Nouveau redémarrage de l’industrie automobile en Algérie
Il y avait comme un sentiment de déjà vu ce dimanche à l’Hôtel Sheraton d’Alger. Cette fois, c’était Fiat qui exposait des modèles dont on attend le montage en Algérie. Un nouveau départ de l’industrie automobile assurent de concert dirigeants algériens et partenaires étrangers à l’origine de évènement. Sous Bouteflika, la clientèle nationale avait eu droit aux annonces des marques Renault avec sa fameuse Symbol, Hyundai ou Mann. Autant de projets engloutis dans les sables des attributions clientélistes, des transferts de devises contournant les lois et des taux d’intégration annoncés mais jamais honorés.
Prix prohibitifs
Les modèles exposés aujourd’hui et surtout les prix de la marque italienne Fiat, filiale du groupe Stallentis, ont été dévoilés ce matin, lors d’un « show-event », organisé au niveau de l’hôtel Sheraton situé dans la banlieue ouest de la capitale. Sans grande surprise, les prix restent bien au-dessus du pouvoir d’achat de l’Algérien moyen. Ils commencent à partir de 15 000 euros, soit 2.6 millions de dinars ( taux de change officiel, compter le double au taux parallèle qui est, en fait, le cours réel car c’est celui auquel accède le citoyen ordinaire. ) Le coût des autres modèles grimpent rapidement pour atteindre les 40 000 euros, soit 5 millions de dinars algériens. Ainsi, la Fiat 500 modèle de base, une petite citadine de deux et quatre portes, s’affiche entre 17 000 et 22 000 euros, ce qui équivaut en dinars échangés au taux du officiel à des valeurs oscillant entre 2.6 et 3.1 millions DA. Les Fiat 500 X et XL, des mini SUV, sont proposées entre 25 et 30 000 euros, soit 3. 5 millions et 4 millions de dinars. Des prix standards si on se réfère au marché européen, mais relativement élevés comparativement au pouvoir d’achat en Algérie.
Outre la petite citadine, Fiat Algérie propose des véhicules de format berlines et utilitaires, notamment la Fiat Tipo et la Fiat Dublo, entre une fourchette allant de 30 à 35 000 euros selon les options.
Des prix prohibitifs qui pourraient rendre inabordables ces véhicules. Cependant, les pouvoirs publics comptent sur la thésaurisation de la monnaie générée par le commerce parallèle et, surtout, la forte demande face à une offre contrainte par les interdictions d’importation imposées par l’Etat depuis maintenant plusieurs années.
Ces prix de lancement seraient néanmoins appelés à baisser avec l’achèvement de l’usine d’assemblage Fiat en Algérie implantée à Tafraoui dans la wilaya d’Oran ( 500 kilomètres à l’ouest de la capitale). En effet, et selon le tout nouveau ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, M.Ali Aoun, les premiers véhicules de marque italienne Fiat montés en Algérie seront commercialisés à la fin de l’année 2023. L’usine devrait être réceptionnée définitivement au 31 août de l’année en cours. Elle entamera ses essais aux mois de septembre et octobre pour entrer en production le 1er décembre 2023.
Un nouveau redémarrage
Au terme du « show event », les responsables du groupe Stallentis, ont animé un point de presse durant lequel, ils ont annoncé que leur groupe a consenti un investissement global de 200 millions d’euros en Algérie. « Avec un montant total de plus de 200 millions d’euros, la première vague d’investissements effectuée par Stellantis et ses fournisseurs permettra de produire quatre modèles, à commencer par la FIAT 500 en décembre 2023 », ont-ils mentionné. En outre, Stallentis Algérie promet de créer plus de 2000 emplois directs et 20 000 indirects d’ici 2026. « A l’horizon 2026, cette initiative permettra de créer près de 2 000 nouveaux emplois locaux, avec un taux de localisation de plus de 30 %, une capacité de production annuelle de 90 000 véhicules et la fabrication à terme de quatre modèles Fiat », ajoute Stellantis qui précise qu’un « réseau de vente et d’après-vente ouvrira dans 28 wilayas d’ici fin 2023. ».
Par ailleurs, la marque Renault Algérie Production d’Oran, est en phase de mise en conformité avec le nouveau cahier des charges relatif à l’activité de l’industrie automobile. Une information qui devrait réjouir les centaines de travailleurs de l’usine qui attendent avec impatience la reprise de l’activité de l’entreprise. On apprend que de hauts responsables du groupe Renault ont effectué des visites sur ce site le 7 mars dernier pour s’enquérir de l’avancée des démarches administratives.
Pour rappel, l’usine Renault Algérie Production est entrée en activité en novembre 2014 avant de fermer en 2019 après la décision des autorités d’arrêter l’importation des kits SKD-CKD destinés aux chaines de montage des différentes marques.
Une histoire tourmentée
L’industrie automobile en Algérie est une antienne dont les aventures remontent aux premières années de l’indépendance. Au lendemain de la guerre de libération, Renault et Berliet produisaient une quantité de véhicules suffisante pour le marché intérieur. Par la suite, Renault, alors basé à El Harrach, a fermé et l’usine Berliet de Rouiba qui fabriquait des camions et des autocars fut reprise par l’Etat pour être mise en partenariat avec l’Allemand Mann. L’industrie automobile périclita peu à peu avant de reprendre sous Bouteflika dans des conditions opaques et économiquement préjudiciables pour le pays. Les oligarques qui ont profité de ces largesses sont aujourd’hui tous emprisonnés.
C’est la quatrième fois que le gouvernement algérien annonce un redémarrage de l’industrie de ce secteur stratégique. Sera-ce la bonne ?
R.B