mardi, novembre 28, 2023
Politique

VIOLENTE DIATRIBE D’ALGER CONTRE L’ESPAGNE

Difficile de savoir qui va arrêter l’ire d’Alger contre l’Espagne. Ce mardi, l’agence de presse officielle algérienne, APS – naguère connue pour son style allégorique et langue de bois – signe une dépêche contre le ministre espagnol des Affaires étrangères Albares qui fera partie des reliques des annales des polémiques journalistiques.

« Diplomate indigne de ce grand pays méditerranéen et de son grand peuple qui a toujours inspiré le respect ». Ministre « entré en diplomatie par effraction et jamais à cours de maladresses (…) sentiment de tristesse face au caractère grotesque du spectacle diplomatique de ce personnage aux allures contrastant avec les illustres diplomates et ministres des Affaires étrangères de l’Espagne a inscrits ( sic) dans le panthéon de la diplomatie internationale (…) burlesque de ce quidam qui s’est vu confier la lourde tâche de conduire la politique étrangère du Royaume d’Espagne », l’APS ne trouve pas de mots assez durs pour vilipender un ministre dont « l’histoire ne retiendra pas grand-chose d’Albares, car rien de grand ne naît de la petitesse ».

L’origine immédiate de cette diatribe est l’annonce de possibles rétorsions de l’Union européenne contre l’Algérie si cette dernière contrevenait à ses obligations contractuelles à la suite de la suspension du traité d’amitié et de coopération décidée par Alger le 8 juin. 

Certes, cette charge particulièrement fleurie émane de l’agence de presse officielle et non du ministère des Affaires étrangères qui a réagi contre les déclarations du représentant de l’UE par un communiqué ferme mais dont les termes restent convenables ( voir adn-med du 12 juin ), mais il est de notoriété publique que l’APS est la voix officieuse du pouvoir algérien sinon de ses clans les plus puissants. 

On note depuis quelques mois une nette dissonance entre les propos des départements ministériels et ceux de l’agence de presse, réputée être proche des services de renseignements algériens. Cette différence de ton voire de fond était déjà apparue à l’occasion de la polémique née au mois de janvier entre l’Algérie et la banque mondiale à la suite de la publication du rapport de cette dernière institution sur l’économie algérienne. Le premier ministre Aïmène ben Abderrahmane qui avait tenté de modérer l’outrance de la dépêche de l’APS fut alors sèchement rabroué par le président du sénat qui avait repris à son compte les très peu diplomatiques accusations de l’APS.

Un diplomate d’Europe centrale qui avoue son étonnement devant tant de saillies verbales, rapporte que ce double langage intrigue les chancelleries qui se perdent en conjectures quant à la question de savoir si l’on est face à de vraies divergences dans les centres de décision ou en présence d’un jeu de rôle où l’Algérie exprime par l’APS son exaspération dans des termes excessifs voire outranciers pour signifier sa détermination à ne pas évoluer sur le dossier en cause. 

Il est difficile de mesurer l’impact de cette stratégie de l’excès verbal. Toujours est-il que l’Espagne qui devait participer aux exercices de l’African Lion 2022, qui se déroulera au Maroc du 6 au 30 juin, vient d’annoncer son retrait de cette opération militaire qui regroupe 13 pays partenaires dont les États-Unis, la France, l’Italie, la Grande Bretagne, Les Pays-Bas… 

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