mardi, novembre 28, 2023
International

PRÉSIENTEILLE FRANÇAISE : ELECTION PIÈGE

Le deuxième tour de l’élection présidentielle française qui commence sur les chapeaux de roues risque de se jouer autant sur l’irrationnel que les offres politiques des deux compétiteurs. Le tout sauf Le Pen ou tout sauf Macron risque de reléguer au second plan les aspects programmatiques des deux candidats.

Outre les visites de proximité, les deux adversaires multiplient les sorties sur des registres différents pour compenser leurs handicaps respectifs. Procès en incompétence pour Marine le Pen et verticalité méprisante pour Macron sont les paramètres sur lesquels peut se déterminer le scrutin du 24 avril.

Ce mercredi, la candidate du Rassemblement national s’est essayée avec une surprenante assurance à l’exercice de présentation de la nouvelle diplomatie française qui propose de renouveler à travers le monde les paradigmes de la France multipolaire pour privilégier la relation bipolaire. Pendant plus d’une heure, elle a déroulé avec calme et concentration des axes réaffirmant les déclinaisons définissant une diplomatie prônant « indépendance, équidistance et constance ».

Le ton mesuré et la reconnaissance de traditions et actions positives des gouvernements précédents ont conféré à l’exercice un éclairage que l’on n’attendait pas forcément d’une femme longtemps confinée dans l’entretien des peurs migratoires et des terreurs sécuritaires. Les premiers commentaires de la presse meanstream ayant suivi cette prestation restent dubitatifs ; on aurait tort pourtant de sous-estimer la maitrise affichée sur ce domaine par une dirigeante qui a déjà gagné la bataille de l’opinion auprès des couches populaires et de la paysannerie. Et contrairement à ce que se plaisent à suggérer ces médias, il n’est pas dit que l’incident provoqué par la militante écolo-gauchiste qui a fait irruption dans la conférence de presse ait pénalisé la candidate Le Pen. De son côté, le candidat-sortant tente d’aller « au contact » pour s’immerger dans les terres hostiles au macronisme comme le nord. Pour l’instant, les interpellations l’ont renvoyé à ses petites phrases – dont celle qui le poursuivra pendant toute la campagne, « emmerder les anti vaccs » -, avec lesquelles il essaie tant bien que mal de faire de l’explication de texte. Mais pour lui aussi, un accident de parcours est vite arrivé.

Les soutiens de la classe politique lui sont majoritairement favorables. Precresse, Jadot, Hidalgo ou Sarkozy et Jospin ont appelé à voter pour lui. De même le MEDEF, organisation patronale française, a validé le programme Macron tout en prévenant que celui de Marine Le Pen conduirait à « un décrochage » du pays. Ces appuis comptent mais dans le climat de colère extrême qui occulte la raison et la nuance, ils peuvent tout autant constituer un phénomène de rejet auprès des catégories populaires, celles qui se sont abstenues ou qui ont voté Le Pen ou Zemmour. Or, pour partie au moins c’est le taux d’abstention qui décidera qui sera le futur président français. Le chef de l’Etat a l’avantage de la fonction et un bilan économique plutôt satisfaisant eu égard, notamment, au recul du chômage, mais sa concurrente a adroitement préempté le pouvoir d’achat, premier sujet de préoccupation d’une majorité de Français.

Les deux dossiers qui ont accaparé la campagne d’avant premier tour, la guerre en Ukraine et le grand remplacement sont désormais effacés par des questions plus domestiques. Du moins pendant les premiers jours de l’entre deux tours. Pour ce qui les concerne, les Français d’origine nord-africaine ne se sont pas plus mobilisés pour cette élection que pour les précédentes. Au Maroc moins de la moitié des 80.000 inscrits (45%) se rendus aux urnes. Ils étaient encore moins nombreux en Algérie et en Tunisie. Mélenchon qui est arrivé en tête au Maroc où il est né et en Algérie a été, par contre, distancé par Macron en Tunisie. En revanche, le candidat de la France Insoumise a confirmé son avantage dans les banlieues de l’Ile de France.

Quel que soit le résultat de son score le 24 avril prochain, Marine Le Pen aura fait passer son mouvement d’une formation-trublion dirigée par un père acariâtre au rang d’acteur politique majeur qui a effacé la droite républicaine de la scène française et siphonné l’électorat communiste avant d’installer son courant comme le porte-voix des humbles. Pareille énergie appelle plus d’attention que celle que lui réservent les analystes des plateaux de télévision.

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