Industrie pharmaceutique en Algérie :
L’Algérie a lancé sa première ligne de fabrication d’insuline « made in Algeria » ce dimanche 19 mars. C’est le groupe pharmaceutique public « Saïdal » via sa page Facebook, qui en a fait l’annonce.
Une production longtemps contrariée
Selon ladite annonce, l’unité de production se situe au niveau du complexe Constantine 1 ( 350 kilomètres à l’Est d’Alger) et se spécialise, dans un premier temps, dans l’insuline à usage hospitalier. Le produit est nommé « Insudal Rapid » et se présente sous la forme de flacons de 5 ml. « L’unité occupe, pour l’instant, une seule équipe de production et a une capacité de 4 millions d’unités par an », souligne le groupe pharmaceutique algérien.
La directrice du complexe de Constantine 1, la docteure Feryal Kherrab, a indiqué à l’agence de presse officielle ( APS), que cette usine comprend une « production totale et non pas un conditionnement ou un remplissage ». D’après cette responsable « l’unité Saïdal Constantine produira, à compter du 19 mars courant, une quantité de 1 million d’unités d’insuline humaine rapide utilisée dans les hôpitaux (…) ce volume concerne la production arrêtée pour l’exercice en cours (2023, NDLR) », a-t-elle souligné.
À titre de rappel, le 16 janvier dernier, les premiers stylos d’insuline injectable ont été commercialisés en Algérie sous label « Made in Algeria » et fabriqués par les laboratoires Novo Nordisk basés à Blida ( 50 kilomètres au sud de la capitale).
Par ailleurs, à la fin des années 1990, une usine Novo Nordisk fut installée sur le site de Oued Aissi ( wilaya de Tizi-Ouzou ). L’unité qui connut plusieurs retards et adaptations emploie actuellement 234 personnes. Dédiée initialement à la production d’insuline, elle fournit actuellement au marché national 20 millions d’unités d’antidiabétiques oraux ( ADO).
La construction de ces usines sur sites erratiques témoigne d’une planification aléatoire pour un médicament essentiel au traitement d’une maladie chronique qui connait une augmentation continue en Algérie. Les habitudes alimentaires bouleversées, la soudaine sédentarisation de populations rurales ou la consanguinité sont, entre autres, à l’origine d’une pathologie dont la prévalence concerne plus de 10% de la population et se trouve être désormais l’une des toutes premières questions de santé publique dans le pays.
En dépit de ces évolutions, le secteur de la production d’insuline a rarement fait l’objet d’une approche stratégique.
Plusieurs cadres de Saïdal limogés pour « incompétence »
Le groupe Saidal, faut-il le préciser, est miné depuis plus d’une décennie par une crise de gestion sans précédent. En effet, jadis fleuron maghrébin et africain dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, le groupe algérien végète actuellement dans les profondeurs des classements, et ce, à cause d’une organisation et d’un fonctionnement pour le moins artisanaux. D’ailleurs, le désormais ministre de l’Industrie et la production pharmaceutique, s’était engagé le 10 mars à faire « tomber des têtes » au sein de ce groupe. Cet engagement s’est concrétisé jeudi dernier quand il avait procédé au limogeage de plusieurs cadres et responsables de cette entreprise publique ouvertement accusés d’ « incompétence » et de « toucher des salaires pour se rouler les pouces ». Les justifications avancées pour ce coup de balai étaient aussi politiques qu’économiques. « Dans le cadre de l’application des orientations de Monsieur le Président de la République Abdelmadjid Tebboune visant la relance de la production nationale ainsi que la réhabilitation du Groupe Saïdal pour lui permettre de reprendre sa place de leader dans le marché pharmaceutique national et conformément aux instructions de Monsieur le Ministre de l’Industrie Pharmaceutique, Mme Fatoum Akacem, la Directrice Générale du Groupe Saïdal, a procédé à la fin de fonctions de plusieurs directeurs et de chefs de départements », est-il indiqué dans un communiqué publié par le ministère de la Production pharmaceutique.
Ce jeudi, à l’occasion du remaniement opéré par le chef de l’Etat, M. Aoun, a été promu à la tête d’un super ministère qui regroupe l’Industrie et la Production pharmaceutique. L’homme qui s’affiche comme le nouveau « bulldozer » du gouvernement d’Aïmen Benabderrahmane n’a pas tardé à agir.
Reste à savoir si ces sanctions, pour spectaculaires qu’elles soient, sont le remède d’un échec qui concentre tous les problèmes de la bureaucratie algérienne parmi lesquels figurent l’absence de stratégie durable, la faiblesse de la formation, des salaires peu motivants et des recrutements népotiques.
R.B