ALGÉRIE. SILA, UNE OASIS DANS UN DÉSERT
Après deux ans d’absence due à la crise sanitaire, la 25ème édition du Salon international du livre d’Alger a pu se tenir du 24mars au 1 avril. Malgré les conditions difficiles dans lesquelles elle a été préparé, l’ambiance anxiogène qui règne en Algérie à cause de l’affaissement du pouvoir d’achat et de la répression politique qui s’est banalisée ces derniers temps, la manifestation a été un franc succès sur tous les plans. En effet, en plus des 1250 exposants venus de 36 pays qui ont répondu à l’appel, les plus de 300.000 titres exposés, le public aussi a été de la partie et a dépassé le 1.3 million de visiteurs durant les 8 jours.
L’Italie, qui a été l’invité d’honneur cette année, a marqué sa présence par un vaste programme de promotion de la littérature italienne, notamment en proposant des projets de traduction, mais aussi en revisitant les liens historiques qu’elle a avec l’Algérie à travers la figure emblématique de l’édition italienne, Giangiacomo Feltrenili, qui a soutenu la révolution algérienne en publiant la plupart des écrits qui était censurés en France durant la période coloniale.
Si la littérature a eu la part belle durant cette manifestation comme à l’accoutumée, le livre inhérent à l’histoire et à la mémoire a également était présent. Le Tome 2 des mémoires de Lakhdar Bentobal et le Tome 2 des Mémoires de Sadek Hadjeres portant sur la crise de1949 qui a secoué le PPA-MTLD, ont été les deux livres d’histoire les plus demandés. Il y a également le beau-livre fait par Kamel Daoud et Raymond Depardon, Son œil dans ma main, qui a fait parler de lui.
Dans le livre politique, c’est incontestablement Révolution du 22 février. Du miracle au mirage de Saïd Sadi ainsi que Mon islam, ma liberté de Kahina Bahloul, première femme imame en France, qui ont fait l’évènement.
Dans le domaine de la littérature, la réédition de quelques livres de Yasmina Khadra par Casbah, la sortie des derniers romans de Anouar Benmalek, Hakim Laâlam, Akli Tadjer, Lamine Benallou, Amin Zaoui, Bachir Mefti, etc., ont reçu un accueil chaleureux de la part du public et confirment, une fois de plus, l’intérêt toujours grandissant des Algériens pour les belles lettres.
Il y a matière à engager une réflexion de fond sur la pérennité, l’adhésion populaire et le succès commercial d’un événement organisé dans un pays où la vie culturelle s’est éteinte progressivement depuis la fin des années 80. Les scènes théatrales, les salles de cinéma ou même les galas artistiques qui composaient une partie importante de la vie citadine algérienne disparaissent dans une société qui ignore la vie collective après le crépuscule. Exception qui confirme la règle dans ce marasme, le SILA survit. Des études sociologiques méritent d’être consacrées à ce phénomène.