dimanche, décembre 3, 2023
Politique

Kais Saied risque une crise avec la Libye pour un champ pétrolier

Comme s’il n’en avait pas assez avec les dépassements d’autorité en interne, les contraintes des institutions financières internationales, les dérapages avec les Subsahariens ou les condamnations du Parlement européen, Kais Saied, toujours féru de complots, vient de provoquer ce qui risque bien d’être une crise diplomatique avec la Libye.

Sauveur de la nation.

En effet, le président tunisien en visite au siège de l’entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) le jeudi 16 mars est revenu sur l’histoire du champ pétrolier de Bouna. Un site qui fut longtemps l’objet d’un conflit entre Tunis et Tripoli avant d’avoir été soldé par une décision de la Cour internationale de justice favorable à la Libye ; décision qui s’appuyait sur un compromis survenu entre les deux pays.

Or, c’est cette décision que conteste Kais Saied qui allègue que la Tunisie « n’avait obtenu que des miettes », une manière de régler ses comptes au passage avec ses prédécesseurs qui n’auraient pas pu, su ou voulu défendre les intérêts du peuple dont il se proclame l’unique défenseur. 

Selon lui, il était convenu entre les deux États que le partage devait être équitable, ce qui aurait pu, toujours d’après ses dires, suffi à satisfaire la consommation tunisienne. « En réalité, et pour l’histoire, je dois rappeler qu’en 1975, l’intention allait vers le partage du champ pétrolier de Bouri. Ce champ pouvait couvrir tous les besoins de la Tunisie et même plus. La proposition du partage à moitié du champ pétrolier venait du ministre libyen des Affaires étrangères Ali Abdessalem Triki. Mais, malheureusement, après le 12 janvier 1974, date de la proclamation de l’union qui n’avait duré que quatre heures, et la dégradation des relations entre la Tunisie et la Libye, cette proposition avait été rejetée. » développele chef de l’Etat tunisien devant unPDG de l’Etap décontenancé.

Besoin de conflit

La réaction libyenne ne s’est pas faite attendre. Le chef de la commission de l’énergie à la Chambre libyenne des représentants, Issa Arabi a choisi l’agence officielle de son gouvernement pour répondre. Il a affirmé que les déclarations du président tunisien portant sur le champ pétrolier de Bouri et le plateau continental, faisaient l’objet d’une attention particulière de la commission qu’il présidait afin de leur apporter une réponse officielle. Et en matière de réponse, Issa Arabi n’a pas fait mystère de son contenu puisqu’il a précisé que la richesse du pays appartenait au peuple libyen. 

Et comme si cela ne suffisait pas, le ministre du Pétrole et du Gaz du gouvernement d’unité nationale, Mohamed Aoun, a surenchéri dans un communiqué de presse en rappelant que l’affaire a été tranchée par une décision de la Cour de justice internationale suite à un accord tuniso-libyens accepté par les deux pays, ajoutant que les frontières maritimes entre la Libye et la Tunisie sont bel et bien établies.

A Tunis, la dernière ruade du président tunisien suscite des réactions mitigées dans son pays. Certains adeptes, toujours convaincus que leur leader, dévoué à la nation, n’hésitera pas à se battre pour ses intérêts. D’autres, plus nombreux, s’agacent devant la multiplication de lubies compulsives qui mettent les institutions devant le fait accompli. Ils jugent ces improvisations d’autant plus dangereuses qu’elles portent sur des dossiers délicats que le solitaire de Carthage, comme aiment à l’appeler ses adversaires, ne prépare pas. Un ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature, CSM, dissous par Kais Saied, préfère s’amuser de la dernière foucade d’un homme que plus rien ne retient : « Si ça se trouve, c’est lui qui va réconcilier les Libyens. », glousse-t-il. 

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