TUNISIE : LA LOI ÉLECTORALE DÉCRIÉE
La nouvelle loi électorale, modifiée par décret présidentiel, publiée au journal officiel de la République tunisienne, JORT ce 15 décembre, annonçant les procédures devant régir les élections législatives fixées pour le 17 décembre 2022 ne pas l’unanimité, loin s’en faut.
Scrutin uninominal, il est fustigé par une dizaine d’association féminines qui dénoncent la non parité de la loi qui fera la part belle aux candidats disposant dans leur circonscription de relais sociaux et de moyens financiers importants dont seules les grandes bourses peuvent bénéficier.
Dans un communiqué commun l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’association Beity, l’association Aswat Nissa, l’association Tawhida Ben Cheikh, l’Association des Femmes Tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD), l’Association femme et citoyenneté du Kef, l’association Amal pour la famille et l’enfant, l’association Joussour de citoyenneté du Kef, l’association Calam et la Ligue des électrices tunisiennes relèvent également la contradiction qui fait de la parité une obligation pour les parrainages et non pour les candidatures, réduisant ainsi la femme à une fonction de décoration.
Par ailleurs, cette loi qui stigmatise les binationaux fait également l’objet de violentes attaques puisqu’un Tunisien né de père ou de mère étranger ne peut se porter candidat à la députation dans une circonscription située en territoire tunisien, alors qu’il peut candidater pour tente d’enlever l’un des sièges réservés aux Tunisiens de l’étranger quand bien même ne serait-il jamais sorti du territoire national. Pourquoi déchoir de ses droits civiques un citoyen uniquement au motif qu’il a un parent étranger alors qu’il vit en Tunisie, y travaille, y paie ses impôts et qu’il n’a jamais fait l’objet de condamnation ? s’étrangle un jeune juriste qui pose d’ailleurs la question de la constitutionnalité de cette disposition.
Cette loi qui durcit les sanctions contre les fraudes et interdit tout financement étranger vise en réalité à réduire les influences des partis dans le futur parlement considérablement affaibli devant le pouvoir exécutif.
Plusieurs voix dont celles de nombreux partis politiques avaient annoncé l’idée d’un boycott pour disqualifier par l’abstention les élections législatives. Sauf que la faiblesse du taux de participation (moins de 30%) du référendum constitutionnel ne semble pas gêner outre mesure un président décidé à imposer son agenda à une opposition fragmentée et qui peine à faire émerger une figure à même de rassembler une opinion publique qui voit la Tunisie sombrer dans la précarité et l’instabilité politique.