dimanche, décembre 3, 2023
Reportages

Oued Guetrini, ou le symbole du paradoxe algérien !

La localité d’Oued Guetrini, relavant de la commune de Dirah, à l’extrême sud de la wilaya de Bouira ( 140 kilomètres au sud-ouest d’Alger),symbolise, on ne peut mieux, le paradoxe de l’Algérie : un pays riche et une population pauvre dans une cette localité du nord du pays qui recèle un gisement pétrolier non-négligeable. 

Une rente journalière de 150 000€… 

Il faut dire que ce bourg, perdu au beau milieu de la steppe de Dirah, est assis sur un gisement de pétrole qui brasse quotidiennement près de 200 millions de dinars, soit près de 150 000 euros et une production journalière qui avoisine les 5000 tonnes de brut. En 2018, les pouvoirs publics de l’époque, avaient mis l’accent sur le renforcement de la production de ce gisement et la répartition des richesses engendrées sur la population locale.

Avec un tel potentiel, on serait tenté de croire que les habitants de cette localité vivent dans un certain confort. Or, dans les faits, la situation est toute autre.

Les villageois manquent de toutes les commodités de base.  Les pompes à balancier, semblables à celles que l’on voit au Texas, tournent à plein régime et les 15 puits de pétrole n’ont pas tari depuis leur première exploitation qui remonte aux années 1950.

Récemment encore, un investissement de 600 millions de DA, a été décidé pour augmenter la production.  Pour les citoyens d’Oued Guetrini, ces millions et milliards ne veulent absolument rien dir en terme de retombées sociales, économiques ou culturelles. 

… Et une population aux abois 

Lors de notre passage sur les lieux, nombre de villageois interrogés ont exprimé leur ras-le-bol, insistant sur l’injustice de cette situation.  Parmi les principales revendications de la population locale, on ne retrouve de  bien d’extraordinaire : le raccordement de leur village aux réseaux d’eau potable et de gaz naturel, ainsi que l’aménagement des routes qu’ils disent impraticables et la réhabilitation du réseau d’assainissement, lequel n’a pas été refait depuis les années 80.

À propos du problème du raccordement au réseau AEP, nombre de villageois ont noté le fait que plusieurs demandes ont été introduites auprès des services concernés en vain. « Nous sommes encore réduits à nous approvisionner en eau à partir des citernes », témoigne Abdallah chauffeur de minibus. Selon plusieurs citoyens, les autorités de la wilaya s’étaient pourtant engagées à accélérer les travaux de connexiont au réseau d’AEP, à partir du barrage de Koudiat Acerdoune.

Quant au gaz naturel, ces villageois ont dit désespérer de le voir arriver dans leurs foyers. Autre problème soulevé par les villageois, celui relatif à la rareté du transport en commun. La réalisation d’un centre de soin a été également évoqué par nos interlocuteurs. Le maire de Dirah, a affirmé, qu’il est au courant des doléances de ses administrés, cependant son APC ne peut prendre en charge toutes ces carences, faute de budget conséquent. « Il y a un projet de réhabilitation de la route qui devrait être entamé d’ici le mois de juin prochain », a annoncé l’élu.

Néanmoins, cet édile a tenu à s’insurger une fois de plus contre l’« absurdité » de la répartition de la taxe d’activités professionnelles (TAP). Selon lui, c’est la wilaya de M’sila qui perçoit l’argent de la taxe, or que le champ pétrolifère est situé dans sa commune.   « C’est une absurdité sans nom, d’ailleurs, j’ai personnellement interpellé le ministre de l’Énergie à ce sujet et nous espérons que cette injustice sera réparée ».

Les autorités publiques, ont pour rappel, récemment annoncé la révision des mécanismes régissant cette taxe. Selon les estimations de certains experts, le champ pétrolier d’Oued Guetrini, pourrait engendrer annuellement plus de 10 milliards de dinars de taxes pour la commune de Dirah. La commune d’Ath Mensour à l’extrême est de Bouira qui abrite sur son territoire la station de pompage de pétrole brut vers la raffinerie d’Alger et un bloc de stockage de 24000 m³, souffre également de cette iniquité. Ainsi et à cause d’une erreur d’appellation, l’argent de la TAP va à la commune limitrophe de Béni Mensour, relevant de la wilaya de Béjaïa.

R.B

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