SOMMET ARABE : MOHAMED VI ABSENT
C’est désormais officiel : le roi du Maroc Mohamed VI qui fut un des premiers chefs d’Etat à avoir annoncé sa participation ne sera pas présent au sommet de la Ligue arabe qui entamera ses travaux le 1er novembre à Alger. On apprend de source sûre que la délégation qui devait préparer la visite du souverain marocain a quitté Alger ce lundi. Le Maroc ne sera donc représenté « que » par son ministre des Affaires étrangères Nacer Bourita qui assure que son pays « aura une participation active », entendre une stratégie de détricotage des orientations patiemment suggérées par Alger lors des nombreuses réunions préparatoires.
Les indices qui laissaient présager ce désistement étaient nombreux. A commencer par les vigoureuses attaques que se sont livrées les deux pays ces trois derniers jours par médias interposés.(Voir adn-med des 23 et 30 octobre).
Coup dur pour Alger,
Outre ces frictions, les points inscrits à l’ordre du jour – conflit israélo-palestinien, défini comme un conflit israélo-arabe dans l’agenda officiel des travaux, guerre du Yemen, relations avec l’Iran…- ne pouvaient objectivement pas être l’objet de compromis. Un malheur ne venant jamais seuls, plusieurs autres chefs d’Etat manqueront à l’appel. En plus du roi d’Arabie saoudite qui fut le premier à faire connaitre son absence, justifiée par des raisons sanitaires qui prêtèrent à spéculation, le sommet abrité par Alger se déroulera également sans les souverains des Emirats arabes Unis, du Koweit, d’Oman, du Bahreïn et de la Jordanie tous proches de Riyad.
Dédiée « au resserrement de l’unité des rangs arabes », cette 31ème édition consacre donc un clivage séparant deux camps irréconciliables dans la perspective d’une nouvelle reconfiguration du Sud. D’un côté on retrouve autour de l’Arabie saoudite les pays, encouragés par l’occident, qui s’engagent dans un libéralisme économique mâtiné d’une certaine ouverture sociétale ; la démarche visant, à terme, à intégrer Israël dans leur environnement ; de l’autre, le camp des adeptes du retour au panarabisme des années soixante-dix mené par l’Algérie qui se projette dans une construction géopolitique pilotée par la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie.
« Comment et pourquoi ces divergences prévisibles furent-elles sous-évaluées par Alger » susurre un haut fonctionnaire du ministère de la justice qui n’apprécie que modérément la perspective de voir l’Algérie choisir une fois de plus le camp des exaltations révolutionnaires d’un tiers-mondisme hors d’époque ?