Procès Trump : l’insubmersible touché ?
Le Procureur du tribunal de Manhattan ( New-York), Alvin Bragg ( élu par les citoyens), a dévoilé ce mardi soir les trente-quatre charges retenues à l’encontre de Donald Trump, qui a été inculpé au pénal en début de semaine ( voir article adn-med.com du 30/03/2023 ) par un jury populaire.
Ainsi et selon le quotidien Le Monde qui cite l’agence américaine Associated Press (AP), il est reproché à l’ancien président des États-Unis d’avoir monté plusieurs paiements illicites afin d’étouffer trois affaires embarrassantes avant l’élection présidentielle de 2016. Le procureur Alvin Bragg, a déclaré à la presse que « la loi est la même pour tous (…) qui que vous soyez ». Et d’ajouter « nous ne pouvons pas normaliser et nous ne banaliserons pas les conduites délictuelles graves ».
Un trio très embarrassant
Selon la même source, sont cités dans cette scabreuse affaire le portier de la Trump Tower, une femme qui se présentait comme une ancienne maîtresse, ainsi qu’une actrice pornographique, très probablement Stormy Daniels. Le portier qui prétendait avoir des informations sur un supposé enfant caché de Trump aurait reçu 30 000 dollars pour garder le silence. La femme de 46 ans qui aurait eu une liaison extra-conjugale avec l’ex-locataire du bureau ovale aurait touché la coquette somme de 150 000 dollars pour qu’elle se taise et l’ancienne star de films pornographiques avec qui Donald Trump aurait eu une aventure aurait été gratifiée de 130 000 dollars pour rester mutique sur le sujet, une promesse que du reste elle n’a pas tenue.
Un procès au printemps 2024
Avant sa comparution, Trump, d’un air ironique avait publié sur son propre réseau social « Truth Social » : « Ça semble si SURRÉALISTE – WOW, ils vont M’ARRÊTER. Je n’arrive pas à croire que ça se passe en Amérique ». En face du juge Juan Merchan, le l’accusé est apparu selon AP le visage fermé mais non menotté. Après avoir eu connaissance des chefs d’inculpation, Donald Trump s’est dit « innocent » des faits qui lui sont reprochés. Todd Blanche, l’un des avocats de Trump, a affirmé à la presse que « l’acte d’accusation lui-même est un texte standard (…). C’est vraiment décevant » Pour lui, Donald Trump est « frustré, contrarié », mais demeure « déterminé » à mener la bataille judiciaire qui s’annonce.
Selon d’autres sources médiatiques dont CNN, le juge a déclaré qu’un procès pourrait commencer probablement en janvier prochain. Cependant, les avocats de Donald Trump présents à cette audience ont proposé le printemps 2024. Mitt Romney, ex-candidat républicain malheureux à la course à la Maison-Blanche contre Barack Obama et farouche opposant à Trump, a, toute contre attente, dénoncé l’attitude du procurer Alvin, estimant qu’il était allé « trop loin » en inculpant Donald Trump de « félonie », le niveau le plus élevé des charges pénales aux Etats-Unis. Vers 22 heures, heure de Paris, Donald Trump avait déjà quitté New-York à bord de son avion pour rejoindre sa résidence privée de Mar-a-Lago en Floride.
Une autorité perturbante.
Ce procès n’est que le début d’une série d’autres, bien plus ennuyeux pour Trump. Il aura en effet à répondre de tentative de détournement de voix dans un scrutin présidentiel. Lors de l’élection qui avait vu la victoire de Biden, les enquêteurs ont retrouvé un enregistrement où l’irascible leader des Républicains demandait à un responsable de l’État de Géorgie de lui « trouver » 12000 voix pour battre son adversaire démocrate. Par ailleurs ,et autrement plus grave, l’assaut lancé par ses partisans sur le Capitole le 6 janvier 2021 et où le degré d’implication de Trump est en cours d’évaluation peut le conduire devant la justice fédérale.
Malgré le nombre de dossiers tout aussi accablants les uns que les autres qu’il charrie derrière lui, Donald Trump reste le maitre incontesté du camp républicain d’où il fait éjecter tout dirigeant qui ose émettre la moindre remarque sur ses frasques. Le socle du trumpisme reste toujours stable et nombreux sont les observateurs qui redoutent de voir le populiste retourner la situation à son avantage, lui qui a déclaré qu’en dehors de la pédophilie on gagne toujours à faire parler de soi. D’ailleurs sitôt rentré chez lui en Floride il s’affiche avec la bannière étoilée derrière lui pour dénoncer les démocrates qui se seraient ligués contre lui alors qu’il a voué toutes ses énergies à la sauvegarde de la nation que “d’autres s’employaient à démolir”.
Au-delà du personnage, c’est tout un courant des populations américaines, déclassées et/ou marginalisées qui soutiennent l’ancien président, autant par fidélité que par volonté de prendre leur revanche sur un establishment qui ne sait plus comment contrer un homme cultivant le populisme sur fond de complotisme et, accessoirement, de violence.
R.B/Agences