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OUVERTURE DU SOMMET ARABE : TEBBOUNE EN FUNAMBULE

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Le discours d’ouverture prononcé à Alger ce 1er novembre par le chef de l’État algérien (voir texte intégral ci-dessous)à l’occasion de l’ouverture du 31ème sommet de la Ligue arabe a suscité dans l’après-midi des réactions alternant agacement et dérision au Centre international de presse, CIC, Abdelatif Rahal. C’est que l’exercice était périlleux. Comment afficher l’optimisme de rigueur alors qu’une bonne demi-douzaine de souverains, et non des moindres, ont délégué leurs collaborateurs à une rencontre annoncée par le pays hôte comme l’ultime opportunité devant permettre de lancer des « réformes diligentes, radicales, profondes et exhaustives » de la Ligue afin de rassembler « un monde arabe » dont les convergences sont jusque-là demeurées à l’état de virtualité ?

Si les observateurs pouvaient s’attendre à ce que pas un mot ne soit réservé à la violente diatribe qui a opposé l’Algérie et le Maroc cette semaine, ils furent en revanche surpris d’entendre le responsable algérien presser «  les frères » syriens, libyens et yéménites « à faire prévaloir la voie du dialogue inclusif et de la réconciliation nationale » pour  mettre un terme à leurs conflits, nationaux ou de voisinages, car, argua-t-il, c’est là la seule voie qui  fédérera les énergies et les moyens de la nation commune, préalable à la crédibilité et la stabilité qui la mettront en situation de peser un jour sur la scène mondiale pour valoriser enfin ses ressources économiques et financières ; d’autant que « les réserves de change de nos pays arabes équivalent à celles de l’Europe ou des grands Ensembles économiques asiatiques ou américains », se plût à souligner Abdelmadjid Tebboune.

Les commentaires les plus acerbes vinrent des journalistes égyptiens et saoudiens dont les pays sont ouvertement engagés derrière le maréchal Haftar en Libye pour les premiers et embourbés au Yémen pour les seconds. La décision unilatérale de l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc fut évidemment rappelée pour expliquer que cet acte ne désignait pas leur auteur comme un acteur crédible pouvant donner des leçons de responsabilité, de sagesse ou de réconciliation.

Par ailleurs, l’appel à « focaliser les efforts sur le citoyen arabe » pour garantir développement et progrès à tous fut également savoureusement discuté : « l’Algérie qui en avait fini avec les détentions politiques à la fin des années 90 compte des centaines de détenus d’opinion depuis l’avènement de Tebboune au pouvoir », s’amusa un journaliste tunisien.  

Plus généralement, les observateurs internationaux constatent que les mises en perspective du nouveau « monde arabe » – que Tebboune appela de ses vœux à travers un long développement consacré à la question palestinienne – sont programmées en dehors de la Ligue arabe et, à voir les évolutions et les décisions des pays de la péninsule arabique (Arabie saoudite et Jordanie), du Golfe persique, de l’Égypte et du Maroc, les objectifs qui s’y dessinent sont bien loin de ceux que suggère l’Algérie officielle. 

Le laborieux exercice auquel s’est livré ce mardi le chef de l’État algérien vient rappeler une douloureuse évidence : en politique, il est hasardeux d’appeler à des réformes – surtout lorsqu’on les veut « diligentes, radicales, profondes et exhaustives » -, et éluder les sujets qui fâchent.  

Texte integral

« Au nom de Dieu, Clément et Miséricordieux, Altesses, Excellences,Monsieur le Président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, Président en exercice du Mouvement des Non-alignés, Monsieur le Président de la République du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA),Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres,Monsieur le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit,Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Hissein Brahim Taha,

Mesdames, Messieurs,

J’aimerais, de prime abord, vous souhaiter la bienvenue en Algérie, en ce jour béni où le vaillant peuple algérien célèbre un anniversaire mémorable dans l’histoire de l’Algérie et des hommes épris de liberté de par le monde, celui du déclenchement de la glorieuse Guerre de libération, et vous exprimer mes remerciements et ma gratitude de partager avec le peuple algérien cet anniversaire national.

Je tiens à vous souhaiter un agréable séjour dans votre deuxième pays et souhaiter plein succès aux travaux de notre sommet et la concrétisation des espoirs placés en lui par les peuples arabes aspirant à davantage de solidarité, d’invincibilité et de prospérité.

Il me plait, également, d’exprimer mes profonds remerciements et de dire toute ma considération à mon frère le Président Kaïs Saïed, président de la République tunisienne, pour ses efforts remarquables et les efforts de son pays lors de la présidence de la précédente session du Sommet arabe. Mes remerciements vont également à Monsieur le Secrétaire général de la Ligue arabe et à tout le personnel pour les efforts qu’ils ont consentis dans la préparation des travaux de notre sommet.

Altesses,Excellences,Mesdames, Messieurs,

Notre sommet se tient dans une conjoncture régionale et internationale exceptionnelle d’une extrême complexité, marquée par la montée des tensions et des crises, en particulier dans notre monde arabe, qui jamais dans son histoire contemporaine n’a connu de périodes aussi difficiles et suscitant autant d’inquiétude que celle que nous vivons aujourd’hui.

Ces crises complexes aux dimensions et risques multiples se posent encore à nous, avec la multiplication des défis intérieurs et extérieurs majeurs que connaît le monde post-Covid19, et qui ont entraîné un changement des équilibres, des tiraillements et l’exacerbation du phénomène de polarisation, lesquels contribuent, dans une large mesure, à la prolifération des crises, qui ont des retombées sur la paix et la sécurité internationales et impactent plusieurs pays, notamment dans leur sécurité alimentaire.

Alors que notre région arabe recèle de gigantesques potentialités naturelles, humaines et financières à même de nous ériger en force économique agissante dans le monde, nous refusons que notre rôle économique soit purement passif. Nous sommes, ainsi, appelés à reprendre confiance en nos capacités pour peser de tout notre poids et agir de manière influente sur la scène internationale et l’Economie mondiale, d’autant que les réserves de change de nos pays arabes équivalent à celles de l’Europe ou des grands Ensembles économiques asiatiques ou américains.

Pour ce faire, nous nous devons tous de construire un bloc économique arabe solide, garant de nos intérêts communs, tout en œuvrant à la définition des priorités et des domaines d’action commune, à impact positif immédiat et perceptible pour les peuples arabes.

Altesses, Excellences, Mesdames, Messieurs,

En cette conjoncture internationale, la question palestinienne demeure notre cause centrale, au cœur de nos préoccupations et en tête de nos priorités, au moment où elle fait l’objet de tentatives de liquidation, du fait de la poursuite de graves violations par les forces d’occupation qui étendent leurs colonies illégales, tuent des innocents, envahissent villes et villages palestiniens, confisquent des terres et des biens, démolissent des maisons et des bâtisses et forcent le peuple palestinien autochtone à l’exode, notamment à Al-Qods occupé.

Il y va sans rappeler les plans de judaïsation tendant à aliéner l’identité musulmane et chrétienne de la ville et en déformer les repères historiques, outre les descentes provocatrices dans l’enceinte de la Mosquée d’Al-Aqsa par l’armée d’occupation israélienne et les groupes de colons extrémistes. Le siège injuste imposé à Naplouse et l’oppression du peuple palestinien dans le quartier de Sheikh Djerrah, avec pour principale cible des jeunes sans défense, tout cela au vu et au su de la communauté internationale qui fait montre d’un mutisme assourdissant.

Face à l’inertie du Conseil de sécurité et des Nations unies qui peinent à imposer la solution à deux Etat, objet d’un consensus international, nous sommes appelés à fédérer les efforts collectifs pour davantage de soutien politique et financier à même de permettre au peuple palestinien de résister aux crimes systémiques de grande envergure.

S’imposent, aujourd’hui plus que jamais, le renouvellement de notre engagement collectif et notre attachement à l’Initiative arabe de paix, en tant que référence et fondement de la relance du processus de paix au Moyen-Orient, et unique moyen d’instaurer une paix juste et globale permettant au peuple palestinien de réaliser ses aspirations légitimes à un Etat indépendant sur les frontières de 1967, avec Al-Qods Est pour capitale et la décolonisation de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien.

Dans le cadre du respect de notre devoir arabe vis-à-vis de la cause palestinienne, cœur battant de la Nation arabe, je souhaiterais que ce sommet puisse permettre la création d’un Comité arabe de liaison et de coordination en soutien à la cause palestinienne. L’Algérie est pleinement disposée à soumettre cette revendication vitale aux Nations unies pour convoquer une Assemblée générale extraordinaire, aux fins d’accorder à l’Etat palestinien la qualité de membre à part entière aux Nations unies.

A cette occasion, je ne puis que réaffirmer mes félicitations aux frères palestiniens pour l’accord historique parrainé par l’Algérie avant la tenue du Sommet, à savoir la signature de la Déclaration d’Alger pour l’unification des rangs pour l’Unité palestinienne. J’invite mes frères, dirigeants arabes, à conjuguer nos efforts en vue d’accompagner les frères Palestiniens sur la voie du parachèvement de ce projet national pour tourner définitivement la page des différends, à la faveur de la mise en œuvre des échéances nationales prévues par la feuille de route adoptée et énoncée dans la Déclaration d’Alger.

Altesse, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Les crises que traversent certains pays frères, à l’instar de la Libye, de la Syrie et du Yémen, sont toujours en quête de solutions. Depuis cette tribune, j’invite toutes les parties internes, régionales et internationales à faire prévaloir la voie du dialogue inclusif et de la réconciliation nationale, loin de toute ingérence dans les affaires internes, afin de parvenir aux solutions politiques, pacifiques et consensuelles.

Des solutions à même de permettre aux peuples de ces pays de disposer de leur avenir et de réaliser leurs aspirations légitimes à la liberté et la dignité, de telle sorte à préserver leur souveraineté, leur unité et l’intégrité de leurs territoires.

L’espoir est toujours de mise que nous puissions faire preuve de sagesse et de clairvoyance pour se réapproprier la définition des moyens susceptibles d’éviter l’effusion de sang et d’unifier les rangs arabes.

Altesses, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Le défi de la réforme constitue, aujourd’hui, une nécessité impérieuse et exige un mode de traitement sérieux, responsable et crédible, partant de la conviction de toutes les parties quant à la nécessité de réformes diligentes, radicales, profondes et exhaustives de l’action arabe commune, pour que la Ligue puisse accomplir le rôle qui lui est dévolu pour relever les défis et s’adapter aux derniers développements survenus sur les scènes régionale et internationale.

Pour ce faire, il convient de focaliser les efforts sur le citoyen arabe, autour duquel doit graviter toute action collective, en l’associant comme acteur agissant participant à la définition de l’action arabe commune.

De même qu’il convient de garantir un environnement motivant, à travers l’exploitation du Fonds monétaire arabe (FMA) et des fonds arabes existants pour apporter aide et assistance aux pays qui en ont le plus besoin.

Il sied, également, de permettre aux jeunes compétences arabes, ô combien nombreuses, de prendre l’initiative, d’innover et de participer à conforter toute orientation vers l’intégration arabe, mais également d’adhérer fortement et efficacement à un monde intrinsèquement interconnecté et compétitif.

Altesses,Excellences,Mesdames, Messieurs

La tenue de notre Sommet arabe concomitamment avec l’anniversaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution du 1er Novembre, est source de fierté et de grands espoirs, fierté de l’adhésion des frères arabes et autres personnes éprises de liberté à la Glorieuse Révolution du peuple algérien qui défendait sa cause juste et espoirs que nous puissions tous nous remémorer et exalter ces valeurs, face aux défis existentiels qui menacent la sécurité, la stabilité et la prospérité de nos peuples et de nos pays.

Notre rencontre d’aujourd’hui se veut une opportunité de réaffirmer notre attachement collectif aux principes et objectifs pour lesquels a été créée notre Ligue arabe et sur lesquels nos peuples fondent de grands espoirs, mais aussi une halte importante à même d’insuffler un nouvel élan au processus d’intégration arabe.

Je demeure confiant que des résultats positifs et fructueux couronneront nos débats, notamment dans le cadre de la séance consultative, en vue de renouveler l’esprit consensuel collectif, définir des solutions pratiques et prendre les décisions qui s’imposent face aux défis auxquels est confrontée notre Nation arabe, aux volets sécuritaire, politique, économique et de développement.

Puisse Dieu guider nos pas vers davantage de succès, de bien et de prospérité pour notre Nation, nos peuples et nos pays ».

 

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Droit au blasphème : l’Algérie en pointe des sanctions

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Droit au blasphème : l’Algérie en pointe des sanctions

Intervenant ce lundi en visioconférence lors d’une réunion des parlements de l’Union des conseils des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique dont il assure la présidence, Brahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale algérienne, a appelé à une démarche commune pour faire pression sur les pays qui tolèrent le droit au blasphème afin de les amener à amender leur législation sur ce sujet.

Cette initiative fait suite à des autodafés commis, notamment dans les pays scandinaves (Danemark et Suède ) par des réfugiés du Moyen-Orient, qui ont fui l’extrémisme fondamentaliste, ou des militants nationalistes dénonçant le prosélytisme islamiste.

Le président de la Chambre basse algérienne a notamment déclaré : « Nous prenons acte des excuses tardives des gouvernements suédois et danois et leur annonce de réexaminer leurs lois afin d’éviter la répétition de ces pratiques, ainsi que l’adoption d’une résolution par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies condamnant l’autodafé du Saint Coran », avant d’ajouter  : « Nous sommes appelés ainsi à prendre des mesures appropriées pour prévenir ces comportements (…) à travers le renforcement de l’action multilatérale pour émettre des résolutions et des législations criminalisant les atteintes aux lieux saints religieux, en sus de poursuivre les auteurs et d’empêcher que ces pratiques ne deviennent un modèle social admis dans les milieux populaires et officiels occidentaux. »

Le Danemark qui a introduit il y a seulement six ans dans sa législation le droit au blasphème vient de faire savoir qu’il envisageait de revoir ses lois sur ce sujet. Une attitude qui risque de ne pas recueillir l’assentiment d’autres pays sur un dossier considéré comme un acquis démocratique. En France, pays de la laïcité, les débats sur cette thématique particulière remontent à Voltaire. D’ailleurs, une pétiton dénonçant ce qui est considéré comme une abdication du Danemark devant le chantage intégriste a été lancée par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, suivi par six autres titres, qui avait vu sa rédaction décimée par un commando islamiste pour avoir publié, en solidarité avec un journal danois, des dessins humoristiques sur le prophète Mohamed. 

La France vient d’interdire le port du voile à ses sportives lors des jeux olympiques qui doivent se dérouler sur son sol en 2024 et ceci en dépit de dispositions du CIO qui autorisent le port de ce signe vestimentaire controversé.

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Algérie : l’affaire El Kadi Ihsane devant la Cour suprême le 12 octobre

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Le dossier El Kadi Ihsane sera étudié par la Cour suprême ce 12 octobre. Il s’agit de traiter deux pourvois en cassation. Le premier concerne sa condamnation à six mois de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale » à la suite d’une plainte déposée par Amar Belhimer, qui était alors ministre de la Communication. Le second pourvoi porte sur sa condamnation en appel à cinq ans de prison prononcée en juin dernier.

Pour rappel, la Cour suprême se ne prononce pas sur le fond mais sur d’éventuelle vice de procédure. Or en la matière la défense a eu à démontrer que l’interpellation du journaliste comme l’instruction et le procès qui s’en sont suivis furent jalonnés d’abus et violation de la loi. 

« Au regard du droit, la Cour suprême devrait statuer en faveur du journaliste. Mais est-on face à une affaire de droit ? », s’interroge cet avocat spécialisé dans les arbitrages commerciaux mais qui a suivi de près l’affaire Ihsane  El Kadi. 

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Tunisie : un caricaturiste placé en garde à vue

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Tunisie. La communauté internationale redoute un effondrement du pays

Tewfiq Omari, talentueux caricaturiste tunisien, a été placé en garde à vue ce jeudi 21 septembre suite à une interpellation exécutée dans l’après-midi par la police. Il est accusé d’avoir ironisé sur l’omnipotence du chef de l’Etat devant son premier ministre.  Sur le dessin incriminé, on voit Kaïs Saïed s’adressant à Ahmed Hachani (chef du gouvernement) et qui lui dit : «  Je nomme les ministres et tu t’occupes de la Casbah (siège du gouvernement tunisien, ndlr). »

Les graves tensions qui opposent les régimes en Afrique du Nord n’empêchent pas leur égale sévérité à l’égard de la presse indépendante. Omar Radi et Solaimane Raissouni, deux journalistes d’investigation marocains, sont emprisonnés pour avoir fait leur travail. El Kadi Ihsane subit le même sort en Algérie. Et depuis maintenant deux ans, la Tunisie connait un tropisme autoritaire qui n’épargne pas les médias.

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Deux journalistes de Marianne expulsés du Maroc

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Deux journalistes de Marianne expulsés du Maroc

Le Maroc confirme son durcissement contre les médias. C’est manu militari que la photojournaliste Thérèse Di Campo et le reporter Quentin Müller travaillant pour le magazine français Marianne ont été conduits ce mercredi dans un avion de la Royal Air Maroc en partance pour la France. Aucune explication n’a été fournie par les autorités marocaines. Les deux journalistes étaient arrivés au Royaume pour enquêter sur les raisons de ce qu’ils considèrent être une exposition à minima du souverain marocain depuis le séisme qui a endeuillé son pays le 9 septembre. 

Marianne avait publié au mois de février un long dossier sur le lobbying exercé par le Maroc en France sous le titre évocateur «  Comment le Maroc nous tient ». Plus récemment, le magazine parisien avait publié un dessin satirique où on voit le roi se reposant en France ; alité, un verre de vin à la main, il se réjouit d’avoir été épargné par le séisme.

Par ailleurs, Quentin Müller ne cache pas son intention de publier un long reportage sur Mohamed VI dans lequel il dit avoir investigué sur l’entourage du monarque alaouite.

Marianne qui a dénoncé une expulsion « sans explications ni motif » n’hésite pas à lier cette décision avec les informations qu’il donne sur le régime marocain. 

De son côté, Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières, RSF pour l’Afrique du Nord a posté un message dans lequel il condamne « des méthodes inacceptables envers des journalistes dont la seule mission est d’informer. »  

Depuis maintenant trois ans, les autorités marocaines montrent une grande sévérité contre la presse nationale et étrangère qui se voit contrainte dans son droit d’informer. Des journalistes comme Omar Radi ou Souleimane Raissouni sont emprisonnés pour des motifs de droit commun alors que l’un comme l’autre osait pratiquer un journalisme d’investigation dont les pistes ont souvent conduit aux portes du Palais royal. 

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Tunis engage un bras de fer avec l’UE et refoule une délégation du parlement européen

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Tunis engage un bras de fer avec l’UE et refoule une délégation du parlement européen

On peut tout reprocher à Kais Saied, sauf de ne pas être rapide dans ses réactions quand il s’agit de répondre à des interpellations qui concernent sa gouvernance.

Le débat qui fait vibrer les murs du parlement européen sur le très controversé accord sur la migration, signé en juillet dernier, entre Tunis et l’Union européenne (voir adn-med de ce jour) et qui a notamment pointé du doigt les nombreuses dérives autoritaires du président tunisien a trouvé un écho immédiat au Palais de Carthage. Une délégation de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, qui devait effectuer une visite du 14 au 16 septembre en Tunisie, a tout simplement été refoulée à l’aéroport.

La note du ministère des Affaires étrangères (voir document ci-dessous) qui annonce sans la justifier cette décision en dit long sur l’embarras des diplomates tunisiens qui doivent décliner les sautes d’humeur présidentielles auxquelles ils sont bien en peine de trouver raison ou cohérence.  

Le groupe des Verts a aussitôt dénoncé cette décision arguant qu’elle « bafoue les valeurs que les démocrates tunisiens et l’Union européenne sont censés partager. » La vice-présidente du parlement européen n’est pas en reste. Elle vient de déclarer que « l’accord avec la Tunisie est une erreur et doit être suspendu. Le refus d’accueillir notre délégation est très grave. Il faut cesser de s’allier à des dictateurs et ennemis des droits de l’Homme. » 

Reste à connaître les conséquences de cette interdiction d’entrée en territoire tunisien à des parlementaires qui ont un vrai pouvoir d’observation sur des accords assortis de plusieurs centaines de millions d’euros octroyés à la Tunisie pour l’aider à lutter contre les migrations clandestines et à développer l’économie du pays. 

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Rentrée scolaire en Algérie : après la surenchère idéologique, l’improvisation

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La rentrée scolaire a été différée à deux reprises sans que les autorités aient donné une explication officielle convaincante aux élèves et aux parents. Sauf autre décision, un communiqué du ministère de l’Éducation nationale publié lundi dernier a annoncé la date du 19 septembre pour l’année scolaire 2023-2024. Livrées à la rumeur et aux informations confidentielles – pour celles qui ont des contacts personnels parmi les grands fonctionnaires -, la plupart des familles algériennes sont longtemps restées dans l’expectative.    

Numérisation artisanale

Les raisons de ces reports sont dues, pour une bonne part, à la numérisation des recrutements dans vacataires. En théorie, les postulants étaient invités à s’inscrire en ligne et l’administration devait affecter les enseignants après étude des dossiers sans que les concernés aient à se déplacer. L’initiative participait donc d’une bonne intention. Sauf que les plateformes censées enregistrer les candidatures, mal conçues et surtout pas ou insuffisamment testées en amont, ont été défaillantes. Du coup, les services des personnels de l’Éducation n’ayant aucun listing visible pour répartir leurs affectations se trouvent paralysés quand il fallait pourvoir à des postes restés, pour une raison ou une autre, vides. Ce qui a provoqué une sérieuse perturbation dans toutes les régions et sur toutes matières. Jusque-là, les académies pourvoyaient aux besoins exprimés par les établissements relevant de leur compétence, selon les impondérables engendrés par des maladies, des changements de profession, des déplacements du conjoint, des départs en exil… 

Un autre phénomène est venu compliquer la donne. L’introduction de l’éducation physique et de l’anglais dans le primaire a nécessité une demande en personnels proportionnelle à ces deux nouvelles programmations. Compte tenu des horaires limités dédiés à ces deux disciplines, un maitre pouvait être appelé à effectuer des rotations sur plusieurs écoles de la commune. De plus, les municipalités n’ont pas toutes des requêtes similaires. Une difficulté à laquelle une numérisation précipitée n’a pas pu répondre de façon adéquate.

Idéologie hégémonique

Ces dysfonctionnements fonctionnels, sur fond de surenchère idéologique, sont aggravés par l’obligation faite désormais aux écoles privées de calquer leur pédagogie, les langues d’enseignement et leur programme sur ceux de l’école publique. Ce propriétaire de locaux loués en Kabylie à une structure éducative privée témoigne : « Les familles des classes moyennes qui se saignaient aux quatre veines pour dispenser à leurs enfants un savoir plus cohérent et plus rationnel que celui des programmes aliénants du système étatique décident de ne pas prélever des sommes importantes sur leur budget pour un savoir identique à celui qu’ils peuvent avoir gratuitement dans le public. D’où les fermetures de nos locaux qui vont amplifier l’engorgement des classes déjà peu et mal encadrées. »

A ces désordres, s’ajoutent l’état de déshérence dans lequel se trouvent les établissements scolaires, notamment ceux du moyen et du secondaire. Des vitres cassées ne sont pas réparées, les sanitaires sont dans une déplorable insalubrité et, bien souvent, les peintures n’ont pas été refaites depuis la réception des bâtiments. Les retards dans les réalisations font que des collèges ou des lycées ne sont pas livrés dans les délais prévus. Dans ces imprévisibles contraintes, les écoles primaires sont encore les moins mal loties car elles relèvent des municipalités qui les entretiennent à la mesure des maigres ressources dont elles peuvent disposer. « J’espère qu’ils ne vont pas numériser notre gestion », s’inquiète cet élu de Rouiba, banlieue est d’Alger, dont l’assemblée populaire communale (APC), elle, dispose de substantielles fiscalités versées par les entreprises industrielles implantées sur son territoire.   

Dans l’enseignement supérieur, la situation n’est pas plus brillante. La décision de remplacer le français par l’anglais dans les facultés, prise en plein été, a été dénoncée comme une faute gravissime par les experts qui ont vainement tenté d’avertir contre les effets calamiteux d’une idéologisation aussi sectaire qu’irresponsable. Promettre officiellement le recrutement et la formation en nombre et en qualité d’enseignants de rang universitaire en deux mois était un attentat contre l’université algérienne. Le courant islamo-conservateur qui sait que sur ce sujet, tabou parmi les tabous, aucune opposition ne sera assumée dans les institutions a maintenu ses annonces démagogiques, quitte à mettre en péril l’année universitaire.

Entre une idéologie hégémonique et archaïque et les improvisations de dirigeants qui traitent les effets et non les causes du problème dont il souffre, l’enseignement algérien demeure l’arme de prise de pouvoir qu’il a été depuis le premier jour de l’indépendance. L’instrument qu’appellent l’émancipation citoyenne et le développement collectif algérien attendra.

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Vagues d’arrestations en Tunisie

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Tunisie. La communauté internationale redoute un effondrement du pays

La rentrée sociale s’annonce chaude en Tunisie. Et pas seulement à cause des sévères et multiples problèmes sociaux. Des arrestations touchant diverses secteurs d’activité ont été opérées en l’espace de 48 heures et ceci après une réunion tenue par le chef de l’Etat le 4 septembre 2023 avec son ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, Mourad Saïdane, directeur de la Sûreté nationale, et le responsable de la Garde nationale, Houcine Gharbi. 

Les traditionnels marqueurs de la politique complotiste qui prétend éradiquer les agents attentant à l’Etat étaient là. Pour Kais Saied, il s’agit de continuer et d’approfondir  « le travail commun de tous les appareils de l’État pour combattre (…) tous ceux qui mènent une campagne électorale déguisée en créant des crises derrière lesquelles se trouvent des lobbys connus qui pensent être au-dessus de la loi et de la reddition des comptes ». Les résultats furent rapides. Mardi 5 septembre, l’ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali est appréhendé pour être remis en liberté tard dans la soirée. Il avait été entendu pour des nominations auxquelles il avait procédé en… 2011 et 2013. 

Dans la soirée du même jour, deux hauts dignitaires du parti  Ennahdha, ( opposition islamiste ), Moundher Ounissi, président par intérim, et Abdelkrim Harouni, chef du conseil consultatif, de cette formation sont arrêtés. Toujours dans la journée du mardi, Sami Ben Slama, un ancien membre de l’Instance de surveillance indépendante des élections ( ISIE) est invité à se présenter le lendemain mercredi à 8h30, devant la brigade criminelle d’El Gorjani pour une comparution directe devant le tribunal de première instance de Tunis. La justice avait opportunément réchauffé une plainte déposée contre lui par l’un des anciens dirigeant de cette instance. 

Dans la nuit du mardi au mercredi, les mouches électroniques du pouvoir laissent se répandre l’information que l’un des plus grands investisseurs du pays serait sous les verrous… 

Trois jours auparavant, c’est le journaliste Khalifa Guesmi a été arrêté pour subir une condamnation à cinq ans de prison suite à son refus de dévoiler sa source sur une information qui s’est avérée juste et qu’il avait donnée sur la radio Mosaïque FM.

Sans atteindre l’ampleur de la répression du mois de février, cette campagne alternant interpellations et emprisonnements qui affecte les secteurs politiques, médiatiques, associatifs et économiques est interprétée par les observateurs de la scène tunisienne comme un avertissement aux forces contestataires tunisiennes avant une rentrée sociale marquée par les pénuries en tout genre et une inflation à deux chiffres.

Kais Saied peut compter sur l’indifférence de l’Europe, absorbée par la guerre en Ukraine, et le délitement de la classe politique minée par ses divisions et disqualifiée par une profonde désaffection populaire.  

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Morts des deux marocains à Saidia : l’Algérie réagit

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algérie maroc

Cinq jours après l’incident qui a couté la vie à deux jeunes Marocains évoluant en jet ski dans les eaux territoriales algériennes au large de la ville balnéaire de Saidia, le ministère de la défense nationale algérien a publié ce dimanche répercuté par l’agence officielle APS dans lequel on peut lire : « Lors d’une patrouille de sécurisation et de contrôle au niveau de nos eaux territoriales, une unité de garde-côte (…) a intercepté dans la soirée du 29 aout 2023 à 19h47, trois jet-ski ayant franchi clandestinement nos eaux territoriales ». Le ministère algérien assure que les garde-côtes ont lancé « un avertissement sonore » et sommé les contrevenants de « s’arrêter à plusieurs reprises », et que les trois individus « ont refusé d’obtempérer », préférant choisir de prendre la fuite en « recourant à des manœuvres dangereuses ».

Le communiqué précise en outre que cette zone maritime est un lieu d’activité « accrue des bandes de narcotrafic ( sic) et du crime organisé » et explique que ce n’est qu’après plusieurs tirs de sommations que  «  des coups de feu ont été tirés, contraignant un des jets skis à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite.» sans donner plus d’informations sur le sort du pilote du jet ski contraint de «  s’immobiliser ».

Tout en rapportant que « le mercredi 30 aout à 17 h, et lors d’une autre patrouille des garde- côtes, un cadavre de sexe masculin non identifié a été repêché, présentant un impact de balles par armes à feu », la même source invite « les divers médias nationaux, les utilisateurs des réseaux sociaux et les citoyens à ne pas prêter attention aux fausses informations qui circulent visant à nuire à l’image honorable de l’armée nationale populaire. »   

La version algérienne est sensiblement différente de celle qui est fournie par les témoins marocains dont certains ont filmé l’incident.  Par ailleurs, le cadavre découvert par une autre unité des garde-côtes algériennes serait un deuxième victime puisqu’une autre personne, également tuée par balles a été retrouvée suite au signalement d’un pêcheur marocain ( voir adn-med du 1er septembre ) avant d’être enterrée le lendemain à Oujda en présence de plusieurs  centaines de personnes.

Le parquet marocain a ouvert une enquête. Une procédure identique a été lancée par la parquet français car l’une des victimes est franco-marocaine. 

D’aucuns estiment que cet imbroglio politico-juridique n’a pas fini d’agiter des relations algéro-marocaines déjà bien compliquées.

A l’heure où nous mettons en ligne nul ne sait si le cadavre retrouvé le lendemain de l’incident et déposé à la morgue de la polyclinique de Marsat Ben M’hidi  (Tlemcen) a été restitué à la famille du défunt.

Voir ci-dessous le communiqué intégral du ministère algérien de la défense nationale.

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MAROC-ESPAGNE : Albares, ministre des affaires étrangères par intérim se veut confiant

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Dans un déclaration faite ce dimanche à l’agence de presse espagnole Europa press, Jose Manuel Albares, ministre par interim des affaires étrangères dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne estime que le procesus engagé par le gouvernement de Pedro Sanchez «  se poursuivra ». Développant sa pensée Monsieur Abares précise :  « Une feuille de route est un processus, un engagement à long terme entre les deux pays » et ceci quel que soit celui qui conduit le gouvernement. 

Pour attester de la pertinence de la vision de l’ancienne majorité socialiste, battue par la droite aux dernières élections législatives anticipées le chef de la diplomatie ibérique avance la réduction significative du nombre d’immigrants sur les côtes espagnoles en comparaison de ce que subissent l’Italie ou la Grèce, « les chiffres du commerce qui continuent de croître de manière exponentielle mois après mois » mais aussi  « l’extraordinaire coopération dans la lutte contre le terrorisme. »

Le ministre intérimaire se plait à rappeler que « Tous les présidents du gouvernement espagnol ont indiqué que la première priorité de la politique extérieure est le Maroc ». 

Une position nuancé par Alberto Núñez Feijóo, responsable du parti populaire ( PP ) proposé par le roi Felipe VI  pour être nommé à la présidence du gouvernement en remplacement de Pedro Sanchez si toutefois le vote du parlement venait à valider la proposition royale.

Pendant la campagne électorale Alberto Núñez Feijóo avait clairement laissé entendre qu’il soumettrait çà un débat parlementaire le dossier du Sahara occidental sur lequel le gouvernement Sanchez a adopté un alignement sur la position marocaine qui a conduit à une crise avec l’Algérie.

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Politique

Décès de deux franco-marocains à Saïdia. La France s’implique

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Le corps d’un jeune franco-marocain flottant à fleur d’eau a été repêché au large de de Saïdia suite au signalement d’un pécheur marocain. Il a été identifié comme étant Bilal Kissi. Son frère Mohamed a retracé le déroulé du tragique incident qui lui a couté la vie.

Des jeunes, dont les frères Kissi se trouvaient en villégiature dans cette ville balnéaire marocaine frontalière de l’Algérie. Ils évoluaient en jet-skis et se seraient involontairement retrouvés dans les eaux territoriales algériennes avant de faire l’objet de tirs de la part des garde-côtes algériennes ; une fusillade qui aurait fait deux morts. Le troisième vacancier, Smail Snabé, aurait été interpellé par les marins algériens.

Selon l’AFP, qui cite le ministère français des affaires étrangères français, il n’y aurait eu qu’un seul mort français, ce qui laisserait supposer que le seconde victime serait de nationalité marocaine uniquement. Le communiqué de ce département ministériel a déclaré que «  Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien » Pour sa part, la porte-parole du Quai d’Orsay a fait savoir que «  le parquet était avisé. »

Sur la toile, des internautes accablent la marine algérienne qu’ils accusent d’avoir délibérément ouvert le feu sur des vacanciers. Du côté officiel, les autorités marocaines restent mesurées. Interrogé ce jeudi sur cette affaire, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas a répondu que ce genre d’incidents relève de la compétence exclusive de l’institution judiciaire.

Au moment où nous mettons en ligne, l’Algérie n’a pas commenté l’événement.

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