dimanche, décembre 3, 2023
International

Mali : Le référendum constitutionnel de nouveau reporté

Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, a annoncé ce vendredi, le report sine die du référendum constitutionnel prévu pour le 19 mars.

Report pour des raisons « d’organisation »

Au cours d’une conférence de presse animée à Bamako, l’homme fort du Mali justifie ce report « par la ferme volonté des autorités de la transition d’appliquer les recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), notamment la pleine opérationalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE), à travers l’installation de ses antennes dans les 19 régions administratives du Mali et du District de Bamako, dans les plus brefs délais ainsi que la vulgarisation du projet de constitution ».

En outre, le colonel Maiga explique que la nouvelle date sera fixée après consultation avec l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) et l’ensemble des acteurs du processus électoral et que « la décision des plus hautes autorités d’organiser le référendum sur la base d’une nouvelle Constitution entraîne des incidences sur le chronogramme du référendum. La mise en œuvre de ce chronogramme a été guidée par des principes d’inclusivité, de participation et de transparence ».

L’engagement est toujours tenu

Alors que ce référendum est une étape cruciale vers les élections présidentielles de 2024, sensées redonner le pouvoir aux civils, le gouvernement provisoire, composé principalement de militaires, manque, par ce report, à la première échéance d’un calendrier de consultations et de réformes qu’il a lui-même définie. Du coup les questions resurgissent dans et en dehors du pays : n’est-ce pas là une manière déguisée de garder le pouvoir, un pouvoir pris dans des conditions qui furent à l’origine de la suspension du Mali de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO et d’une batterie de sanctions prises par l’Union européenne contre les dirigeants de l’autorité de transition ?

Pour sa part, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation se plait à relativiser les effets politiques, diplomatiques, sécuritaires et économiques de ce « léger » contretemps. Pour lui « le chronogramme est un outil de planification » ajoutant que « la date butoir reste la date que nous avons pu négocier avec la Cédéao et le chef de l’Etat tient fermement au respect de cette date ».

Enième report

Initialement prévu pour 9 juillet 2017, le référendum qui devait permettre aux Maliens de se prononcer sur le projet de révision de la constitution visant à davantage de décentralisation, dans le cadre des accords de paix de la guerre du Mali, fut reporté, une première fois,  à une date indéterminée. Le projet de référendum fut ainsi mis en suspens avant d’être fixé au 31 octobre 2021 à la suite du coup d’État commis en août 2020 avant d’être de nouveau différé une deuxième fois suite à un autre putsch peprpétré en mai 2021 pour être programmé au 19 mars 2023 avant de connaitre pour la troisième fois, ce vendredi, un report pour une date indéterminée.

La laïcité contestée par les imams

Il est à noter que La Ligue malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique (Limama) a appelé les Maliens à s’opposer au projet de la nouvelle constitution proposé par les autorités de la transition.

Cette organisation s’insurge violemment  contre le terme « laïcité », décrié comme une « astuce » pour « cadenasser » les religions et revendique  « le retrait pur et simple du mot laïcité du projet constitutionnel » et « son remplacement par État multiconfessionnel ». Pour rappel, les autorités de transition qui ont exigé le départ des troupes françaises du Mali délèguent, en partie, la lutte anti djihadiste aux milices russes Wagner, une décision controversée autant dans son efficacité que sa finalité ; des courants d’opinion maliens constatent le maintien du terrorisme islamiste et  voient dans ce déploiement une manifestation d’une emprise russe sur le pays.

S.K

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