RELATIONS ALGÉRO-FRANÇAISES : QUELLES SUITES AUX DÉCLARATIONS ?
La moitié du gouvernement français s’est déplacée à Alger avec Elisabeth borne qui effectuait son premier voyage à l’étranger. Quarante jours après la visite du chef de l’État français, ce voyage ne passe pas inaperçu. Le dépôt d’une gerbe de fleurs aux monuments des martyrs et le recueillement au cimetière chrétien de Bologhine (ex Saint Eugène) invitent à décrisper les passions mémorielles qui pèsent depuis 1962 entre les deux pays. L’entêtement à vouloir construite une mémoire commune, chère à Benjamin Stora, risque cependant de tourner court car les deux peuples ont vécu et continuent de vivre de façon différente la guerre qu’ils se sont faite, ce qui est bien normal. Pour l’instant on assure que la commission mixte chargée de travailler sur ce dossier va être incessamment mise sur pied. « C’est au moment où il faudra travailler ensemble que les difficultés vont commencer » avertit cet universitaire qui collabora longtemps à l’institut de l’immigration français.
La crise ukrainienne qui a provoqué des tensions drastiques sur le marché du gaz a remis l’Algérie au-devant la scène internationale après les turbulences de l’insurrection de février 2019. La France jure que le potentiel énergétique de son ancienne colonie ne figure pas parmi ses premières préoccupations. Qui peut vraiment le croire ? Les séances rassemblant les ministres en tête à tête ou les groupes de travail veulent banaliser les rapports algéro-français en leur assignant des ordres du jour concrets. 12 accords de coopération industrielle, technologique, éducative et culturelle, ont été signés. L’AFP relèvent cependant « qu’une majorité s’avère toutefois être des déclarations d’intention ».
Par ailleurs, la question des visas comme celle des rapatriements des ressortissants algériens condamnés par la justice française ne semblent pas avoir avancer de façon substantielle.
Il est bien trop tôt pour s’avancer à dire ce que seront les relations algéro-françaises. En plus de la tension qu’elle induit sur le marché des hydrocarbures, la crise ukrainienne commande de détourner le regard sur les violations de droits de l’homme commis par un régime algérien obnubilé par le modèle du système turc dont les prétentions et les manœuvres politiques hérissent les pays occidentaux à commencer par la France.
Macron comme Tebboune ont pour l’instant intérêt à mettre le couvercle sur les sujets qui fâchent. Pour combien de temps ?