

Éditorial
SOMMET ARABE : LES AMBIGUITÉS D’ALGER
Le pouvoir algérien aura tout fait pour donner du sens à une rencontre dont il attend renaissance interne et reconnaissance internationale. En faisant coïncider la tenue de ce sommet avec le 1er novembre, Alger vise au moins deux choses : asseoir son autorité au plan national en replongeant le pays dans le panarabisme pour se déconnecter de la perspective nord-africaine – où il voit des évolutions peu conformes aux dogmes unicistes du tiers-mondisme qui lui sont toujours chères -, après avoir été sérieusement secoué par un mouvement citoyen qui n’a pas su trouver en son sein les énergies et les intelligences à même de concrétiser l’alternative démocratique qu’appelait et qu’attendait la rue. Ceci pour l’aspect domestique. Il n’est cependant pas inutile de considérer les arrière-pensées internationales qui structurent les calculs algériens. Les reconfigurations géopolitiques qui se profilent avec la guerre de l’Ukraine et qui ne manqueront pas d’affecter le Sud sont déjà un sujet de luttes sourdes où s’opposent deux visions diamétralement opposées.
La volonté algérienne de recréer un nouveau Front du refus prend appui sur la radicalité palestinienne qui anime toujours le HAMAS, lequel s’emploie à monter les surenchères pendant que l’Autorité palestinienne peine à faire admettre une voie plus réaliste, piégée qu’elle est autant par ses concurrents de Ghaza que les faucons israéliens qui disqualifient les tentatives de compromis laborieusement esquissées par la gauche et une partie des élites intellectuelles de l’État hébreu.
Face à la volonté de réanimer le souffle panarabiste des années 70 inspirée par l’Algérie – qui a satellisé la Tunisie -, émerge une autre perspective à laquelle travaillent l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe : une projection plus libérale de la zone couverte par les pays de la Ligue qui associerait Israël sous conditions que celui-ci apporte une traduction convaincante de l’idée de la construction de deux États. Cette option rallie on l’a dit Riyad, les Émirats du Golfe mais aussi l’Égypte et le Maroc. On peut y ajouter le Liban qui vient de signer un accord de délimitation de sa frontière maritime avec Tel Aviv qui veut voir dans ce pacte une reconnaissance de fait d’Israël.
Au regard du nombre et de l’importance des nations qui y souscrivent, cette deuxième alternative devrait aisément l’emporter. Rien n’est moins sûr.
D’une part, le libéralisme économique sur lequel tablent les partisans de la pax arabica tarde à trouver ses déclinaisons politiques. En dépit de certaines audaces juridiques et de réelles avancées sociétales enregistrées en Arabie saoudite, les archaïsmes y demeurent encore lourds et ce ne sont pas les abus d’autorité qui étouffent l’Égypte qui donneront plus de crédit aux ouvertures promises par les promoteurs d’un Moyen Orient intégré et qui ne serait plus constitué de protectorats des USA pour certaines de ses composantes et des parcelles d’influence russe ou chinoises pour d’autres. Par ailleurs, et ce n’est pas un moindre problème, leurs concurrents n’auront qu’à souffler sur les braises du ressentiment pour faire flamber la rue arabe, le populisme ayant toujours une longueur d’avance quand il faut mobiliser des foules conditionnées à voir dans leur déclin les résultats des méfaits de l’étranger et non la conséquence de la gouvernance de leurs dirigeants.
Pour autant, le camp mené par l’Algérie n’est pas en meilleure posture. Alger qui se félicite d’avoir réussi à mettre en contact les deux factions rivales palestiniennes interdit à tout pays ou groupe de pays de la Ligue de prendre l’initiative d’une intercession entre elle et Rabat. Cette politique manque de cohérence et affecte, par ricochet, la sincérité de la démarche entreprise en direction des Palestiniens. Du coup, les accusations de manipulations de la cause palestinienne fusent et nul doute que cette contradiction pèsera, si ce n’est déjà fait, sur le niveau de représentation des participants et la nature des résolutions du sommet.
Pourtant, l’hyperactif Lamamra n’a pas ménagé sa peine. Il a réussi à réveiller l’intérêt de gouvernements qui avaient désinvesti une Ligue qui valait plus par les polémiques et les invectives qui polluaient ses débats que par des propositions réalistes et consensuelles ; il a fini par rapprocher des points de vue divergents voire franchement hostiles et rationnalisé au mieux les préparatifs pour prévenir les couacs et les mésententes de dernière minute.
Cette débauche d’énergie sera-t-elle suffisante pour faire oublier le fait que sous les appels au rassemblement couvent deux projets antinomiques et qui portent sur rien moins que la façon de se projeter dans le monde de demain ?
On n’est jamais aussi sûr de compliquer un problème qu’en le niant. Or, pour l’instant, aucun des deux protagonistes ne veut assumer ses méthodes et avouer ses objectifs.

Quelques minutes après l’annonce du rejet des deux motions de censure déposées par l’opposition, des groupes de manifestans, souvent infiltrés par des bandes de casseurs, sont sortis un peu partout en France pour crier leur colère. Auparavant, des permanences de parlementaires furent saccagées. On a quelques raisons de considérer qu’il ne s’agit là que du début d’une séquence fièvreuse sur laquelle ne manqueront pas de surfer les extrémistes de droite et de gauche. La loi populiste que nous connaissons bien au sud est solidement installée en France : si ce n’est pas mon opinion qui passe, je casse
Un parlement dégradant
Au train où vont les choses, on serait presque heureux, nous, Tunisiens, Algériens et Marocains des vivre sous les régimes despotiques qui nous éreintent. Car, si l’on observe les choses sous l’angle de la pédagogie de la régression, force est de constater que la France apprend vite.
Ce lundi, il n’a manqué que neuf petites voix à une opposition que tout divise mai soudée par la haine de Macron pour que la motion de censure initiée par Liot ( Liberté, indépendants, Outre-mer et territoires ), un groupe du centre-droit, ne renverse le gouvernement Borne. Mais outre ces préoccupantes données arithmétiques, c’est la façon dont s’est déroulée la contestation dans l’enceinte parlementaire qui laisse présager des lendemains funestes pour la vie politique française.
Le parti socialiste français, où ce qu’il en reste, pérore autant qu’il le peut pour mériter la condescendance mélanchonienne et, symétriquement, les Républicains guettent le satisfécit de la bienveillance lepéniste. Du reste, le jeune président du Rassemblement national, RN, Jordan Bardela a bien fait savoir qu’en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, il garantissait la survie aux députés LR dociles en ne leur mettant pas de candidature concurrente RN dans leur circonscription. Argument imparable auquel ont été sensibles 19 députés républicains qui ont voté la motion de censure de Liot et même, du moins pour certains d’entre eux, celle déposée par le parti de Marine Lepen. A gauche, et sitôt le vote défavorable à l’opposition connu, Jean Luc Mélanchon – qui n’admet toujours pas que la France se soit refusée à ses fulgurances -, appelle à « la censure populaire en tout temps et toute circonstance ». Les survivants socialistes regardent le bout de leurs souliers, de peur de subir les foudres d’un robespierriste plus revanchard que jamais.
Espèces en voie d’extinction, les partis de Jaurès et de Gaule subsistent à la marge de la vie politique, tolérés par des tuteurs extrémistes qui consentent à leur laisser aspirer quelques bouffées d’oxygène avant de leur remettre la tête dans le marigot populiste. Insultes, anathèmes et menaces de la France insoumise ont hanté l’hémicycle pendant que les députés du Rassemblement national, devenus les arbitres des élégances, comptaient les points. France lunaire où les médias qui ont trop longtemps confondu le devoir d’informer et le droit de faire les lois sinon les rois perdent le nord. Devant ces violences endémiques, les commentateurs de télévision, attendant de voir venir, détournent les regards quand ils ne les justifient pas par le « mépris » d’un président désormais ciblé personnellement.
Le spectacle donné par la représentation nationale française marquera les esprits. Il n’a rien à envier aux empoignades observées dans certains de nos parlements quand les combinazziones des parrains n’ont pas dissous en amont les querelles d’égo et les appétits prébendiers. Vue du sud, la France s’installe dans la décadence. Et paradoxalement, c’est au moment où elle lui ressemble le plus qu’elle y est progressivement décriée, marginalisée et déclassée au profit de la sulfureuse protection russe, du vorace négoce chinois ou du ténébreux bazar turc.
Un pouvoir inaudible
Couvertes par les quolibets et les invectives des députés insoumis, les interventions de la première ministre furent inaudibles. Ses arguments avaient pourtant leur logique. La France ne peut pas continuer à travailler moins que tous ses voisins européens. Son économie ne survivrait pas à cette paresse. Au sud nous connaissons bien ces situations où la parole d’un régime usé et discrédité ne parvient plus à imprimer, même quand elle est portée par le bon sens, même quand elle offre de pieuses vérités ou des solutions réalistes. Les esprits conditionnés à entendre les surenchères et les appels à la vengeance demandent du sang. N’a-t-on pas décapité la momie d’Emmanuel Macron ? Et quand ce genre de dynamique s’enclenche, la raison n’a plus de place. Certains expliquent cette défiance par la fougue et la suffisance d’un jeune chef d’Etat qui a prétendu faire table rase du passé. Les arrogances et l’agaçante impulsivité d’Emmanuel Macron qui a voulu ignorer voire rabaisser les corps intermédiaires n’ont certainement pas arrangé les choses. L’humiliation infligée à un Jean louis Borloo qui ne demandait qu’à apporter sa part de générosité et d’humanité à une démarche spartiate ou la porte claquée devant Laurent Berger, homme de compromis s’il en est, furent autant de maladresses voire de fautes qui ont brouillé la vision réformatrice d’un Emmanuel Macron pressé et égotique. Mais le mal français a des origines plus profondes que l’hubris d’un jeune homme arrivé au pouvoir par effraction. Le pays a mal à lui-même. Au sud nous connaissons bien cette maladie. Quand trop d’espoirs sont déçus, l’avenir est écrit par le désespoir.
Les résultats obtenus, si positifs soient-ils, ne se voient plus. Le réel compte moins que la frustration. En France, le chômage baisse ; malgré la grisaille du climat social, le pays attire les investisseurs, les touristes reviennent et, dans une Europe inquiète, la voix française est écoutée et attendue. En dépit de ces signaux, une majorité de citoyens préfère entendre la minorité qui parle aux pulsions de mort.
Dans cette dérive mortifère, l’islamise n’est pas inactif. Il soutient pour ensuite les prendre en otage les forces éruptives qui peuvent perturber ou, pourquoi pas, pulvériser l’ordre des Infidèles ou souffle sur les braises du communautarisme afin de consolider les citadelles du ressentiment.
Une période de turbulences arrive en France. Le président Macron n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est confronté à l’adversité. La fougue et l’audace qui lui ont permis de surmonter la crise des gilets jaunes suffira-t-elle à ramener le calme ? Et quand bien même y parviendrait-il, cela freinerait-il la forte inclination de la nation à se précipiter encore plus dans la voie de la tiers-mondisation ? Au sud, nous pensions être les dépositaires exclusifs et les meilleurs producteurs de cette capacité à entretenir le pire en soi. Il faut croire que les Français tiennent à nous imiter sinon nous dépasser.

Cette fois, c’est Maroc-Hébdo qui a déclenché les hostilités dans son édition du 2 au 8 mars. Ce média, qui a ses équivalents en Algérie quand il faut houspiller le Maroc, est coutumier des polémiques plus ou moins triviales accablant le régime algérien. Depuis le début du mois sa fracassante publication envahit le net.
Le fantasme du Grand Maroc
Ce titre a publié un article agrémenté d’une carte où la directrice des archives royales, Bahija Simou, invitée par le forum de la très officielle agence MAP, expliquait que le Sahara occidental comme le Sahara oriental, où elle incluait la région d’Adrar, ont, jadis, fait partie du Maroc. Elle invite à consulter des parchemins, dont certains remontent au Haut Moyen Age, pour confirmer ses allégations. Le dossier qui n’a rien d’une étude académique où un chercheur remonterait le temps pour établir les fluctuations territoriales que peuvent avoir connues diverses nations est aussitôt repris par tous les sites marocains dédiés à la propagande. Les supports comme la conjoncture choisis visent bien à relancer la thèse du Grand Maroc chère au Makhzen et dont le parti de l’Istiqlal assume d’être le maitre d’œuvre. Pour autant, letselon plusieurs commis de l’Etat, les us et coutumes protocolaires dictaient aux hauts dirigeants algériens de ne pas se laisser aspirer dans la polémique de Maroc-hebdo, tant que les membres du gouvernement du royaume chérifien ne s’étaient pas exprimés sur le sujet.
En effet, et on ne le répète pas assez, les régimes algériens et marocains ont signé à Rabat en 1972 une convention relative au traité de la frontière d’État établie entre le Royaume du Maroc et la république algérienne, laquelle fut préparée par le traité d’Ifrane du 15 janvier 1969 et la déclaration de Tlemcen du 27 mai 1970. Ladite convention fut ratifiée par l’Algérie dès 1973 avant d’être suivie par le Maroc en 1992. Il restait à solder une quarantaine de kilomètres concernant la frontière séparant l’Algérie et le Sahara occidental mais, pour l’essentiel, la question des frontières entre les deux États a déjà bien avancé sur des bases consensuelles et crédibles. Cet acquis n’a pas empêché le cycle infernale des vitupérations de rebondir.
Une opportunité pour Alger
C’est par la voix du président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boughali, et en quels termes ! que réagi l’Algérie à Maroc Hebdo : « le régime du Makhzen tente, comme à son habitude, de parasiter notre pays et de vendre ses visées expansionnistes. Je leur dis que l’Algérie est protégée par le sang des martyrs et est hors d’atteinte des comploteurs et leurs relais »
Ce mercredi, c’est au tour de Saïd Chengriha, le chef d’état-major de l’armée algérienne de monter au créneau lors d’une visite effectuée à la 6éme région militaire ( Tamanrasset, grand sud algérien ) pour avertir que « ces divagations ont atteint un seuil intolérable » avant de menacer que le peuple algérien est déterminé « à dissuader quiconque qui oserait fouler ne serait-ce qu’une infime parcelle de sa terre bénie ou tenterait de porter atteinte à sa souveraineté nationale » Se faisant encore plus insistant il invite « ces conspirateurs ( qui ) devraient savoir que le vaillant peuple algérien, lié corps et âme à son armée et ses forces de sécurité, et pleinement conscient des instigateurs de ces plans perfides, saura en temps opportun mettre en échec leurs complots et déjouer leurs visées »
La réplique de Chengriha alimente une escouade de blogueurs marocains qui se déchainent contre le militaire algérien. La vis sans fin est enclenchée.
Diversions
Cette guerre médiatique est assez usuelle. Et chaque camp se sert de la partie adverse pour capter l’attention de son opinion publique, distraite ou braquée par un sujet qui met en cause les officiels. Et en la circonstance, les deux pouvoirs connaissent des passes difficiles. Tensions économiques pour le Maroc et instabilité politique pour son voisin de l’est.
Mais à l’inverse d’Alger où des responsables de premier plan s’invitent dans ces joutes belliqueuses, les dirigeants marocains prennent le soin de rester en retrait.
Pour cet ancien diplomate algérien, la réaction d’Alger est inappropriée : « Tomber dans ce genre de provocation n’est pas très bon. Alger aurait pu, lui aussi, actionner les médias dédiés à l’invective marocaine, et il y en a, pour éviter d’impliquer ses institutions. » L’ancien fonctionnaire qui a servi en Italie estime que le sujet pouvait être démonté intelligemment quant au fond : « A suivre les parchemins qui dorment dans les tiroirs des bibliothèques, bien des frontières seraient pulvérisées. Le royaume de Tombouctou effacerait les pays du Sahel, Nice devrait être restituée à l’Italie, la Hongrie absorberait l’Autriche ou réciproquement et l’Afrique entrerait dans des turbulences inextricables. » Notre interlocuteur ne s’explique pas la fébrilité algérienne devant de grossières manipulations que ni l’opinion ni les institutions internationales ne peuvent entendre.
Alors pourquoi la répétition de ces manœuvres désuètes ?
La communauté internationale arbitre
Sauf grave dérapage, un affrontement armé entre l’Algérie et le Maroc n’est pas envisagé par les chancelleries. Dans un entretien accordé le 11 janvier à l’écrivain Kamal Daoud, Emmanuel Macron cible « la volonté de guerre chez certains » sans nommer quiconque mais ajoute : « La question est importante. Je ne veux pas le croire, le penser. Parce que ni l’Algérie ni le Maroc ne sont des puissances irrationnelles. » Traduit en clair, cela vaut dire que dans les deux pays, il y a des groupes d’intérêt qui pourraient être tentés d’en découdre mais que les vrais centres de décision savent que pour des considérations nationales et internationales un conflit armé en Afrique du nord ne serait pas toléré par les grandes puissantes. Des sources bien informées assurent que Moscou a assuré Rabat que la Russie ne provoquerait pas une rupture d’équilibre dans la région par une fourniture d’armes inconsidérée à l’Algérie. De même, les USA, dont la sous-secrétaire d’Etat chargée du contrôle des armements et de la sécurité internationale a effectué une visite à Alger du 5 au 7 mars, veillent à ce que leur allié marocain ne dispose pas d’une trop grande avance par rapport à son adversaire. Il demeure l’épineux problème des technologies israéliennes qui confèrent un avantage certain à Rabat en matière de renseignement.
Depuis plusieurs années, les deux pays se livrent à un réarmement qui ruine toute possibilité d’investissement sur la durée qui permettrait de projeter de vraies politiques de développement. Le Maroc veut sécuriser des choix géopolitiques concrétisés par les Accords d’Abraham. De son côté, le régime algérien inquiet des nouveaux choix géopolitiques de Rabat a besoin de muscler son armée ( voir adn-med du 07/11/2022).
Polisario : Alger peine à convaincre le citoyen
Pour s’épargner une secousse semblable à celle qui a failli l’emporter en Février 2019, le pouvoir algérien a remis en tête de gondole la cause palestinienne et le dossier du Sahara occidental. Cela dit, sur ce dernier point, l’armée algérienne peine à faire partager à son opinion publique la guerre par procuration qu’elle mène depuis bientôt un demi-siècle. D’ailleurs, dès le début du conflit, des dirigeants emblématiques comme les anciens présidents du GPRA, Ferhat Abbas et Benyoucef Benkhedda ou Mohamed Boudiaf s’étaient publiquement démarqués de l’idée d’encourager la création de micro-États dans la région. Et le Maroc connait cette désaffection populaire pour un problème que le pouvoir se plait à présenter comme une seconde cause nationale. « La dernière campagne amorcée par Maroc Hebdo et massivement relayée sur la toile participe de la réponse du berger à la bergère. Vous voulez nous contester le Sahara occidental, nous vous chahuterons avec le Sahara oriental », interprète notre ancien diplomate.
Si l’on excepte les diversions devant détourner l’attention du citoyen sur des questions de politique intérieure, on ne trouve pas d’explications convaincantes en termes militaires et encore moins économiques à ces polémiques.
Les invectives sont si ubuesques qu’au Maroc et en Algérie mais plus encore dans la diaspora, certains esprits n’hésitent pas à avancer l’idée qu’en réalité, la sortie de Maroc-Hebdo était commanditée par le Makhzen pour donner du grain à moudre aux segments conservateurs du régime algérien avec lesquel il partage le rejet de la démocratisation dans la région. Un crypto-complotisme qui en dit long sur l’impopularité générale que soulèvent ces manipulations.
Singularité de ces guerres récurrentes, les jeunesses des deux pays restent imperméables aux slogans et réfractaires aux manipulations des deux régimes. Marocains, Algériens et Tunisiens partagent leurs enthousiasmes dans les stades quand une équipe nationale de football nord-africaine affronte une autre nation ; ils vibrent aux chansons des artistes de chacun des pays, arborent l’emblème amazigh ignoré par les officiels et…se retrouvent dans les mêmes felouques lorsqu’il il faut chercher une issue à une vie sans perspectives.
Éditorial
Relations Maroc-Israel : Benkirane provoque un mini-séisme au Maroc et agace le Palais
Une attaque inédite

Réagissant aux propos de Nacer Borita, le ministre des affaires étrangères du Maroc qui assurait la semaine dernière le commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, Oliver Varhelyi que la coopération régionale tripartite offrait des opportunités « pour le développement entre le Maroc, la Commission européenne et Israël », le secrétaire général du parti pour la justice et le développement, le PJD et ancien premier ministre, Abdallah Benkirane déclara : « Alors que l’occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre nos frères palestiniens, notamment à Naplouse, le ministre marocain des affaires étrangères apparaît comme un défenseur d’Israël ». fustige Benkirane qui ajoute : « le devoir religieux, historique et humanitaire exige de redoubler d’efforts en cette phase critique pour défendre la Palestine et Jérusalem face à l’escalade des provocations et des pratiques sionistes agressives ».
Fébrilité du Palais
L’intervention fut entendue comme une alerte au plus haut niveau de l’Etat. En tout cas, elle fut jugée suffisamment grave pour que le cabinet royal réagisse sur le champ par un communiqué s’adressant directement à l’impétrant en des termes incisifs confinant à une menace lui signifiant que « l’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable. » Signe attestant de la sévérité dont a été reçue la secousse du leader islamiste, le Palais a cru utile de rappeler les missions dévolues au monarque chérifien : « La politique extérieure du Royaume est une prérogative de Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’assiste… »
Phénomène rare dans la vie politique du Royaume, le communiqué publié intégralement par la très officielle agende MAP a cru devoir expliquer la procédure adoptée par le Roi avant l’établissement des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv :« La reprise des relations entre le Maroc et Israël a été effectuée dans des circonstances et dans un contexte que tout le monde connait. Elle est encadrée par le communiqué du Cabinet Royal du 10 décembre 2020 et celui publié le même jour à la suite de la communication téléphonique entre Sa Majesté Le Roi et le Président palestinien (…) Les forces vives de la nation, les partis politiques, ainsi que certaines personnalités de premier plan, de même que certaines instances associatives militant pour la question palestinienne, avaient alors été informés de cette décision, pour laquelle ils avaient exprimé leur adhésion et leur engagement« . Surprenante justification dans un pays où la parole du souverain équivaut à un décret.
Jusque-là, la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël avait été amortie sans grand dommage par le pouvoir marocain. Et cela pour plusieurs raisons. D’une part, cette décision fut conditionnée par la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par les USA, un sujet qui rencontre un large consensus dans le pays, d’autres parts, plusieurs nations du monde arabo-musulman avaient déjà entrepris cette démarche. Seuls quelques groupuscules d’extrême-gauche profitant de manifestations dénonçant les abus d’autorité ou l’aggravation de la paupérisation exprimaient des réserves sur les accords d’Abraham.
Surprenante audace islamiste
Pour le pouvoir, la sortie de Benkirane dont le parti connait un drastique reflux électoral est dictée par la tentation de jouer sur un sujet sensible en vue d’espérer retrouver une meilleure écoute auprès des classes populaires. Cette explication ne satisfait pas ce cadre exerçant à la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, la BNRM, un fin connaisseur des arcanes du mouvement islamiste marocain: « On peut se poser la question de savoir si la charge téméraire de Benkirane renvoie à des considérations tactiques c’est à dire électorale ou s’il y a une volonté de se lever contre le projet d’insérer le Maroc dans une géopolitique assumant la modernité, auquel cas on serait dans le stratégique qui peut avoir été inspiré après concertation dans l’internationale islamiste. L’hypothèse mérite d’être considérée car chez nous, les islamistes privilégient l’entrisme. Or l’invocation de la cause palestiniennes est généralement une manœuvre courante dans les pays musulmans quand un pouvoir ou un parti doit reconquérir une audience ou compenser un déficit de légitimité. »
Pour l’instant, la classe politique marocaine par prudence, opposition au parti islamiste ou adhésion à la démarche du Royaume observe un silence glacial après la déclaration de Benkirane.
Éditorial
FEMMES EN ADN : VIES DE TENEBRE ET ENERGIES DE LUMIERE

On peut supposer que ce 8 mars aussi, les dirigeants des trois nations d’Afrique du nord vont adresser leurs vœux aux femmes de leur pays respectifs pour célébrer leur rôle de mère, d’épouse et de stabilisateur de la cellule familiale. Un rituel qui n’engage à rien si ce n’est qu’il folklorise un peu plus et donc qu’il stérilise la date symbole d’une problématique qui conditionne le développement et l’harmonie des peuples. Qu’en sera-t-il après ?
États cercueils
Les instruments de la libération citoyenne, c’est-à-dire les politiques éducatives, culturelles et les lois et règlements qui peuvent éveiller les consciences vers l’égalité et le respect entre tous les êtres humains, et ceci indépendant de leur sexe, demeureront partout entre les mains des courants les plus conservateurs. Dans notre région, la femme est la variable d’ajustement des équilibres claniques qui se disputent un pouvoir que l’on cherche à légitimer par un sacré misogyne faute d’avoir pu le faire valider par la norme démocratique.
A regarder de près les droits des femmes dans les États d’Afrique du nord – et hormis la notable vision de Bourguiba sur ce sujet -, on mesure la vitrification dans laquelle les ont figés les régimes issus de la décolonisation. La Moudawana adoptée au Maroc ne parvient toujours pas à faire appliquer les maigres avancées concédées dans la foulée des réformes ayant suivi le décès de Hassan II. L’Algérie a, depuis l’année 1984, fait le choix de la relégation sociale et civique de la moitié de son peuple. Quant à l’exception tunisienne, elle chancelle chaque jour un peu plus. Les acquis du code du statut personnel ( CSP) fondent comme neige au soleil sous le conservatisme monomaniaque de Kaïs Saïed qui a réussi le tour de force d’introduire la charia dans la nouvelle constitution, texte qu’il a infligé à son pays après un référendum anémique.
En Afrique du nord, les institutions sont les marécages où se perdent les droits des femmes. C’est que pour les régimes oligarchiques, prêts à s’affronter sur tout et n’importe quoi, la soumission du « sexe faible » constitue un consensus fort. Ce qui nous impose de considérer les batailles livrées par nos concitoyennes avec d’autant plus d’attention, d’humilité et de solidarité.
Combats de survie
Restent les luttes sur le terrain. Ni les programmes scolaires aliénants, ni les archaïsmes de la justice ni les propagandes des médias publics prônant l’asservissement de la femme ni les mosquées livrées au charlatanisme n’ont pu éteindre les luttes féminines ; patientes, comme celles de ces mères qui veillent à ce que leurs filles continuent leurs études malgré les tabous et les oppositions ou vigoureuses comme les opérations menées par ces jeunes étudiantes qui mangent publiquement en plein ramadan ou critiquent ouvertement le Coran, ce qui s’est déjà produit au Maroc. D’autres se montrent dans la rue sans voile, essuyant les quolibets et les agressions devant des policiers débonnaires quand ils ne sont pas complices. Le travail, outil de libération et de mélange social s’il en est, est investi avec ferveur et courage en dépit d’une marge de progression contrainte autant par la tradition que le sectarisme administratif.
Ce ne sont pas les pouvoirs actuels qui travailleront à l’émancipation des femmes. Les dirigeants savent que la voix de la citoyenne fertilise la démocratie. C’est en ce sens que les actions de terrain menées par les mères, conjointes, sœurs ou filles, des plus anonymes au plus expressives, doivent être enregistrées et soutenues comme des avancées essentielles pour la société et donc pour…l’homme, lequel ne peut pas manquer de les associer à ses revendications. La libération de la femme se joue dans le parcours quotidien des premières concernées : elle doit donc se décliner dans la vie ordinaire et commencer dans chacun de nos foyers.
Certains argueront que ces luttes ne sont pas assumées par toutes les femmes. Cela est incontestable. Parfois, de guerre lasse, elles conduisent même au renoncement ou à l’exil ; cela aussi est vrai. Mais justement, la contraction des catégories qui perpétuent ce périlleux challenge, si déterminant pour notre destin collectif, nous oblige car cette pugnacité est également une précieuse pédagogie.
Pour des raisons historiques, culturelles, sociétales et géopolitiques connues de tous, la solution viable et pérenne à cette question, capitale parmi toutes, ne peut venir, du moins dans un premier temps, que de deux espaces : l’Iran ou l’Afrique du nord. Les Iraniennes ont déjà fait plus que leur part du chemin ; il faut que les engagements des Nord-africaines, les Kahina d’hier, d’aujourd’hui et de demain, soient mieux valorisés par les démocrates des trois pays d’abord et, à chaque fois que possible, appuyés par ceux du monde entier.
Le dimanche 12 février, trois jeunes femmes, une Tunisienne, une Algérienne et une Marocaine ont accompli ensemble l’ascension du mont Kilimandjaro ( voir adn-med du même jour ). Chacune a fièrement arboré son drapeau une fois parvenue au sommet. Un évènement passé sous silence par les pouvoirs des trois pays. Forcément, quand on approche le ciel, la lumière dissout les ténèbres où prospère la régression.

On a vu réaction moins cinglante dans des moments de refroidissements, par ailleurs fréquents, entre la France et le Maroc. Nos relations avec Mohamed VI « sont amicales (…) et le demeureront » avait assuré le président Macron le 27 février. La réponse de Rabat ne s’est pas faite attendre : « les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée » a fait savoir un membre du gouvernement à l’hebdomadaire Jeune Afrique.
De la crise à la rupture
Lors du point de presse ayant fait suite à son intervention du 27 février consacrée aux relations entre la France et l’Afrique, le président français a admis l’existence de problèmes entre son pays et le Maroc ; problèmes, selon lui, dus essentiellement à l’affaire Pegasus – qu’il prend le soin de définir comme un « sujet d’écoutes qui ont été révélées par la presse » – et au vote du parlement européen du 19 janvier 2023 au cours duquel la monarchie chérifienne a été dénoncée comme un acteur recourant à des moyens peu orthodoxes pour se faire entendre et faire valoir ses intérêts. Macron a néanmoins tenu à souligner que les relations avec le roi Mohammed VI étaient « amicales » et « le demeureront ». Un vœu pieux. Les Marocains voient derrière les deux dossiers évoqués par le président français « une offensive » de Paris « dont l’objectif est d’avoir un ascendant sur le Maroc et de contenir ses choix internes et de politique étrangère ». Les condamnations du chanteur Saad Lemjared et l’ouverture d’une enquête pour viol contre la vedette de football Ashraf Hakimi (voir ADN Med du 1er mars) sont dénoncées comme « des acharnements judicaires » que les relais du Palais se plaisent à désigner comme autant d’interventions politiques indirectes destinées à porter atteinte au crédit du Royaume. Autre sujet de tension, la campagne de déminage des lobbies marocains entreprise par la presse est assimilée à « un harcèlement médiatique ». L’hebdomadaire Marianne vient de consacrer sa UNE à ce sujet et le journaliste vedette de la chaine BFM TV, Rachid Embarki a été licencié la semaine dernière pour complaisance envers les thèses marocaines dans le cadre de son travail.
Les désaccords s’ajoutant aux malentendus et même, maintenant, au procès d’intention créent un climat qui dépasse une météo de crise. « On peut se demander si, entre le Maroc et la France, une page n’est pas en train de se tourner sous nos yeux » , fait observer une ancien du Quai d’Orsay.
Après l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord ?
La réaction marocaine est certes liée aux difficultés politiques et diplomatiques dans lesquelles se débat le Royaume ces derniers mois mais elle plonge aussi ses racines dans le ressentiment suscité par le rapprochement opéré par Paris envers Alger avec en toile de fond le refus français de suivre les USA, l’Espagne, l’Allemagne et, plus récemment, l’Autriche sur la validation du plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental.
Paris qui a effectivement joué la carte algérienne, autant pour des considérations énergétiques que par souci de désembourber la France de la dette mémorielle, se trouve aujourd’hui en crise ouverte avec Alger et Rabat. Et ce n’est pas la Tunisie de Kais Saied – adepte d’un panarabisme exacerbé – et satellisée par l’Algérie – qui va réduire le désamour français qui gagne les régimes de la rive sud de la Méditerranée occidentale. Tout cela au moment où Macron, parti en pompier depuis le 1er Mars en Afrique équatoriale et australe pour recalibrer la présence française sur le continent africain est accueilli par… des drapeaux russes.
Comme l’Histoire sait quelque fois être capricieuse, le chef de l’Etat français se trouve au Gabon au moment où y séjourne Mohammed VI qui s’y rend souvent pour des raisons politiques ou personnelles. Selon plusieurs observateurs aucune rencontre entre les deux chefs d’Etat n’est prévue. Un signe.
D’aucuns estiment que les secousses récurrentes qui marquent les relations françaises avec l’Afrique – considérées par certains observateurs comme la cause des déboires français -, sont en réalité des conséquences d’un déclin historique de la France que les maladresses de la diplomatie macronienne n’ont fait que précipiter.
Éditorial
TUNIS ASPIREE DANS LA CRISE ALGER-PARIS
L’affaire Bouraoui repose, par ricochet, la problématique des relations algéro-tunisiennes

Ce vendredi 10 février, c’est le chef de l’Etat algérien lui-même qui ordonna l’arrêt des fouilles et contrôles, souvent vexatoires et même humiliants, selon les médias tunisiens, infligés depuis la veille aux citoyens rentrant dans leur pays à partir de l’Algérie. Aux postes frontaliers de Jlaiel (Ghardimaou ), Babouche, Ain Drahem ou Melloula (Tabarka), les files de voitures, autocars ou camions s’allongeaient à perte de vue.
Luttes claniques à Alger
La raison de ce soudain encombrement routier est donnée par un officier des douanes algériennes : « les ordres sont venus de très haut ». L’homme explique qu’il est interdit de ramener des marchandises vers la Tunisie. La rigueur et le zèle des contrôles sont tels qu’un homme s’est vu déposséder de son manteau au motif qu’étant en bon état, le vêtement pouvait avoir été acheté en Algérie.
La fraternité algéro-tunisienne, célébrée régulièrement, au grand dam du voisin marocain,, par les deux gouvernements depuis le coup de force du 25 juillet 2021 perpétré par Kaïs Saïed, a subitement fait place à une colère des autorités algériennes, du moins d’une partie d’entre elles, qui entendent délivrer un message qui résonne comme un avertissement à la Tunisie coupable d’avoir laissé partir l’opposante Amira Bouraoui vers la France alors qu’Alger exigeait son renvoi vers l’Algérie où elle est condamnée à deux ans de prison.
Le ton comminatoire du communiqué du ministère des affaires étrangères algérien laisse perplexe. On y relève la : « ferme condamnation par l’Algérie de la violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l’Etat français qui ont participé à une opération clandestine et illégale d’exfiltration d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite (sic) par la justice algérienne ». Or, Amira Bouraoui est partie vers le France à partir de la Tunisie. Sauf à considérer que ce pays fait partie du « territoire national (algérien) » ou que les « personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité (français) » qui auraient exfiltré l’activiste de l’Algérie vers la Tunisie, agissent en territoire conquis, on peine à saisir la logique, la cohérence et l’utilité d’une telle opération. Cette incongruité diplomatique a surpris les observateurs de la scène algérienne qui connaissent le professionnalisme du ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra. « Le style comme le contenu de ce communiqué ne ressemblent pas aux méthodes de travail du ministre », explique cet ancien consul qui a travaillé sous l’autorité de Lamamra. Sans pouvoir être affirmatif, notre interlocuteur serait plutôt enclin à attribuer l’écrit « au secrétaire général, Amar Belani, un diplomate aux pratiques plutôt rudes qui prend de plus en plus de poids au ministère » et qui disposerait, toujours selon notre source, de solides appuis dans les segments conservateurs des services de sécurité.
La célérité avec laquelle avait été produite le 9 février la dépêche de l’APS, agence traditionnellement contrôlée par les services de renseignements et son contenu particulièrement véhément contre le gouvernement français, les incohérences diplomatiques et juridiques du communiqué des affaires étrangères et le contre-ordre de Tebboune levant les obstructions frontalières, sont autant de signaux qui attestent de divergences qui minent des centres de décisions aux acteurs, méthodes et périmètres difficilement identifiables.
Des dissonances qui viennent conforter le fait que le réchauffement des relations algéro-françaises ne fait pas l’unanimité dans le sérail algérien où chaque clan tente de mettre son adversaire devant le fait accompli.
Autant de turbulences qui peuvent désorienter le président tunisien, lequel ne doit plus trop bien savoir à quelle institution algérienne il faut désormais faire confiance.
Kais Saïed se rebiffe
On sait maintenant que le ministère de l’intérieur tunisien – qui avait séquestré Amira Bouaraoui après que celle-ci eut été remise en liberté par la juge qui se proposait d’étudier son dossier le 23 février – était sur le point de renvoyer l’opposante algérienne vers Alger. C’est à partir de ce moment que le consulat français à Tunis s’est manifesté pour dire que madame Bouraoui, rentrée illégalement en Tunisie, étant titulaire d’un passeport français devait, au regard de la loi, être renvoyée vers le pays dont elle détenait le titre de voyage. C’est ce qu’a ordonné Kais Saied, juriste de profession. Une décision qu’Alger semble avoir prise comme une indocilité du président tunisien dont on considérait l’alignement sur les positions algériennes comme définitivement acquis. N’a-t-il pas renié la traditionnelle neutralité de son pays dans le dossier du Sahara occidental, provoquant l’ire de Rabat ? Il est vrai que le gouvernement algérien a su se montrer reconnaissant en prodiguant conseils, prêts et gaz à prix préférentiels, le tout sur fond d’exaltation panarabiste, doxa chère au locataire de Carthage et que l’Algérie a remis au gout du jour ces trois dernières années.
Cependant, la pression mise par Alger sur le ministre de l’intérieur tunisien qui s’est frontalement opposé à sa collègue de la justice a provoqué de sérieux remous dans la haute administration tunisienne, ce qui a amené Kaïs Saïed à déclarer, en recevant ce 10 février le nouveau ministre des affaires étrangères : « nous n’acceptons pas l’ingérence dans nos affaires internes ». Une intervention qui vient contredire l’information liant le limogeage de Jerandi à une affaire Bouraoui qui, par ricochet, repose la problématique des relations algéro-tunisiennes.
Le refroidissement du climat politique entre Tunis et Alger avait commencé avec la visite de deux jours effectuée à Alger le 21 janvier par la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni au cours de laquelle elle avait déclaré devant Tebboune – sans que celui-ci n’ait cherché à modérer le propos de son invitée – que les deux responsables avaient « parlé du cas de la Tunisie et qu’ils avaient envisagé toutes les hypothèses. » Une saillie qui installe la Tunisie dans une posture d’objet politique dont les voisins débattent sans vraiment se soucier de son avis propre. La déclaration de Meloni a fait grincer quelques dents en Tunisie. Auparavant, Alger qui avait extradé les frères Karoui vers l’Espagne avait également irrité Tunis qui réclamait les deux fuyards pour des affaires de droit commun. A l’époque Carthage s’était néanmoins gardé de faire état publiquement de son ressentiment.
Soumis à une crise institutionnelle, politique, économique et sociale sans précèdent, Kais Saïed doit maintenant faire face à une centrale syndicale déterminée à servir de pivot à la contestation populaire alors que, jusque-là, l’UGTT s’était astreinte à une forme de retenue qui avait du reste provoqué quelques tensions dans ses rangs.
A Tunis, les esprits s’échauffent : Kais Saïed est-il en mesure de s’émanciper de l’emprise algérienne ? La Tunisie, menant traditionnellement une diplomatie de médiation et du compromis, peut-elle longtemps suivre une Algérie en rupture de ban avec le Maroc, l’Espagne et, peut-être, maintenant la France ?
Éditorial
NOUVEL AN AMAZIGH : FERVEUR POPULAIRE ET RETENUE OFFICIELLE

Lors de l’inauguration du stade portant le nom de Nelson Mandela, le chef de l’État algérien, parti après son discours, revint sur ses pas pour dire devant les micros : « Excusez-moi, j’ai oublié quelque chose : Yennayer ameggaz, (bonne année en amazighe) avant de lancer son mot fétiche : Tahya el Djazaïr (vive l’Algérie en arabe). Un peu plus tard, il publia un tweet où l’on pouvait lire « À l’occasion du nouvel an amazigh, je souhaite bonheur et prospérité à notre patrie, ainsi qu’à toutes les Algériennes et tous les Algériens. Assegas Amegaz ». L’oubli est sa réparation en disent long sur les ambiguïtés d’une date portée par la tradition avant de la voir s’incruster progressivement dans les sphères institutionnelles nord-africaines.
En Algérie, sur décision de l’ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, Yennayer est un jour férié depuis la fin 2017. Pourtant, le citoyen qui porte l’emblème amazigh peut se retrouver en prison. Signe d’une dynamique qui caractéristise un profond renouveau, les ambassades des USA et du Canada présentent leurs vœux depuis plusieurs années au peuple algérien, ce qui ne manque pas de provoquer les froncements de sourcils de quelques dirigeants…et des islamistes.
Au Maroc, c’est le chef du gouvernement du Maroc, Aziz Akhannouch, lui-même berbérophone, qui a annoncé à l’occasion de Yennayer l’utilisation de l’amazigh dans l’administration publique. En revanche, le Roi, lui, est demeuré muet donnant à lire une volonté de ne pas conférer sa signification symbolique à un fait sociétal que l’on souhaite, pour l’instant, contenir dans une dimension administrative alors qu’il gagne l’ensemble des catégories sociales.
Aux Iles Canaries, les autorités locales assument de commémorer Yennayer comme un signifiant participant de la réappropriation de l’identité guanche.
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, en Tunisie ce sont les jeunes, dont beaucoup n’ont pas un vécu direct de cette festivité, qui réhabilitent la commémoration du nouvel an amazigh. Même chose en Libye où les manifestations les plus massives sont animées par des générations que Kadafi avait tout fait pour les déconnecter de leurs racines.
Prolongeant ce regain d’intérêt populaire, les diasporas se regroupent, selon les pays ou les régions d’origine, pour partager un moment de souvenir et de solidarité. Des retrouvailles que peinent à réussir les représentations diplomatiques.
La célébration du nouvel an amazigh qui coïncide avec le 12 janvier est le premier mois et le premier jour de l’an du calendrier agraire nord-africain. Les militants se plaisent à lier cet évènement à la commémoration de l’accession au pouvoir du pharaon Sheshnoq 1er. Un prince berbère qui a fondé sa propre dynastie dans l’Egypte antique. Une façon subliminale de compenser les infortunes de l’histoire tourmentée du peuple amazigh qui a rarement pu disposer d’un État central puissant et pérenne.
Longtemps réduit au lendemain des indépendances à la survivance d’une pratique essentiellement commémorée par les populations rurales, l’évènement consistait en la préparation d’un diner qui rassemblait les familles autour d’un plat agrémenté de viande, généralement un volatile sacrifié pour la circonstance.
C’est au cours des années 70 que le nouvel an amazigh connait ses premières manifestations collectives concrétisées par des discussions animées par les étudiants gravitant autour du cours de berbère dispensé par l’écrivain Mouloud Mammeri à Alger. Après le printemps berbère d’avril 80, Yennayer fut l’objet d’un intérêt plus attentionné chez les élites kabyles. Dans les universités, des conférences, des expositions ou des collations furent organisées par des comités de cités qui invitaient des artistes à se produire dans les campus pour porter la parole d’une authenticité niée par un arabo-islamisme négateur d’altérité et ignorée par une administration coloniale jacobine. Des publications rappelant les origines et le sens d’une tradition impensée apparurent et servirent à animer des débats plus larges sur la langue, la culture et l’histoire de Tamazgha. En une vingtaine d’années, un souffle dont nul ne put identifier les causes immédiates et les circuits se répandit par-delà les frontières et les interdits. Des villages puis des quartiers commencèrent à donner un caractère festif plus collectif à cet anniversaire en organisant des processions, avec ou sans déguisements, où l’on voit des populations de tout âge et condition revêtues de leurs plus beaux atours communier pendant toute la journée.
Désormais les personnes s’appellent spontanément pour se souhaiter la bonne année et les journaux ne manquent pas l’occasion d’en faire autant à leurs lecteurs.
La ferveur populaire qui caractérise cette célébration dans les pays d’Afrique du nord contraste avec la façon dont elle est marquée dans les sphères officielles où la décrispation des pouvoirs sur le fait amazigh reste emprunte de retenue voire de gêne.
La célébration de Yennayer est une lame de fond qui, au-delà de ses aspects conviviaux, révèle la quête singulière d’une identité nord-africaine contrariée par l’histoire et qui renait par une volonté populaire qui impose ses codes aux régents. D’habitude, ce sont les décisions des princes qui dictent les paramètres définissant et structurant les destins des peuples.
Éditorial
RELATIONS ALGÉRO-FRANCAISES : UNE PAGE EST TOURNÉE

Dans une interview accordée par le chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune au quotidien le Figaro publiée le 29 décembre 2022, le lecteur se voit offrir un entretien soporifique dans lequel on ne retrouve pas un mot sur une fermeture politique et médiatique sans équivalent depuis l’ouverture au pluralisme. L’omission est d’autant plus surprenante que cette censure est aggravée par une répression quotidienne bafouant les droits les plus élémentaires et que l’entretien a été conduit par le très expérimenté Yves Thréard. Selon certaines indiscrétions, cette condition aurait été le préalable mis par la partie algérienne pour que l’interview ait lieu.
On pourrait considérer que la ligne éditoriale d’un grand journal français relevant de l’éthique et de la compétence de sa rédaction, le Figaro est en droit de négocier les sujets pouvant intéresser son lectorat et les termes dans lesquels ils doivent être abordés. Sauf que le titre en question est l’organe qui porte et répercute les conceptions économiques et financières du grand patronat français et que ce dernier s’apprête à signer avec l’Algérie des contrats embrassant un nombre considérable de secteurs de la vie nationale.
Cette attractivité du marché algérien n’est évidemment pas étrangère au réchauffement des relations des deux pays consacrés par la visite effectuée par le président Macron au mois d’août ; visite aussitôt suivie par une escouade de ministres emmenée par la chef du gouvernement Elisabeth Borne avec l’objectif de donner une suite concrète à la déclaration d’Alger appelant à « ouvrir une nouvelle page » entre Paris et Alger.
La formule est redondante mais cette fois, il y a bien détermination des deux capitales à transcender une relation ambivalente marquée par un yoyo politico-diplomatique auquel aucun gouvernement français n’a échappé depuis 1962.
Après avoir tenté de se démarquer de ses prédécesseurs en déclarant en 2017 à Alger que « la colonisation était un crime contre l’humanité » alors qu’il était candidat à la présidentielle, Macron dut se rendre à l’évidence : le pouvoir algérien ne pouvait pas se dessaisir de son principal outil de propagande : l’exploitation perpétuelle de la séquence coloniale. C’est donc Hachemi Djaaboud, alors ministre du travail algérien qui fut chargé en avril 2021 d’administrer la piqure de rappel en expliquant que « la France était un ennemi traditionnel et éternel ». Se sentant d’autant plus grugé que le rapport Stora – sur lequel le président français comptait beaucoup pour dépolluer les mémoires – avait été ignoré par Alger, Macron, rompant avec les formules elliptiques, assuma ce que tous les responsables français pensent mais taisent : le pouvoir algérien est « un régime politico-militaire (…) qui vit d’une rente mémorielle ». Beaucoup crurent alors que la France avait enfin décidé de traiter l’Algérie de façon adulte et décomplexée. C’est mal connaître l’influence des lobbies économiques qui mirent tout leur poids à faire rétropédaler l’auteur du coming-out.
Une fois passée la tempête qui dura une dizaine de mois, le président français alla à Canossa et endossa les préconisations du patronat qui estime qu’il faut définitivement aseptiser les rapports algéro-français en restant insensible aux propos et décisions des dirigeants algériens car pour la finance française l’essentiel est ailleurs. Des renseignements fiables font état de recherches importantes portant sur les terres rares et les métaux précieux dans le grand sud algérien. Par ailleurs, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fera monter le prix du baril ce qui fait d’Alger un client solvable. Les seuls considérants qui peuvent définir les relations algéro-françaises doivent être étalonnés par l’aspect comptable. Le deal est simple : accès préférentiel aux marchés contre silence et complicité devant le despotisme. Peu importe que la langue française soit déclassée ou que les libertés publiques soient malmenées. Pour la France, l’Algérie n’est plus un pays dont les histoires et les communautés sont interpénétrées par des liens personnels et officiels tissés par une histoire passionnée et qui, comme telle, connait des moments jubilatoires et des périodes de tensions. Désormais, Paris observe ce qui se passe en Algérie avec le même détachement que ce qui surviendrait au Guatémala ou au Sri Lanka.
On a enfin normalisé les relations algéro-françaises. Il reste à savoir si on a adopté la bonne manière…Et combien de temps cela va-t-il tenir.
Éditorial
MAROC-ALGÉRIE : LES MOTS QUI PEUVENT TUER

Après le sommet arabe tenu à Alger le premier novembre où Algériens et Marocains se sont livré une féroce bataille de communication pour s’accuser mutuellement d’indélicatesses diplomatiques voire de provocations, le conflit qui oppose Alger et Rabat connait une soudaine pause. Du moins au niveau des officiels. Les responsables de haut rang des deux pays évitent en effet les invectives et les raccourcis qui rythmaient leurs échanges, directs ou indirects. Des sources bien informées expliquent cette accalmie par l’intercession du président français Emmanuel Macron qui doit arriver au Maroc au premier trimestre 2023 pour une visite d’État qui fait suite à celle qui l’a mené en Algérie au mois d’août et dont les Marocains n’ont que modérément apprécié une forme et un contenu qu’ils assimilent à un parti pris de Paris en faveur de leur frère ennemi.
Depuis qu’il a éclaté en 1963 quand, au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, le Maroc lança ses troupes en direction de Tindouf pour occuper le sud-ouest du pays dont il revendiquait la propriété, le conflit algéro-marocain n’a plus dégénéré sur le plan armé. Hormis les attaques menées par le Polisario soutenu par l’Algérie, les affrontements directs n’ont pas dépassé le stade de joutes verbales et ceci en dépit de poussées de fièvre récurrentes où les Marocains dénoncent un pouvoir de généraux cupides et prétentieux pendant que les Algériens moquent une féodalité pressurisant son peuple.
Est-ce à dire que cette retenue préfigure une détente qui permettrait aux deux belligérants de prendre le recul nécessaire à une évaluation des dommages induits par une animosité qui occupe l’essentiel des énergies et moyens des États sans pour autant entrainer les opinions publiques dans leurs antagonismes ? On peut en douter. Les esquives des dirigeants constatées ces dernières semaines apparaissent comme des postures relevant du souci de ne pas donner à voir devant l’opinion internationale des institutions responsables de tensions préjudiciables aux peuples et aux partenariats étrangers fiables et féconds.
On assiste à une forme de sous-traitance de ce conflit larvé aux médias qui ne manquent pas une occasion pour rappeler, souligner et, au besoin, amplifier un incident ou une information concernant l’un ou autre des deux régimes. Dans un premier temps, les Algériens ont innové en occultant l’exceptionnel parcours de la sélection marocaine à Doha puis en faisant de l’implication du royaume dans le scandale de corruption qui éclabousse les institutions européennes un sujet permanent de jubilation où l’outrance des narrations disqualifie les approches journalistiques qui auraient pourtant largement suffi à accabler Rabat. De leurs côtés, les journalistes marocains se saisissent de l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien par l’aéronef qui ramenait chez eux les Lions de l’Atlas pour relancer les incidents ayant marqué les jeux méditerranéens d’Oran et les anicroches ayant émaillé la compétition des U17 organisée à Sig (ouest algérien) pour légitimer le droit voire le devoir de leur pays à saisir les instances sportives internationales contre un État qui abuse des manœuvres politiciennes pour dévoyer l’éthique sportive. L’éditorialiste du journal l’Opinion, proche du Palais, invite les autorités compétentes à « exiger des garanties quant à la sécurité et la quiétude de ses sportifs, ainsi que (sic) concernant le libre accès de ses journalistes en territoire algérien pour y exercer leur métier. Sinon, le Maroc serait pleinement dans son droit de boycotter cette compétition (CAN 2023 NDLR) organisée en territoire ennemi ». Ennemi, le mot est lâché.
Éditorial
HISTOIRE EN ALGÉRIE : ENTRE OUVERTURE, CENSURE ET TABOU

Le mercredi 30 novembre, Abdelmadjid Tebboune a reçu un groupe d’historiens algériens avant de désigner les membres qui doivent faire équipe avec leurs homologues français en vue d’entamer le traitement de l’improbable dossier de « l’histoire commune » aux deux pays. L’entreprise peut avoir du sens s’il s’agit d’échange et de partage de documents ou de témoignages mais on ne sait pas et on ne voit pas comment deux pays peuvent écrire de concert une séquence historique qui les a déchirés pendant près d’un demi-siècle. Le même jour, un colloque dédié au poète Mufdi Zakaria dans le palais de la culture qui porte son nom s’est terminé sans que l’auditoire sache que l’auteur des paroles de l’hymne national algérien est mort à Tunis en 1977 parce que Boumediene l’avait contraint à l’exil. À ce jour, on ne trouve pas de document officiel faisant état de l’assassinat de Abane Ramdane par ses pairs en décembre 1957 au Maroc. La même omerta est observée sur la séquestration des ossements des colonels Amirouche et Haoues pendant vingt ans sur ordre de Boumediene…
Les historiens algériens dénoncent depuis des lustres le problème de l’accès aux archives dans leurs propres pays. Plus généralement, les décisions, activités et productions concernant la guerre de libération nationale sont frappées du sceau de l’imprimatur. Le film consacré à Krim Belkacem par le cinéaste Ahmed Rachedi évacue les conditions de son assassinat à Frankfort en 1970 suite à une opération des services spéciaux algériens, ce qui fait que le spectateur découvre la date et le lieu de sa naissance, suit un parcours passablement édulcoré mais sort de la projection en ignorant la fin de vie du signataire des accords d’Evian.
On observe présentement une vigoureuse campagne des autorités algériennes célébrant batailles héroïques, disparitions de combattants de la guerre de Libération nationale aseptisant les évènements pour en faire des repères structurants de la mémoire nationale à laquelle le pouvoir s’identifie de façon subliminale. Particulièrement exigeant envers l’ancienne puissance coloniale quand il s’agit d’interprétation de l’histoire contemporaine du pays, le régime algérien peine à se trouver des normes et des bilans en dehors de la lutte contre l’occupation française quand il faut légitimer sa gestion.
La question de l’histoire et de la mémoire en Algérie demeure otage de considérations politiques et, plus dommageable pour une restitution crédible et féconde du passé, de susceptibilités et objectifs claniques voire personnels. L’une des conséquences de cette emprise est que la chaire d’Histoire de l’université d’Alger est l’une des moins prolifiques en matière de soutenances.
-
PolitiqueIl y a 7 jours
Témoignage. Fragments de vie du militant et écrivain amazigh marocain Ali Iken. Par Mounir KEJJI
-
PolitiqueIl y a 5 jours
Algérie : crise permanente et remaniements cycliques
-
PolitiqueIl y a 4 jours
Invitation de Poutine à Tebboune
-
ReportagesIl y a 6 jours
Services de vidéo à la demande et streaming en Algérie
-
ÉditorialIl y a 4 jours
Maroc-Algérie. Qui profite des provocations ?
-
InternationalIl y a 4 jours
France : la colère monte
-
ÉconomieIl y a 6 jours
Algérie : marché de voiture d’occasion en Algérie
-
ÉconomieIl y a 3 jours
Nouveau redémarrage de l’industrie automobile en Algérie
-
PolitiqueIl y a 5 jours
Institut du monde arabe à Paris : l’ambassadeur de France à Alger pressenti
-
ÉconomieIl y a 6 jours
Algérie : Vers des subventions « ciblées » des prix du carburant ?