Algérie-Libye : les deux ministres des affaires étrangères occultent l’affaire du Conseil Suprême amazigh.
Une réunion s’est tenue ce jeudi à Alger entre Ahmed Attaf et Najla Al-Mangoush, respectivement ministre des affaires étrangères algérien et libyenne, au moment où une polémique secouait les relations prévalant entre les deux pays. Cette visite qui ne faisait pas partie d’un agenda particulier interroge.
Sortir par le haut d’une crise niée par Alger
En effet, l’ambassadeur d’Algérie en Libye qui a demandé à la cheffe de la diplomatie libyenne de mettre un terme aux travaux du Conseil suprême amazigh, CSA avait soulevé un tollé sur la scène politique libyenne. Le CSA qui a publié un communiqué dénonçant une grave ingérence dans les affaires intérieures libyennes a exigé une réaction du ministère des affaires étrangères, un positionnement des acteurs politiques et sociaux du pays sur cette affaire et l’expulsion du diplomate algérien ( voir adn-med du 28 avril ). Une turbulence diplomatique que l’Algérie n’a pas commentée ; du moins officiellement.
Le communiqué ayant sanctionné la rencontre des deux responsables s’en est tenu à faire état de l’examen des questions d’intérêt commun sur la scène maghrébine et arabe portant essentiellement sur “les développements de la question sahraouie et les initiatives arabes et internationales en vue de faire cesser les hostilités et mettre un terme à l’effusion du sang au Soudan“.
S’agissant du processus politique mené par les Nations Unies en vue de trouver une solution à la crise en Libye, Ahmed Attaf a rappelé « l’attachement de l’Algérie à soutenir la stabilité et l’unité de ce pays frère et son appui aux efforts tendant à favoriser le consensus entre les enfants du même pays en vue d’aller de l’avant dans l’organisation des élections législatives et présidentielle ».
Alger impose l’occultation du fait amazigh
« Difficile de savoir si le soutien à « la stabilité et l’unité de ce pays frère » inclut la marginalisation ou l’exclusion de la dimension amazigh que s’emploie à réduire méthodiquement Alger qui interdit désormais la commémoration du 20 avril, régulièrement célébrée depuis 1980 », s’interroge, faussement ingénu, un membre du Mouvement culturel berbère algérien contacté par adn-med et qui entretient des liens suivis avec le CSA libyen.
La dépêche de l’APS rapporte que les deux ministres ont exprimé « leur satisfaction de la convergence des vues et des positions des deux pays frères », tout en insistant sur « leur attachement à perpétuer la tradition de la coordination et de la concertation politique et à intensifier les efforts conjoints visant à renforcer la coopération bilatérale dans divers domaines ».
Aucune allusion à l’intervention de l’ambassadeur algérien qui a défrayé la chronique en Libye et sur la toile. Il est vrai que le gouvernement de Tripoli reconnu par la communauté internationale mais contesté par le maréchal Haftar – lui-même appuyé par L’Arabie saoudite, l’Egypte, la Russie et même des pays occidentaux comme les USA et, plus discrètement, la France est soutenu par Alger ; il ne peut donc, en la circonstance, se permettre de distendre ses relations avec le voisin algérien.
Toujours est-il que le dossier amazigh risque encore de s’inviter dans les relations algéro-libyennes. Tripoli semblant adopter une démarche inclusive de cette question au moment où Alger se distingue en Afrique du nord par un net raidissement contre une problématique non intégrable dans les orientations panarabistes ostensiblement relancées depuis l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir.