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CHENGRIHA A PARIS : LE FOND ET LA FORME CHENGRIHA A PARIS : LE FOND ET LA FORME

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CHENGRIHA A PARIS : LE FOND ET LA FORME

La visite du militaire algérien à Paris précède et fixe le contenu et le sens de celle que doit effectuer au mois de mai le président Tebboune

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Le chef de l’état-major de l’armée nationale populaire algérienne, l’ANP vient de clore ce jeudi 26 janvier une visite de quatre jours à Paris au cours de laquelle il a rencontré son homologue français après avoir été reçu par le président français et son ministre des armées, Sébastien Lecornu ; un ordre protocolaire qui souligne le poids de l’institution militaire dans le système politique algérien.

Nouveau décor

Si les secousses politiques récurrentes ont peu influé sur la qualité des relations qu’entretiennent les armées des deux pays, vérifiées notamment par la bonne coopération de leurs services de renseignement, les déplacements de responsables militaires de haut rang, qui plus est sur une période aussi longue sont peu fréquents. Du reste, les communiqués sanctionnant ces liens sont peu diserts. L’Algérie, soucieuse de préserver sa rhétorique anticolonialiste préfère afficher les exercices communs effectués avec les militaires russes ou d’autres partenaires et la France évite d’insister sur l’exposition d’une institution qui a conduit une guerre sanglante qui a meurtri les populations locales, épisode que n’hésitent pas à lui rappeler les officiels algériens à chaque poussée de fièvre survenant entre les deux capitales. 

Cette visite n’échappe pas à la règle : elle a servi à définir « les perspectives et les voies permettant de consolider la coopération dans les deux domaines militaire et sécuritaire », fait savoir le ministère de la défense algérienne dans un communiqué lapidaire. Pour leur part, les médias de l’Hexagone se sont contentés de signaler l’arrivée du militaire algérien à Paris.  

Il faut donc chercher ailleurs les explications qui font de ce déplacement un évènement particulier. Sa durée, quatre jours, son agenda – il survient à peine cinq mois après le voyage du président français qui avait eu à Alger une séance de travail avec la haute hiérarchie militaire algérienne, une première, et il précède la visite du président Abdelmadjid Tebboune, programmée pour le mois de mai –, autant d’éléments qui font que les observateurs initiés aux arcanes de la politique algérienne ont scrupuleusement suivi les faits et gestes du chef de l’état-major de l’ANP.

Les militaires algériens, apparaissent rarement sur la scène politique et encore moins quand il s’agit d’échanges avec la France. Cette visibilité assumée atteste d’une démarche inédite. Tout se passe comme si l’armée, véritable détentrice du pouvoir, entendait fixer dans l’intimité des cabinets les règles devant désormais lier les deux nations et les objectifs auxquels elles doivent tendre avant que ces accords ne soient rendus publics au printemps lors de la visite du chef de l’Etat algérien. 

Alger a la main

Dans les milieux français, les commentaires se font encore plus discrets. Les relations avec l’Algérie se remettent d’une violente brouille, pas question donc de prendre le moindre risque de perturber une lune de miel que Macron entend bien prolonger en mariage de raison faute de le vivre dans la passion que célèbrent les amoureux des deux peuples. Paris qui a fait son deuil de la singularité de son histoire avec Alger veut rester pragmatique avec des dirigeants qui tiennent toujours à cultiver leur statut de colonisé pour empêcher l’émergence de rapports transparents et horizontaux où des gouvernements adultes pourraient se parler en tant que tels.

Pour Alger le message est clair. Si la France renonce à son soft power en Algérie, c’est-à-dire qu’elle accepte la disparition de langue française et qu’elle s’abstient de commenter le caractère despotique du régime en place, les affaires peuvent prospérer. Le pouvoir apprécie d’ailleurs que le chef de l’Etat français – jugé peu convaincu de la réalité de la culture française et insensible aux  ressentis subjectifs légués par l’histoire – ait rétropédalé sur les jugements crus qu’il avait portés sur la nature du régime algérien en 2021. Sitôt le regret esquissé, les entreprises françaises furent informées qu’elles allaient accéder au marché algérien et, pourquoi pas, voir le volume commercial de leurs exportations revenir à des niveaux qui pourraient avoisiner ceux qui avaient longtemps fait de la France le premier fournisseur de l’Algérie. Le deal est simple : silences contre contrats. Sur le plan économique, les choses étaient bien engagées après la visite de la première ministre française qui a rapidement suivi celle de son président. Il restait à étendre la nouvelle vision aux domaines militaires.  

Au lendemain de l’indépendance et malgré le choix de la proximité avec l’URSS, la coopération militaire algéro-française  était dense, notamment en matière de formation. Beaucoup de hauts gradés algériens ont bénéficié d’un stage, d’une mise à niveau ou d’une spécialisation dans l’une des grandes écoles militaires françaises et ceci pour toutes les armes.

Avec le déclin de la langue française, ces cycles se rarifièrent pour être effectués en Russie (qui a toujours accueilli des militaires algériens), dans certains pays anglo-saxons, plus rarement ceux de l’ex Europe de l’est et quelques académies arabes.

C’est donc une vieille tradition que cherche à restaurer l’état-major algérien. Pourquoi ?

On vient de le voir, business is business, et la France où vit une communauté importante d’Algériens sensibles au destin de son pays d’origine, a décidé « de stériliser émotionnellement » ses rapports avec son ancienne colonie. Le quai d’Orsay n’a pas soufflé mot sur les abus d’un pouvoir décidé à caporaliser la société. Sensible à cette compréhension, les responsables algériens font autant de concessions économiques que nécessaire pour obtenir les silences complices sans lesquels il leur serait vain de postuler à un minimum de respectabilité internationale.

Un autre problème pèse sur cette conjoncture où se croisent les considérations diplomatiques et géopolitiques. En effet, en Afrique du nord, Paris vit un ménage à trois. Pour voler le statut de partenaire privilégié à Rabat, Alger est prêt à bien des accommodements voire des sacrifices. Après avoir accusé le coup suite à l’alignement de Madrid sur les positions marocaines dans le dossier du Sahara occidental, les Algériens suivent avec une jubilation non dissimulée le scandale de corruption dans lequel se débat le Royaume au Parlement européen. Dans l’immédiat, Rabat n’est plus le vis à vis fiable et prévisible que choyait l’Union européenne et Alger compte bien pousser la situation à son avantage.

Enfin, le déclassement de la France au Sahel – où l’Algérie reste particulièrement présente et active -, met cette dernière dans un rapport de force qui lui est largement favorable.

Limites d’une entente

A première vue, la France semble avoir cautérisé les béances politiques et les aigreurs subjectives qui minaient ses relations avec le système FLN. Les données sur lesquelles repose cette nouvelle entente sont factuellement justes. Mais à y regarder de près, les règles qui fondent le new deal algéro-français sont stratégiquement erronées pour certaines et aléatoires pour d’autres, autant de considérations qui annoncent, à terme, des retours de flammes à hauts risques.   

La sous-traitance sécuritaire tacite concédée par la force des choses à l’Algérie au Sahel sera rapidement confrontée à un conflit de loyauté que ne peut longtemps compenser le grand écart auquel se livrent les Algériens. Pour le président français, les milices russes Wagner présentes en Libye, au Mali, en Centre Afrique et bientôt au Burkina Faso sont une manifestation de l’impérialisme russe qui surfe sur les ressentiments post-coloniaux. Une analyse que ne peut se permettre d’entendre Alger pour qui Moscou reste un allié, c’est un euphémisme, de premier choix qui pourvoit à l’essentiel des besoins de son armée. Par ailleurs, dans la crise ukrainienne, la position du pouvoir algérien – qui aspire à rejoindre les BRICS – confirme ses préférences pour le futur ordre mondial auquel travaille le Kremlin et où les autocraties se présenteraient comme une alternative à la démocratie occidentale décadente.  

Sur le plan régional, rien ne dit que les difficultés passagères essuyées par le Maroc – qui sont aussi des signes d’un régime conservateur qui peine à s’affranchir de pratiques féodales qui handicapent d’abord le citoyen marocain – ne seront pas dépassées par la dynamique d’ouverture amorcée, entre autres, par « les accords d’Abraham ».

Autre erreur d’appréciation stratégique : l’émigration.  Passer par perte et profit la communauté algérienne résidant en France – potentiel levier de connexion féconde entre les deux pays –  en encourageant la Mosquée de Paris à accomplir des missions dévolues à l’ambassade et celles de la défunte et sinistre Amicale des Algériens en Europe est un pari risqué. L’expérience a montré que s’agissant de l’islam, la délégation de l’autorité politique au dogme religieux, quand bien même celui-ci serait-il incarné par un profil bcbg, pour espérer canaliser ou, plus grave, former les esprits, a en définitive toujours profité aux radicalismes. C’est parce que l’Algérie a confié son école aux Oulamas que le fondamentalisme a prospéré.

Reste la question énergétique. Consommant l’essentiel des ressources financières tirées de ses hydrocarbures pour importer des produits de première nécessité, l’Algérie n’a pas pu investir suffisamment pour augmenter ses capacités de production gazière. Tenue par des contrats qui la lie à l’Espagne et ayant fait le choix d’alimenter massivement l’Italie qui envisage d’être un hub pour le gaz algérien, elle ne peut satisfaire d’autres demandes, en tout cas pas dans les prochaines années.

Enfin, tirer profit d’un exode des cadres algériens poussés à l’exil par l’indigence d’un pouvoir que l’on se choisit comme l’un de ses partenaires privilégiés dans le sud ne peut constituer un projet de construction géopolitique viable sur les moyen et long termes.  On ne peut pas coopérer durablement avec un pays qui ne parvient pas à retenir, rassurer et séduire ses enfants.

Cette difficulté à définir des perspectives communes crédibles et performantes pouvant garantir la stabilité dans la Méditerranée occidentale et en Afrique du nord est aggravée par l’incapacité des élites algériennes à porter un projet démocratique alternatif. 

Dans la nouvelle relation algéro-française, la tactique prime la stratégie. En s’occupant des effets et en occultant délibérément les causes de leurs mésententes, Paris et Alger peuvent se procurer une période de répit, ce faisant elles auront différé – et à quel prix ? – les moments de vérité que n’ont pas voulu traiter des régimes qui gouvernent deux peuples qui, quoi qu’on dise, ont vécu ensemble pendant plus d’un siècle et qui sont plus que jamais interdépendants.      

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Droit au blasphème : l’Algérie en pointe des sanctions

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Droit au blasphème : l’Algérie en pointe des sanctions

Intervenant ce lundi en visioconférence lors d’une réunion des parlements de l’Union des conseils des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique dont il assure la présidence, Brahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale algérienne, a appelé à une démarche commune pour faire pression sur les pays qui tolèrent le droit au blasphème afin de les amener à amender leur législation sur ce sujet.

Cette initiative fait suite à des autodafés commis, notamment dans les pays scandinaves (Danemark et Suède ) par des réfugiés du Moyen-Orient, qui ont fui l’extrémisme fondamentaliste, ou des militants nationalistes dénonçant le prosélytisme islamiste.

Le président de la Chambre basse algérienne a notamment déclaré : « Nous prenons acte des excuses tardives des gouvernements suédois et danois et leur annonce de réexaminer leurs lois afin d’éviter la répétition de ces pratiques, ainsi que l’adoption d’une résolution par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies condamnant l’autodafé du Saint Coran », avant d’ajouter  : « Nous sommes appelés ainsi à prendre des mesures appropriées pour prévenir ces comportements (…) à travers le renforcement de l’action multilatérale pour émettre des résolutions et des législations criminalisant les atteintes aux lieux saints religieux, en sus de poursuivre les auteurs et d’empêcher que ces pratiques ne deviennent un modèle social admis dans les milieux populaires et officiels occidentaux. »

Le Danemark qui a introduit il y a seulement six ans dans sa législation le droit au blasphème vient de faire savoir qu’il envisageait de revoir ses lois sur ce sujet. Une attitude qui risque de ne pas recueillir l’assentiment d’autres pays sur un dossier considéré comme un acquis démocratique. En France, pays de la laïcité, les débats sur cette thématique particulière remontent à Voltaire. D’ailleurs, une pétiton dénonçant ce qui est considéré comme une abdication du Danemark devant le chantage intégriste a été lancée par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, suivi par six autres titres, qui avait vu sa rédaction décimée par un commando islamiste pour avoir publié, en solidarité avec un journal danois, des dessins humoristiques sur le prophète Mohamed. 

La France vient d’interdire le port du voile à ses sportives lors des jeux olympiques qui doivent se dérouler sur son sol en 2024 et ceci en dépit de dispositions du CIO qui autorisent le port de ce signe vestimentaire controversé.

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Algérie : l’affaire El Kadi Ihsane devant la Cour suprême le 12 octobre

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Le dossier El Kadi Ihsane sera étudié par la Cour suprême ce 12 octobre. Il s’agit de traiter deux pourvois en cassation. Le premier concerne sa condamnation à six mois de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale » à la suite d’une plainte déposée par Amar Belhimer, qui était alors ministre de la Communication. Le second pourvoi porte sur sa condamnation en appel à cinq ans de prison prononcée en juin dernier.

Pour rappel, la Cour suprême se ne prononce pas sur le fond mais sur d’éventuelle vice de procédure. Or en la matière la défense a eu à démontrer que l’interpellation du journaliste comme l’instruction et le procès qui s’en sont suivis furent jalonnés d’abus et violation de la loi. 

« Au regard du droit, la Cour suprême devrait statuer en faveur du journaliste. Mais est-on face à une affaire de droit ? », s’interroge cet avocat spécialisé dans les arbitrages commerciaux mais qui a suivi de près l’affaire Ihsane  El Kadi. 

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Tunisie : un caricaturiste placé en garde à vue

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Tunisie. La communauté internationale redoute un effondrement du pays

Tewfiq Omari, talentueux caricaturiste tunisien, a été placé en garde à vue ce jeudi 21 septembre suite à une interpellation exécutée dans l’après-midi par la police. Il est accusé d’avoir ironisé sur l’omnipotence du chef de l’Etat devant son premier ministre.  Sur le dessin incriminé, on voit Kaïs Saïed s’adressant à Ahmed Hachani (chef du gouvernement) et qui lui dit : «  Je nomme les ministres et tu t’occupes de la Casbah (siège du gouvernement tunisien, ndlr). »

Les graves tensions qui opposent les régimes en Afrique du Nord n’empêchent pas leur égale sévérité à l’égard de la presse indépendante. Omar Radi et Solaimane Raissouni, deux journalistes d’investigation marocains, sont emprisonnés pour avoir fait leur travail. El Kadi Ihsane subit le même sort en Algérie. Et depuis maintenant deux ans, la Tunisie connait un tropisme autoritaire qui n’épargne pas les médias.

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Deux journalistes de Marianne expulsés du Maroc

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Deux journalistes de Marianne expulsés du Maroc

Le Maroc confirme son durcissement contre les médias. C’est manu militari que la photojournaliste Thérèse Di Campo et le reporter Quentin Müller travaillant pour le magazine français Marianne ont été conduits ce mercredi dans un avion de la Royal Air Maroc en partance pour la France. Aucune explication n’a été fournie par les autorités marocaines. Les deux journalistes étaient arrivés au Royaume pour enquêter sur les raisons de ce qu’ils considèrent être une exposition à minima du souverain marocain depuis le séisme qui a endeuillé son pays le 9 septembre. 

Marianne avait publié au mois de février un long dossier sur le lobbying exercé par le Maroc en France sous le titre évocateur «  Comment le Maroc nous tient ». Plus récemment, le magazine parisien avait publié un dessin satirique où on voit le roi se reposant en France ; alité, un verre de vin à la main, il se réjouit d’avoir été épargné par le séisme.

Par ailleurs, Quentin Müller ne cache pas son intention de publier un long reportage sur Mohamed VI dans lequel il dit avoir investigué sur l’entourage du monarque alaouite.

Marianne qui a dénoncé une expulsion « sans explications ni motif » n’hésite pas à lier cette décision avec les informations qu’il donne sur le régime marocain. 

De son côté, Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières, RSF pour l’Afrique du Nord a posté un message dans lequel il condamne « des méthodes inacceptables envers des journalistes dont la seule mission est d’informer. »  

Depuis maintenant trois ans, les autorités marocaines montrent une grande sévérité contre la presse nationale et étrangère qui se voit contrainte dans son droit d’informer. Des journalistes comme Omar Radi ou Souleimane Raissouni sont emprisonnés pour des motifs de droit commun alors que l’un comme l’autre osait pratiquer un journalisme d’investigation dont les pistes ont souvent conduit aux portes du Palais royal. 

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Tunis engage un bras de fer avec l’UE et refoule une délégation du parlement européen

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Tunis engage un bras de fer avec l’UE et refoule une délégation du parlement européen

On peut tout reprocher à Kais Saied, sauf de ne pas être rapide dans ses réactions quand il s’agit de répondre à des interpellations qui concernent sa gouvernance.

Le débat qui fait vibrer les murs du parlement européen sur le très controversé accord sur la migration, signé en juillet dernier, entre Tunis et l’Union européenne (voir adn-med de ce jour) et qui a notamment pointé du doigt les nombreuses dérives autoritaires du président tunisien a trouvé un écho immédiat au Palais de Carthage. Une délégation de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, qui devait effectuer une visite du 14 au 16 septembre en Tunisie, a tout simplement été refoulée à l’aéroport.

La note du ministère des Affaires étrangères (voir document ci-dessous) qui annonce sans la justifier cette décision en dit long sur l’embarras des diplomates tunisiens qui doivent décliner les sautes d’humeur présidentielles auxquelles ils sont bien en peine de trouver raison ou cohérence.  

Le groupe des Verts a aussitôt dénoncé cette décision arguant qu’elle « bafoue les valeurs que les démocrates tunisiens et l’Union européenne sont censés partager. » La vice-présidente du parlement européen n’est pas en reste. Elle vient de déclarer que « l’accord avec la Tunisie est une erreur et doit être suspendu. Le refus d’accueillir notre délégation est très grave. Il faut cesser de s’allier à des dictateurs et ennemis des droits de l’Homme. » 

Reste à connaître les conséquences de cette interdiction d’entrée en territoire tunisien à des parlementaires qui ont un vrai pouvoir d’observation sur des accords assortis de plusieurs centaines de millions d’euros octroyés à la Tunisie pour l’aider à lutter contre les migrations clandestines et à développer l’économie du pays. 

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Rentrée scolaire en Algérie : après la surenchère idéologique, l’improvisation

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La rentrée scolaire a été différée à deux reprises sans que les autorités aient donné une explication officielle convaincante aux élèves et aux parents. Sauf autre décision, un communiqué du ministère de l’Éducation nationale publié lundi dernier a annoncé la date du 19 septembre pour l’année scolaire 2023-2024. Livrées à la rumeur et aux informations confidentielles – pour celles qui ont des contacts personnels parmi les grands fonctionnaires -, la plupart des familles algériennes sont longtemps restées dans l’expectative.    

Numérisation artisanale

Les raisons de ces reports sont dues, pour une bonne part, à la numérisation des recrutements dans vacataires. En théorie, les postulants étaient invités à s’inscrire en ligne et l’administration devait affecter les enseignants après étude des dossiers sans que les concernés aient à se déplacer. L’initiative participait donc d’une bonne intention. Sauf que les plateformes censées enregistrer les candidatures, mal conçues et surtout pas ou insuffisamment testées en amont, ont été défaillantes. Du coup, les services des personnels de l’Éducation n’ayant aucun listing visible pour répartir leurs affectations se trouvent paralysés quand il fallait pourvoir à des postes restés, pour une raison ou une autre, vides. Ce qui a provoqué une sérieuse perturbation dans toutes les régions et sur toutes matières. Jusque-là, les académies pourvoyaient aux besoins exprimés par les établissements relevant de leur compétence, selon les impondérables engendrés par des maladies, des changements de profession, des déplacements du conjoint, des départs en exil… 

Un autre phénomène est venu compliquer la donne. L’introduction de l’éducation physique et de l’anglais dans le primaire a nécessité une demande en personnels proportionnelle à ces deux nouvelles programmations. Compte tenu des horaires limités dédiés à ces deux disciplines, un maitre pouvait être appelé à effectuer des rotations sur plusieurs écoles de la commune. De plus, les municipalités n’ont pas toutes des requêtes similaires. Une difficulté à laquelle une numérisation précipitée n’a pas pu répondre de façon adéquate.

Idéologie hégémonique

Ces dysfonctionnements fonctionnels, sur fond de surenchère idéologique, sont aggravés par l’obligation faite désormais aux écoles privées de calquer leur pédagogie, les langues d’enseignement et leur programme sur ceux de l’école publique. Ce propriétaire de locaux loués en Kabylie à une structure éducative privée témoigne : « Les familles des classes moyennes qui se saignaient aux quatre veines pour dispenser à leurs enfants un savoir plus cohérent et plus rationnel que celui des programmes aliénants du système étatique décident de ne pas prélever des sommes importantes sur leur budget pour un savoir identique à celui qu’ils peuvent avoir gratuitement dans le public. D’où les fermetures de nos locaux qui vont amplifier l’engorgement des classes déjà peu et mal encadrées. »

A ces désordres, s’ajoutent l’état de déshérence dans lequel se trouvent les établissements scolaires, notamment ceux du moyen et du secondaire. Des vitres cassées ne sont pas réparées, les sanitaires sont dans une déplorable insalubrité et, bien souvent, les peintures n’ont pas été refaites depuis la réception des bâtiments. Les retards dans les réalisations font que des collèges ou des lycées ne sont pas livrés dans les délais prévus. Dans ces imprévisibles contraintes, les écoles primaires sont encore les moins mal loties car elles relèvent des municipalités qui les entretiennent à la mesure des maigres ressources dont elles peuvent disposer. « J’espère qu’ils ne vont pas numériser notre gestion », s’inquiète cet élu de Rouiba, banlieue est d’Alger, dont l’assemblée populaire communale (APC), elle, dispose de substantielles fiscalités versées par les entreprises industrielles implantées sur son territoire.   

Dans l’enseignement supérieur, la situation n’est pas plus brillante. La décision de remplacer le français par l’anglais dans les facultés, prise en plein été, a été dénoncée comme une faute gravissime par les experts qui ont vainement tenté d’avertir contre les effets calamiteux d’une idéologisation aussi sectaire qu’irresponsable. Promettre officiellement le recrutement et la formation en nombre et en qualité d’enseignants de rang universitaire en deux mois était un attentat contre l’université algérienne. Le courant islamo-conservateur qui sait que sur ce sujet, tabou parmi les tabous, aucune opposition ne sera assumée dans les institutions a maintenu ses annonces démagogiques, quitte à mettre en péril l’année universitaire.

Entre une idéologie hégémonique et archaïque et les improvisations de dirigeants qui traitent les effets et non les causes du problème dont il souffre, l’enseignement algérien demeure l’arme de prise de pouvoir qu’il a été depuis le premier jour de l’indépendance. L’instrument qu’appellent l’émancipation citoyenne et le développement collectif algérien attendra.

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Vagues d’arrestations en Tunisie

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Tunisie. La communauté internationale redoute un effondrement du pays

La rentrée sociale s’annonce chaude en Tunisie. Et pas seulement à cause des sévères et multiples problèmes sociaux. Des arrestations touchant diverses secteurs d’activité ont été opérées en l’espace de 48 heures et ceci après une réunion tenue par le chef de l’Etat le 4 septembre 2023 avec son ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, Mourad Saïdane, directeur de la Sûreté nationale, et le responsable de la Garde nationale, Houcine Gharbi. 

Les traditionnels marqueurs de la politique complotiste qui prétend éradiquer les agents attentant à l’Etat étaient là. Pour Kais Saied, il s’agit de continuer et d’approfondir  « le travail commun de tous les appareils de l’État pour combattre (…) tous ceux qui mènent une campagne électorale déguisée en créant des crises derrière lesquelles se trouvent des lobbys connus qui pensent être au-dessus de la loi et de la reddition des comptes ». Les résultats furent rapides. Mardi 5 septembre, l’ancien chef du gouvernement Hamadi Jebali est appréhendé pour être remis en liberté tard dans la soirée. Il avait été entendu pour des nominations auxquelles il avait procédé en… 2011 et 2013. 

Dans la soirée du même jour, deux hauts dignitaires du parti  Ennahdha, ( opposition islamiste ), Moundher Ounissi, président par intérim, et Abdelkrim Harouni, chef du conseil consultatif, de cette formation sont arrêtés. Toujours dans la journée du mardi, Sami Ben Slama, un ancien membre de l’Instance de surveillance indépendante des élections ( ISIE) est invité à se présenter le lendemain mercredi à 8h30, devant la brigade criminelle d’El Gorjani pour une comparution directe devant le tribunal de première instance de Tunis. La justice avait opportunément réchauffé une plainte déposée contre lui par l’un des anciens dirigeant de cette instance. 

Dans la nuit du mardi au mercredi, les mouches électroniques du pouvoir laissent se répandre l’information que l’un des plus grands investisseurs du pays serait sous les verrous… 

Trois jours auparavant, c’est le journaliste Khalifa Guesmi a été arrêté pour subir une condamnation à cinq ans de prison suite à son refus de dévoiler sa source sur une information qui s’est avérée juste et qu’il avait donnée sur la radio Mosaïque FM.

Sans atteindre l’ampleur de la répression du mois de février, cette campagne alternant interpellations et emprisonnements qui affecte les secteurs politiques, médiatiques, associatifs et économiques est interprétée par les observateurs de la scène tunisienne comme un avertissement aux forces contestataires tunisiennes avant une rentrée sociale marquée par les pénuries en tout genre et une inflation à deux chiffres.

Kais Saied peut compter sur l’indifférence de l’Europe, absorbée par la guerre en Ukraine, et le délitement de la classe politique minée par ses divisions et disqualifiée par une profonde désaffection populaire.  

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Morts des deux marocains à Saidia : l’Algérie réagit

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algérie maroc

Cinq jours après l’incident qui a couté la vie à deux jeunes Marocains évoluant en jet ski dans les eaux territoriales algériennes au large de la ville balnéaire de Saidia, le ministère de la défense nationale algérien a publié ce dimanche répercuté par l’agence officielle APS dans lequel on peut lire : « Lors d’une patrouille de sécurisation et de contrôle au niveau de nos eaux territoriales, une unité de garde-côte (…) a intercepté dans la soirée du 29 aout 2023 à 19h47, trois jet-ski ayant franchi clandestinement nos eaux territoriales ». Le ministère algérien assure que les garde-côtes ont lancé « un avertissement sonore » et sommé les contrevenants de « s’arrêter à plusieurs reprises », et que les trois individus « ont refusé d’obtempérer », préférant choisir de prendre la fuite en « recourant à des manœuvres dangereuses ».

Le communiqué précise en outre que cette zone maritime est un lieu d’activité « accrue des bandes de narcotrafic ( sic) et du crime organisé » et explique que ce n’est qu’après plusieurs tirs de sommations que  «  des coups de feu ont été tirés, contraignant un des jets skis à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite.» sans donner plus d’informations sur le sort du pilote du jet ski contraint de «  s’immobiliser ».

Tout en rapportant que « le mercredi 30 aout à 17 h, et lors d’une autre patrouille des garde- côtes, un cadavre de sexe masculin non identifié a été repêché, présentant un impact de balles par armes à feu », la même source invite « les divers médias nationaux, les utilisateurs des réseaux sociaux et les citoyens à ne pas prêter attention aux fausses informations qui circulent visant à nuire à l’image honorable de l’armée nationale populaire. »   

La version algérienne est sensiblement différente de celle qui est fournie par les témoins marocains dont certains ont filmé l’incident.  Par ailleurs, le cadavre découvert par une autre unité des garde-côtes algériennes serait un deuxième victime puisqu’une autre personne, également tuée par balles a été retrouvée suite au signalement d’un pêcheur marocain ( voir adn-med du 1er septembre ) avant d’être enterrée le lendemain à Oujda en présence de plusieurs  centaines de personnes.

Le parquet marocain a ouvert une enquête. Une procédure identique a été lancée par la parquet français car l’une des victimes est franco-marocaine. 

D’aucuns estiment que cet imbroglio politico-juridique n’a pas fini d’agiter des relations algéro-marocaines déjà bien compliquées.

A l’heure où nous mettons en ligne nul ne sait si le cadavre retrouvé le lendemain de l’incident et déposé à la morgue de la polyclinique de Marsat Ben M’hidi  (Tlemcen) a été restitué à la famille du défunt.

Voir ci-dessous le communiqué intégral du ministère algérien de la défense nationale.

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MAROC-ESPAGNE : Albares, ministre des affaires étrangères par intérim se veut confiant

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Dans un déclaration faite ce dimanche à l’agence de presse espagnole Europa press, Jose Manuel Albares, ministre par interim des affaires étrangères dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne estime que le procesus engagé par le gouvernement de Pedro Sanchez «  se poursuivra ». Développant sa pensée Monsieur Abares précise :  « Une feuille de route est un processus, un engagement à long terme entre les deux pays » et ceci quel que soit celui qui conduit le gouvernement. 

Pour attester de la pertinence de la vision de l’ancienne majorité socialiste, battue par la droite aux dernières élections législatives anticipées le chef de la diplomatie ibérique avance la réduction significative du nombre d’immigrants sur les côtes espagnoles en comparaison de ce que subissent l’Italie ou la Grèce, « les chiffres du commerce qui continuent de croître de manière exponentielle mois après mois » mais aussi  « l’extraordinaire coopération dans la lutte contre le terrorisme. »

Le ministre intérimaire se plait à rappeler que « Tous les présidents du gouvernement espagnol ont indiqué que la première priorité de la politique extérieure est le Maroc ». 

Une position nuancé par Alberto Núñez Feijóo, responsable du parti populaire ( PP ) proposé par le roi Felipe VI  pour être nommé à la présidence du gouvernement en remplacement de Pedro Sanchez si toutefois le vote du parlement venait à valider la proposition royale.

Pendant la campagne électorale Alberto Núñez Feijóo avait clairement laissé entendre qu’il soumettrait çà un débat parlementaire le dossier du Sahara occidental sur lequel le gouvernement Sanchez a adopté un alignement sur la position marocaine qui a conduit à une crise avec l’Algérie.

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Décès de deux franco-marocains à Saïdia. La France s’implique

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Le corps d’un jeune franco-marocain flottant à fleur d’eau a été repêché au large de de Saïdia suite au signalement d’un pécheur marocain. Il a été identifié comme étant Bilal Kissi. Son frère Mohamed a retracé le déroulé du tragique incident qui lui a couté la vie.

Des jeunes, dont les frères Kissi se trouvaient en villégiature dans cette ville balnéaire marocaine frontalière de l’Algérie. Ils évoluaient en jet-skis et se seraient involontairement retrouvés dans les eaux territoriales algériennes avant de faire l’objet de tirs de la part des garde-côtes algériennes ; une fusillade qui aurait fait deux morts. Le troisième vacancier, Smail Snabé, aurait été interpellé par les marins algériens.

Selon l’AFP, qui cite le ministère français des affaires étrangères français, il n’y aurait eu qu’un seul mort français, ce qui laisserait supposer que le seconde victime serait de nationalité marocaine uniquement. Le communiqué de ce département ministériel a déclaré que «  Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien » Pour sa part, la porte-parole du Quai d’Orsay a fait savoir que «  le parquet était avisé. »

Sur la toile, des internautes accablent la marine algérienne qu’ils accusent d’avoir délibérément ouvert le feu sur des vacanciers. Du côté officiel, les autorités marocaines restent mesurées. Interrogé ce jeudi sur cette affaire, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas a répondu que ce genre d’incidents relève de la compétence exclusive de l’institution judiciaire.

Au moment où nous mettons en ligne, l’Algérie n’a pas commenté l’événement.

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