dimanche, décembre 3, 2023
Économie

Risque de stress hydrique chronique

Face à la faible pluviométrie de plus en plus fréquente avec la sécheresse qui s’ensuit et qui affecte les pays d’Afrique du Nord, notamment le Maroc (voir adn-med du 29 mars), l’Algérie mise résolument sur le développement des stations de dessalement d’eau de mer.

Objectifs ambitieux

Pour ce faire, les autorités du pays mettent les bouchées double afin de faire passer le taux de l’alimentation en eau potable issue du dessalement d’eau de mer de 18% actuellement à 42% en 2024 et 60% des besoins nationaux à l’horizon 2030. C’est du moins ce qu’a révélé le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures, Lakhdar Rekhroukh lors de sa visite effectuée ce mercredi au niveau de la future station de Cap Djinet ( à 60 kilomètres à l’est d’Alger). À cet effet, l’Algerian Energy Company (AEC) relevant du groupe Sonatrach, se chargera de la supervision des cinq stations de dessalement d’eau de mer « au cours du second semestre 2023, avant le lancement du projet de la station de Fouka 2, d’une capacité de production de 300.000 m3, au cours de la première semaine de mai prochain », a indiqué à la presse le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Quant aux réalisation des stations de dessalement d’eau de mer de Béjaïa et El Tarf ( est du pays ), elles ont été confiées par le groupe Sonatrach à la société saoudienne Wetico (Water and Environment Technologies Company), spécialisée dans ce genre de travaux. À titre indicatif, l’Algérie compte actuellement quatorze stations de dessalement d’eau de mer opérationnelles, dont le nombre sera porté à dix-neuf après l’entrée en exploitation des projets programmés, à partir de 2024. En outre, ce nombre est appelé à augmenter après la concrétisation du second programme des six autres stations, dont la mise en service future va réduire sensiblement la dépendance aux eaux des barrages et des nappes phréatiques.

De son côté, M. Rekhroukh a affirmé que l’Algérie a « adopté une stratégie pour la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer en vue de garantir la production d’eau et assurer son autonomie grâce aux eaux des barrages », a-t-il précisé. Pour le ministre, l’« autonomie » escomptée passe par la conjugaison des eaux provenant des stations de dessalement et celles des barrages déjà existant.

Il est en effet illusoire de penser que les besoins en eau du pays peuvent être satisfaits par une seule source d’approvisionement. C’est la complémentarité et la gestion efficiente des divers potentiels qu’il faut savoir agréger dans la durée. Or, cest là que la bât blesse.

Vision parcellaire

 A l’inverse du Maroc qui a eu une politique volontariste de réalisation soutenue de barrages depuis les toutes premières années de son indépendance, l’Algérie accuse un retard considérable dans ce domaine.

Dans les faits, le plan d’investissement tracé par le secteur de l’hydraulique exige, selon le chef du projet, le renforcement des capacités de mobilisation des ressources en eau superficielles à travers la programmation de la réalisation de nombre de nouveaux projets en vue du renforcement du réseau de barrages exploité actuellement et qui sont  au nombre de 81 structures.  Selon les chiffres présentés lors de cette visite, l’Algérie compte près de 600 structures de stockage, dont des barrages et des petites retenues d’eau, 13 systèmes de transfert des eaux, 23 stations de dessalement, 211 stations de traitement et épuration des eaux usées (STEP) d’une capacité de traitement d’un milliard m3/an et près de 280.000 forages. Toujours d’après la même source, l’Algérie exploite annuellement près de 11,3 milliards de m3 d’eau de différentes sources (eaux souterraines, barrages, forages, stations de dessalement, STEP). L’objectif étant d’atteindre, à l’horizon 2030, une capacité de stockage nationale des barrages de 12 milliards de m3

Mais quand bien même ces objectifs seraient-ils atteints dans les délais ; ils resterait l’essentiel. Selon les experts, la construction d’un barrage ne peut être une finalité en soi. Chaque entité doit être inscrite dans un écosystème qui intègre le boisement des berges pour éviter les érosions qui favorisent l’envasement, la surveillance avec un personnel qualifiée pour veiller à réduire les risques d’incendies, préserver la qualité de l’eau et détetcter les fuites qui sont à l’origine de pertes de volumes substantiels. Or ces pratiques élémentaires font défaut.


C’est la première fois que le gouvernement dévoile une stratégie globale de sa politique de l’eau. Il faudra suivre la programmation d’ensemble, la mise en œuvre, le suivi, l’évaluation et la finalisation de cette politique. Jusque-là, les actions relevait de décisions ponctuelles voire d’improvisations aléatoires. Ce fut notamment le cas de la réalisation de la station de dessalement du Hamma «  offerte »  par l’homme d’affaire Khalifa qui l’aurait obtenue à l’état d’occasion dans des conditions troubles et dont le bloc construit dans des conditions techniques et urbanistiques qui ont pris de court l’ensemble des instances administratives s’est concrétisé par l’érection d’une structure qui abîme la zone destinée à accueillir la coulée verte de l’entrée est de la capitale. Sans compter le prix exorbitant du mètre cube rendu au robinet.  

R.B

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