Algérie. Les importations relancées
Après avoir étouffé l’économie algérienne, tout en « se lavant les mains » des agissements de son désormais ex-ministre du Commerce, le président Tebboune, semble enclin à rouvrir les portes de l’importation. En effet, le nouveau ministre Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni a dévoilé sa feuille de route lors d’une réunion tenue jeudi dernier avec les responsables de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex).
Zitouni pour défaire le capharnaüm de Rezig
Ces derniers, ont reçu des « directives strictes » visant à « libérer » les dossiers d’importation en latence. Tayeb Zitouni, a donné instructions portant essentiellement sur « la libération des marchandises et des équipements au niveau des ports destinés aux usines, notamment ceux bénéficiant de licences d’importation ». Il a également ordonné de « faciliter la sorite des marchandises des opérateurs économiques et de ne pas entraver leurs intérêts outre la simplification des démarches administratives en faveur des mêmes opérateurs ». Il est vrai que sous l’ère de Kamel Rezig, les importations même les plus nécessaires ont été bloquées sous couvert de la promotion du produit local. Or cette stratégie de protectionnisme dévoyé avait vite atteint ses limites. Rupture de stocks, pénurie et crises chroniques, tels étaient les fruits gâtés d’une gestion à la hussarde de la politique commerciale du pays. Kamel Rezig, avait littéralement asséché les échanges commerciaux en déclarant la guerre sans nuance aux importateurs.
Dans un pays où la production industrielle est toujours dans les limbes, ces postures dogmatiques se paient cash.
En 2022 et avec l’aide de l’ancien ministre des Finances Aïmene Benabderrahmane, Rezig avait également impliqué à ses oukases l’administration financière. En effet, le ministère des Finances avait exhorté les banques et établissements financiers à appliquer l’instruction émise lors de la réunion interministérielle tenue le 27 juillet 2021 concernant la suspension de la domiciliation bancaire pour toutes les opérations d’importation pour la revente en l’état. Cette décision visait également les importateurs disposant d’un certificat de conformité en cours de validité et d’extraits de registres commerciaux qui n’avaient pas encore fait l’objet de rectifications. Autant dire que l’intention des pouvoirs publics était de tuer dans l’œuf toute intention d’importer dans un pays qui ne produit rien ou presque ! Le chef de l’Etat a dû déjuger son ministre du Commerce pour apprécier les situations où l’ « importation ( était ) nécessaire ».
Les pièces de rechanges comme première étape
Le recadrage du chef de l’Etat semble porter ses fruits, puisque le premier secteur qui vient d’être « libéré » est celui des pièces détachées de véhicules. En effet, M. Zitouni vient d’annoncer la réouverture de l’importation des pièces de rechanges de véhicules « sous quinzaine ». Autrement dit, les premiers lots devraient être disponibles sur le marché d’ici le mois d’avril prochain. Pour rappel, la décision du ministère du Commerce et de la promotion des exportations de suspendre, sous réserve de conformité à la loi, la domiciliation bancaire, avait stoppé net les importations des pièces détachées des véhicules, ce qui avait entraîné un véritable cauchemar pour les automobilistes et les concessionnaires. « Nous nous retrouvons dans l’impossibilité d’importer des pièces détachées d’origine car n’ayant pas reçu d’agrément de concessionnaire de la part du ministère de l’Industrie. Ceci a engendré une perturbation dans la maintenance des véhicules en raison de la rareté de la pièce d’origine nécessaire à la réparation », s’étaient plaint des postulants à l’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules neufs, dans la lettre adressée au chef de l’Etat. Pour sa part, Mustapha Zebdi, président de l’Association des consommateurs, a indiqué à nos confrères de Tout sur l’Algérie ( TSA), qu’il « y a un problème de manque de pièces de rechange qui touche même des pièces essentielles ». Faisant notamment référence à la décision du ministère du commerce citée plus haut, Mustapha Zebdi estime que « certaines décisions doivent être revues et adaptées à la réalité » ajoutant qu’il faut être « au courant de la réalité des faits et de la situation économique (…) pour trancher sur l’avenir de chaque produit et ne pas généraliser ». En tout état de cause, la cacophonie engendrée par l’ex-ministre du Commerce à travers un excès de zèle unanimement décrié aujourd’hui , renseigne sur l’état de dépendance extérieure de l’économie algérienne, laquelle n’est pas prête de pouvoir se passer de l’importation de sitôt. L’explication de cette situation simple : le pays ne produit pas ce qu’il consomme.
R.B