L’EUROPE BASCULE À DROITE : QUEL IMPACT SUR L’ADN ?
Giorgia Meloni est une femme de 45 ans aujourd’hui aux portes du pouvoir. Elle se définit comme une mère de famille, une chrétienne et une nationaliste italienne. Elle fut dans sa jeunesse une adepte de Mussolini avant de s’en démarquer plus tard. L’accusation de femme nostalgique du fascisme qu’agitent ses adversaires ne semble pas avoir atteint cette militante déterminée mais qui sait se pondérer sans pour autant renoncer à ses convictions conservatrices. Sur la question ukrainienne, par exemple, Meloni qui se tient aux côtés de Kiev se distingue des ambiguïtés pro-poutiniennes qui caractérisent les autres courants de la droite radicale européenne.
La jeune dirigeante a fait le choix de rester résolument dans l’opposition depuis 2018 pour construire son parti, Fratelli d’Italia, qui est passé en quatre ans de 4,3% des intentions de vote à un score oscillant entre 22 et 26 % selon les premiers sondages sortis des urnes, pour devenir, après les élections de ce dimanche 25 septembre, la première formation italienne.
Le centre gauche, rassemblé derrière le parti démocrate obtiendrait 25,5 à 29,5 % des voix, alors que le mouvement populiste 5 étoiles doit se contenter d’un score allant de 13,5 à 17,5%.
Bascule historique
La forte abstention annoncée n’a pas eu lieu et, sauf rebondissement peu probable de dernière minute, Meloni dirigera le prochain gouvernement italien. Pugnace et travailleuse, la jeune femme a réussi à sensibiliser les couches populaires sans s’aliéner les classes moyennes. Ces derniers mois, elle s’est employée à lisser son euroscepticisme qui hérissa les milieux d’affaires qu’elle n’a eu de cesse de rassurer. Vis-à-vis de l’UE, les observateurs attendent avec une certaine gourmandise le match qui se jouera entre Ursula Vander Leyen et Giorgia Meloni, deux femmes aux caractères bien trempés.
Après la Suède, désormais dirigée par un gouvernement d’extrême droite, c’est l’Italie qui prend un virage à droite avec le trio Meloni, Salvini et l’inoxydable Silvio Berlusconi.
Pologne, Hongrie, Suède et maintenant Italie, l’Europe assume son tropisme droitier, la gauche essoufflée n’ayant pas pu ou voulu voir les conséquences d’une problématique migratoire qui hante des franges importantes des populations, lesquelles voient leur mode de vie perturbé par l’insécurité et même, pensent certains, menacé dans ses fondements civilisationnels.
En Espagne, les prochaines législatives prévues en décembre 2023 peuvent être remportées par une coalition droite-extrême droite.
Reste la France. Le Rassemblement national, déjà requinqué par son succès aux législatives, peut surfer sur la victoire du voisin transalpin. Combien de temps tiendra le tout sauf Le Pen ?
L’Afrique du nord amorphe
La vie des populations émigrées, les flux migratoires, les relations commerciales et diplomatiques, et, plus généralement, les positionnements géostratégiques connaitront des bouleversements auxquels les partenaires de l’Europe doivent se préparer.
Assez curieusement, le mouvement tectonique en cours ne suscite pas de débat particulier en Afrique du nord, zone de proximité européenne qui ne manquera pas d’enregistrer les impacts des décisions qu’auraient à prendre des gouvernements ultra-nationalistes.