France : la révolution ?
Les manifestations se multiplient avec des débordements dont certains, comme à Bordeaux où la mairie été incendiée, témoignent d’une exaspération de moins en moins canalisée par une intersyndicale toujours soudée.
Un roi s’efface
Le rejet de la réforme est désormais porté par une contestation systémique dont les attaques se concentrent sur la personne même d’Emmanuel Macron qui, le moins que l’on puisse dire, est qu’il n’a pas convaincu lors de sa dernière prestation. Immédiatement après la prise de parole présidentielle le réformiste Laurent Berger déclara que l’intervention était marquée par « le déni et le mensonge »
Première victime officielle de cette colère : le francophile roi Charles III qui avait cru bon de réserver sa première visite après son sacre à la France voit son voyage reporté par le président français qui avoue ne pas pouvoir recevoir le souverain britannique entre deux manifestations. La visite qui devait culminer avec une réception au Palais de Versailles risquait d’enflammer les esprits dans cet environnement où les populismes de droite et de gauche se disputent la paternité des rageuses frustrations.
Comme souvent dans les autres ambiances prérévolutionnaires, les manifestants semblent s’installer dans la durée et rivalisent d’imagination en socialisant leur protestation où alternent humour et violence. Ce jeudi à Lyon on pouvait lire sur une pancarte : « Mamie Brigitte, gère ton ado » et ce vendredi les spectateurs du stade de France, assistant au match France-Pays Bas, comptant pour la coupe d’Europe des nations ont attendu la 49,3éme minute pour siffler le nom du président et exiger sa démission.
Un mouvement qui inquiète
Ces réactions populaires sont accompagnées par des appels signés par des élites qui soutiennent ce qu’ils considèrent être un mouvement de fond. Dans une tribune publiée par le quotidien Libération ce samedi, des intellectuels déclarent que les gens en ont marre et qu’il ne s’agit pas que d’une question de retraite. De son côté, l’Union européenne s’alarme du recours excessif à la violence et nombreux sont les membres du gouvernement qui redoutent un dérapage ou une bavure. D’autant que les lycéens et les étudiants, restés jusque-là en marge des manifestations, se mobilisent de plus en plus.
Dans ce rejet global de l’autorité, le centriste François Bayrou qui, pour l’instant, échappe à la vindicte populaire tente, vaille que vaille, de jouer les pompiers. Sans grand succès. Il est vrai que les flammes sont nombreuses et, quelques fois, vives.
En attendant, Paris croule toujours sous des tonnes d’ordure et une autre journée d’action est prévue pour le mardi 28 mars. « Ce n’est pas la meilleure façon de préparer les jeux olympiques de 2024. » commente sobrement le patron d’une brasserie de la Place de de l’École militaire.