du Hirak en 2019 et a été incarcéré entre septembre 2019 et juillet 2020. Il a été condamné à une année de prison ferme en mars 2020 et à une année de prison avec sursis en novembre de la même année dans deux affaires différentes.

Personne controversée de la scène politique algérienne, l’activiste Karim Tabou, aujourd’hui âgé de 50 ans a fait partie du Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD ( parti laïc ) au début de son engagement politique avant rejoindre le front des forces socialistes, FFS, qu’il quittera dans des conditions troubles. Il fondera ensuite l’UDS et se présentera, avec d’autres figures,  comme l’un des prétendants à la représentativité du hirak, une autopromotion qui fut reprochée à leur auteurs par une partie de l’opinion qui considérait que cette prétention a semé une confusion qui fut l’une des causes de l’essoufflement puis de l’arrêt des  manifestations. 

Ces dernières années Karim Tabou qui assume désormais son rapprochement avec le courant islamiste intervenait régulièrement sur la chaine de télévision Al Maghribia dirigée par le fils d’Abassi Madani, fondateur du Front islamique du Salut, FIS.

Pour l’instant, les autorités n’ont pas fait de commentaires sur cet enlèvement.   

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Tebboune au Portugal : une visite de consolation ?

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La visite d’Etat qu’entreprend ce lundi Abdelmadjid Tebboune au Portugal surprend autant les nationaux que les observateurs et les chancelleries. 

Annonce inattendue

Il y a d’abord la manière dont est annoncée ce déplacement : la dépêche de l’agence officielle APS n’est tombée que quelques heures avant le décollage de l’avion présidentiel. Ensuite, la presse, visiblement décontenancée par l’information, réserve une couverture des plus sobres à l’évènement alors que les médias officiels et officieux ne manquent pas une occasion pour s’appesantir sur des banalités comme un coup de téléphone, un message de condoléances ou de félicitations que le chef de l’Etat reçoit ou adresse à ses homologues étrangers. 

Certes, le secrétaire général du ministère des affaires étrangères, Amar Belani avait reçu la semaine dernière l’ambassadeur du Portugal et on a appris qu’une délégation s’était rendue à Lisbonne, probablement pour préparer le voyage présidentiel, sans que, pour autant, la moindre information n’ait filtré sur ce qui s’avérera être une visite d’Etat ; alors que celle qui était  programmée sur Paris, et reportée à plusieurs reprises, feuilletonne depuis des mois.

Motivations illisibles

Plus fondamentalement, les observateurs sont d’autant plus surpris par l’agenda de la présidence algérienne que le Portugal, lui aussi, a récemment adopté la proposition du plan marocain sur la Sahara Occidental. Une position qui a valu une réplique algérienne cinglante et immédiate contre Madrid, provoquant avec l’un des partenaires les plus stables du pays depuis l’indépendance voire avant une crise sans précédent qui a mis en péril des centaines de petites et moyennes entreprises dans les deux pays. 

D’aucuns posent la question de la cohérence de la diplomatie algérienne. La modestie du volume des échanges commerciaux avec le Portugal  – évalués à moins de 500 millions d’euros, environ 0,5% de son commerce extérieur, ce qui fait de l’Algérie le 32éme partenaire des Lusitaniens –  vaut-elle de passer à Lisbonne ce qui fut violemment reproché à Madrid ? Et à quel prix !

Les observateurs se perdent en conjectures. Tebboune sachant sa visite à Paris compromise a-t-il cherché un lot de consolation ? En effet, la visibilité et la crédibilité qu’octroie une visite d’Etat en France est, en dépit des polémistes algéro-françaises, l’un des gages les plus fiables pour un chef d’Etat algérien postulant à une autre mandature. Or, pour des raisons qui renvoient probablement à de sourdes et violentes luttes de clans, cette hypothèse semble s’éloigner pour celui qui ne renonce pas à se succéder et qui, pour l’instant, se résigne à faire bon cœur contre mauvaise fortune.  

D’autres sources estiment que le dernier revers infligé par l’Arabie saoudite à l’Algérie avant et lors du dernier sommet de la Ligue arabe ( voir adn-med du 21 mai ) a provoqué un choc à Alger qui réaliserait enfin le prix de « la diplomatie de l’émotion », comme la définit cet ancien membre de la Cour constitutionnelle. 

Sursaut de lucidité ou diversion ?

En crise ouverte avec le Maroc, relations régulièrement perturbées avec la France, gel des rapports avec l’Espagne, perte d’influence dans la Ligue arabe, alignement inconsidéré sur une Russie de moins en moins fréquentable depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Algérie ne fait guère plus entendre sa voix en dehors de quelques réseaux africains. « Et pour combien de temps ? » s’interroge notre interlocuteur.

Du coup, les spéculations vont bon train. « La question est de savoir si la séance de rattrapage portugaise annonce la révision d’une stratégie diplomatique jusque-là calamiteuse – c’est d’ailleurs cet amateurisme qui a, en partie, conduit au départ de Lamamra – ou si nous sommes dans une séquence tactique, le temps de faire oublier le camouflet de Djeddah. » se demande un jeune fonctionnaire d’une ambassade d’un pays membre de l’UE en poste depuis trois ans à Alger qui a requis l’anonymat. 

Ce ne sont pas les commentaires soporifiques de l’APS qui annoncent une visite qui « s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations d’amitié historiques, de coopération et de bon voisinage entre les deux pays » qui apporteront des réponses convaincantes à une visite énigmatique qui n’a pas fini d’intriguer Algériens et partenaires étrangers. 

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Politique

L’Ukraine fait un pas en faveur du plan marocain sur la Sahara occidental

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Le ministre des affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba, qui effectuait ce lundi une visite de travail au Maroc, s’est exprimé lors d’un point de presse sur le dossier du Sahara occidental. Interrogé après l’entretien qu’il a eu avec son homologue marocain, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie ukrainienne, a soutenu que l’Ukraine et le Maroc savent tous les deux quel est le sens « de la souveraineté et de l’intégrité d’un territoire. »

Une déclaration pondérée, cependant, par le soutien de l’Ukraine aux efforts de l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, qui vise à parvenir à une issue politique « réaliste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. »

L’Ukraine qui entretenait des relations diplomatiques stables et fécondes avec l’Algérie a constaté qu’après l’invasion de son territoire, Alger avait rejoint le camp des pays refusant de condamner l’opération lancée par Poutine en février 2024.

Pour sa part, le Maroc, lui aussi, prudent au début du conflit, a progressivement adopté une position plus conforme au droit international.

Pour rappel, Vladimir Zelinsky a déploré ce vendredi à Djeddah lors du sommet de la Ligue arabe où il était convié le fait que « des pays arabes aient fermé les yeux sur l’invasion russe ».

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Tebboune absent au sommet de la ligue arabe de Djeddah

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Tebboune absent au sommet de la ligue arabe de Djeddah

Abdelmadjid Tebboune sera absent au 32éme sommet de la Ligue arabe qui se tiendra ce vendredi 19 mai à Djeddah. C’est un communiqué de la présidence de la République qui a donné ce jeudi l’information. Ce sera donc le premier ministre Aimene Ben Abderrahmane qui représentera le chef de l’Etat algérien. Cette absence dont les raisons ne sont pas précisées soulève moult interrogations et ouvre la voie à toutes les spéculations.

L’invitation adressée au président ukrainien Volodimir Zelinsky a été avancée comme l’une des raisons qui ont pu conduire le dirigeant algérien à ne pas se rendre à Djeddah, l’Algérie ayant de tout temps entretenu des relations privilégiées avec la Russie.

Mais les sujets du mécontentement de l’Algérie à l’endroit de Ryad ne manquent pas à commencer par la décision de ne pas l’inviter à la réunion de préparation de ce  sommet, notamment la réunion d’Amman dédiée à la réintégration de la Syrie, alors qu’elle assurait la présidence du conseil de la Ligue arabe depuis le sommet d’Alger tenu en novembre dernier.

Pour rappel, l’homme fort d’Arabie saoudite n’avait jugé utile de participer au sommet d’Alger arguant de problèmes médicaux l’empêchant de prendre l’avion alors qu’il s’était envolé pour l’Asie quelques jours après.   A noter que c’est le prince Moulay Rachid qui représente le roi Mohamed VI également absent à ce sommet.    

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Algérie. L’homme d’affaire Issad Rebrab placé sous contrôle judiciaire

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Algérie. L’homme d’affaire Issad Rebrab placé sous contrôle judiciaire

Issad Rebrab, fondateur du groupe Cevital âgé été placé ce jeudi sous contrôle judiciaire par le procureur de la république près le tribunal de Sidi M’hamed ( Alger ). Septième fortune d’Algérie âgé de 78 ans et aujourd’hui à la retraite, l’homme d’affaire a été préalablement auditionné par les services de police avant d’être présenté devant le parquet.

Selon le média ebourse.dz qui donne l’information, Rebrab aurait été auditionné pour des actes en relation avec «  des transactions du groupe Cévital effectuées avec des entités basées à l’étranger. »

Pour rappel, Issad Rebrab avait déjà été mis en détention en avril 2019 pour «  fausses déclaration relative aux transferts illicites de capitaux vers l’étranger, surfacturation d’équipements importés et importation de matériel d’occasion alors qu’il avait bénéficié d’avantages fiscaux et bancaires » . Il retrouvera la liberté le 31 décembre après 8 mois de détention.

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Algérie : la marche des retraités et handicapés de l’ANP empêchée

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Les retraités, radiés et autres invalides de l’Armée nationale populaire (ANP), sont revenus à la charge, aujourd’hui mardi, en tentant une nouvelle fois de marcher vers Alger. Et comme il fallait s’y attendre, cette fois encore, ils ont été refoulés par les services de sécurité disposés en masse à l’entrée est de la capitale.

En effet et selon les estimations des organisateurs, ils étaient plus de 300 anciens militaires à s’être rassemblés aux portes d’Alger, dans le but d’organiser une marche. Mais comme à chaque fois, depuis avril, ils ont été bloqués par l’impressionnant dispositif sécuritaire mis en place. Sur place de nombreux bus de gendarmes et policiers étaient stationnés aux abords de l’autoroute est-ouest reliant Bouira à Alger, ainsi que la RN05 menant de Boumerdès vers Rouiba et la RN12 reliant Alger à Tizi-Ouzou.

D’ailleurs et selon nos informations recueillies auprès de plusieurs de ces anciens militaires des hommes se dirigeant vers le lieu de rassemblement ont été refoulés dès leur interception par les barrages filtrants dressés tout autour de la capitale.

Cependant et selon M. Nassim Hemmacha, coordinateur de la section d’Alger des retraités et radiés de l’ANP, l’action de ce mardi, était un «  tour de chauffe » en vue d’une manifestation « d’envergure » programmée pour les jours à venir. « Face au mutisme des autorités, je pense que seule la mobilisation peut payer », a-t-il indiqué. Et d’ajouter « Ils (forces de l’ordre, ndlr) peuvent nous interdire de marcher une fois, deux fois, mais pas éternellement. Quoi qu’il en soit, nous allons organiser une marche nationale dans les prochaines semaines », a-t-il annoncé.

Pour notre interlocuteur, les services du ministère de la Défense (MDN) observent un « silence radio ». « Depuis le 17 juillet dernier, date à laquelle nous avions observé nos derniers rassemblements à Alger, Boumerdes et Batna, les services du MDN n’ont plus donné aucun signe de vie. Nous sommes actuellement dans l’expectative », affirme M. Hemmacha. Et de poursuivre « les responsables de la Caisse nationale des militaires, nous ont à dire vrai tranquillisé et nous les remercions pour leur sollicitude. Cependant, nous attendons toujours des signaux forts de la part de notre institution ».

S’agissant des revendications de cette frange de la société, ce membre de la Coordination nationale des retraités et des radiés de l’ANP, réclame leur prise en charge médicale dans des structures adaptées, ainsi que la revalorisation de la pension d’invalidité et l’allocation destinée à la tierce personne, laquelle souligne-t-il, se situe actuellement entre 1 500 et 2 500 DA, mensuel. 

R.B

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Un journaliste condamné à la peine la plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne

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Le journaliste Khalifa Guesmi, correspondant de la radio privée Mosaïque FM, a annoncé mardi 16 mai avoir été condamné en appel à une peine de cinq ans de prison, en vertu de la loi relative à la lutte contre le terrorisme. Il est accusé d’avoir refusé de divulguer ses sources après avoir publié un article sur une opération sécuritaire et l’arrestation de personnes suspectées de terrorisme à Kairouan.

La cour d’appel a ainsi alourdi la peine prononcée en première instance en novembre 2022, où il avait été condamné à un an de prison. Il a été laissé en liberté en attendant un pourvoi en cassation.

« Ce jugement en appel est le plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne, sans précédent dans tous les régimes dictatoriaux tunisiens », a dénoncé mardi le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), qui a vivement réagi à ce verdict qu’il considère comme un message politique indiquant une accélération de la répression contre les médias. Selon le syndicat, il s’agit d’une « tentative de soumettre les journalistes » en utilisant l’appareil judiciaire.

Outre Khalifa Guesmi, plusieurs autres journalistes, dont Nizar Bahloul, directeur de Business News, Monia Arfaoui, journaliste à Assabah, et Mohamed Boughalleb, chroniqueur sur Cap FM, sont actuellement poursuivis en vertu du décret-loi 54-2022. Promulgué par Kaïs Saïed en septembre 2022, ce texte punit de cinq ans de prison et d’une amende de 50 000 dinars (environ 15 000 euros) toute personne « utilisant délibérément les réseaux de communication et les systèmes d’information pour produire, promouvoir, publier ou envoyer de fausses informations ou des rumeurs mensongères ». La peine encourue est portée à dix ans si ces informations concernent un fonctionnaire de l’État, ce qui est le cas des journalistes visés, poursuivis par des membres du gouvernement de Najla Bouden. En avril, lors du lancement d’une campagne contre ce décret-loi jugé liberticide, plusieurs organisations de la société civile ont dénoncé le fait que ce texte accorde une immunité aux fonctionnaires contre les critiques qui leur sont adressées.

« Le syndicat des journalistes tient le pouvoir politique responsable de la détérioration de la situation des libertés en Tunisie », a déclaré le SNJT dans son communiqué, exprimant son inquiétude face à cette « dérive dangereuse » et appelant à une journée de mobilisation jeudi 18 mai devant le siège du syndicat à Tunis.

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Rached Ghannouchi condamné à un an de prison pour apologie du terrorisme

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Le leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a été condamné lundi à une peine d’un an de prison assortie d’une amende de 1000 dinars (environ 300 €) pour des déclarations prononcées lors d’un éloge funèbre rendu à Farhat Abbar, un journaliste et militant d’Ennahda décédé en février 2022. Ces propos ont été jugés comme une apologie du terrorisme par les autorités judiciaires tunisiennes.

Cette affaire découle d’une des nombreuses plaintes déposées à l’encontre du chef du parti d’inspiration islamiste. Rached Ghannouchi avait déjà été interrogé à ce sujet, mais avait été remis en liberté. A l’occasion de l’hommage rendu à Tataouine lors de ces funérailles, il avait salué le courage du défunt en affirmant qu’il n’avait peur de personne, ni du pouvoir, ni du « taghout » (un terme désignant un tyran avec une connotation islamique). Ce mot est souvent utilisé par des groupes extrémistes religieux pour désigner leurs ennemis, notamment les forces de sécurité ou l’armée. Suite à ces déclarations, un syndicat de police avait porté plainte, considérant qu’il s’agissait d’une incitation à la violence à l’encontre des forces de l’ordre. « C’est une déformation flagrante du mot coranique ‘taghout‘ », a vivement réagi Soumaya Ghannouchi, l’une des filles du leader islamiste.

Monia Bouali, avocate de Rached Ghannouchi, a déclaré à l’agence Reuters que son client avait été condamné par contumace et que son comité de défense n’avait pas été prévenu à temps. Actuellement en détention depuis près d’un mois, M. Ghannouchi avait été arrêté le 17 avril à son domicile suite à des déclarations faites lors d’une réunion publique, au cours de laquelle il avait mis en garde contre l’exclusion d’Ennahdha, de l’Islam politique ou de la gauche, affirmant que cela pourrait entraîner « une guerre civile« . Le lendemain, le siège d’Ennahdha avait été fermé sur ordre du ministère de l’Intérieur et les réunions dans les locaux du parti avaient été interdites sur l’ensemble du territoire.

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