mardi, novembre 28, 2023
Économie

ALGÉRIE. ZONES FRANCHES, LE SERPENT DES MERS

Véritable miroir aux alouettes, le projet de création de zones franches vient d’être relancé ce mardi par le ministre du commerce Kamel Rezig. Lors d’une séanceprésidée par M. Smaïl Kouadria, responsable de la Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie et de la planification à l’Assemblée populaire nationale (APN),et à laquelle a participé la ministre des Relations avec le Parlement, Basma Azouar, M. Rezig a présenté le projet de loi encadrant la mise en place des zones franches commerciales. Détaillant sa proposition, il a annoncé la création d’une entreprise dédiée à la gestion de ces zones, dénommée “Société algérienne des zones franches” et l‘installation d’une Commission nationale des zones franches commerciales, qui dépendra du ministère du Commerce. 

Selon le ministre, le projet de loi, incitatif en matière fiscale et douanière, ambitionne de favoriser l’investissement, de stimuler et de diversifier la production de l’économie nationale avec pour objectif essentiel l’augmentation des exportations afin de réduire la facture des importations.

Mais les autorités espèrent également que la création de zones franches avec les pays africains voisins permettra de résoudre ou au moins de limiter les effets de la contrebande, véritable fléau qui gangrène l’économie du pays. Des villes comme Tadjenant (est du pays) se sont spécialisées dans l’écoulement de marchandises importées frauduleusement causant de graves préjudices à la production nationale et au fisc. 

Il est difficile de savoir si cette nouvelle annonce va aboutir, sachant que d’autres initiatives portant sur le même sujet ont jusque-là toutes avorté. Une opinion largement répandue n’hésite pas à mettre sur le compte de puissants lobbies du commerce parallèle ces entraves. Embrassant des milliards de dinars, des secteurs comme l’informatique, la téléphonie mobile ou le textile que se répartissent des groupes d’influence islamistes – frères musulmans ou salafistes – sont des activités où se recyclent l’argent octroyé par l’islamisme international ou celui récupéré pendant les années 90. 

Cette nouvelle proposition laisse dubitatifs les agents des milieux financiers privés et publics. Pour ce cadre du ministère des finances qui a requis l’anonymat « Ce n’est pas maintenant que les islamistes et assimilés sont majoritaires au parlement que les zones franches vont voir le jour ».  Désabusé, notre interlocuteur ne manque pas d’ajouter que « Lorsque des bureaux de change parallèle qui spéculent sur la monnaie nationale ouvrent à quelques pas des commissariats de police, on peut douter de la volonté de mettre de l’ordre dans l’activité commerciale ».  

Pour rappel ; la ratification de l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) doit entrer en vigueur le 1er juillet 2022. Cet accord qui implique 54 pays porte sur un marché de 1,2 milliard d’habitants avec un produit intérieur brut (PIB) de 2.500 milliards de dollars US. 

Partager avec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Advertisment ad adsense adlogger