Algérie. La tuberculose flambe dans les camps de migrants subsahariens
Officiellement, l’Algérie est considérée comme étant une « zone de transit » pour les migrants subsahariens ou d’autres réfugiés comme les syriens. De ce fait, les pouvoirs publics, et ce, de l’aveu même des services du ministère de l’intérieur et des Collectivités locales, n’ont pas entrepris des démarches efficaces pour prendre en charge ces réfugiés ou bien décider s’il fallait organiser leur raccompagnement aux frontières dans des conditions décentes.
Plusieurs cas détectés à Alger et Blida
Ce laxisme des autorités, s’est traduit par un essaimage incontrôlé des migrants qui vivent dans des conditions qui les exposent aux risques pathologiques ou dégradent davantage leur santé souvent chancelante. Quand des regroupements sont opérés, ils sont exécutés de manière improvisée quand ils ne sont pas le fait de migrants eux-mêmes.
Dans de telles circonstances, l’apparition de la tuberculose dans des camps de réfugiés disséminés un peu partout à travers le territoire national n’est pas vraiment une surprise. Ainsi un communiqué des services de la santé de la wilaya d’Alger, signale plusieurs foyers de cette maladie détectés au niveau de ces camps de fortunes. Des cas suspectsou avérésde tuberculose ont été signalés parmi des Subsahariens au niveau de l’établissement de santé de proximité de Larbaâ, dans la wilaya de Blida (50 kilomètres au sud-ouest de la capitale). La même note précise que certains migrants infectés, « ont refusé de se plier aux examens médicaux ». D’après ledit document, ces sujets ont également émis un refus catégorique d’être transférés au niveau d’un établissement spécialisé. Jusqu’à présent, on ignore l’ampleur des cas de tuberculose existants dans ces regroupements. Cependant, le ministère de l’Intérieur algérien, vient de donner l’alerte à travers les 48 wilayas du pays, dans le but de renforcer la vigilance et la prise en charge des cas contaminés. Une information qui ne manque de réveiller des réactions de xénophobie latentes. A la fin des années 70, la tuberculose avait été éradiquée en Algérie qui avait été alors rattachée à la zone Europe par l’OMS. La maladie a commencé à réapparaitre en même temps que certaines pathologies épidémiques au milieu des années 2000.
Les migrants se sédentarisent dans la misère
« Je le dis devant vous et défie quiconque de me prouver le contraire, l’Etat algérien n’a lésiné sur aucun moyen afin de prendre en charge d’une manière royale, les réfugiés présents sur notre sur notre sol », a assuré récemment la présidente du Croissant rouge algérien ( CRA), Mme Ibtissem Hamlaoui. Sauf que ces déclarations péremptoires, contrastent avec la réalité du terrain. En effet, Blida qui compte l’un des plus importants camps de réfugiés du centre du pays, donne un spectacle sensiblement différent de la « manière royale » que décrit madame Hamlaoui. Et contrairement à ce qu’avancent les autorités locales, Blida, s’est au fil des années, muée de zone transit en lieu d’implantation ou plutôt de sédentarisation des réfugiés maliens ou nigériens. Ce phénomène est aisément vérifiable du côté de la région est de la wilaya où des camps se sont constitués de façon aléatoire. Et faute de prise en charge sérieuse et rapide, ces transplantés, n’ont d’autres choix que de s’adonner à la mendicité pour subsister. Il n’est pas rare que ces réfugiés, notamment des femmes et enfants, fassent, du porte à porte pour demander des denrées de première nécessité ou de l’argent afin de pouvoir s’acheter du pain et un sachet de lait quand il est disponible.
Concurrence féroce à la mendicité
Dans la localité de Haï Drioueche ( centre de Blida), les migrants s’entassent dans des recoins plus ou moins discrets pour échapper aux interpella tions de citoyens perturbés par ces présences. Nous avons pu assister à une scène assez étonnante : une femme d’une trentaine d’années, qui se dit originaire du Mali, vêtue de haillons, était allongée sous un arbre, avec à ses côtés un bébé recouvert d’une couche de crasse et qui était dans un état de santé plutôt inquiétant. A côté d’elle, une mendiante « locale », la fixait du regard. Devant l’attitude manifestement hostile de la seconde, la première, a dû rapidement changer de place. Il faut dire que les mendiants s’attribuent un territoire qu’ils défendent contre d’éventuels intrus. Et dans ces appropriations, la misère autochtone fait valoir sa préférence nationale.
D’autres réfugiés, selon toute vraisemblance de nationalité syrienne, occupent, toujours avec femmes et enfants, le milieu de la chaussée sur les routes à grande circulation en brandissant des pancartes où il est mentionné « Aidez-nous, nous sommes des réfugiés syriens ». Ces familles, installées à l’entrée ou à la sortie des localités voisines de Blida, prennent des risques inconsidérés en s’exposant au danger que représentent les véhicules de gros tonnage qui peuvent les frôler au passage sous le regard souvent réprobateur, quelques fois compatissant, des usagers de la route. Outre la misère dans laquelle survivent ces migrants, un autre danger les guette : la traite humaine.
Les « négriers » des temps modernes
Dans certains cas, les migrants sont les victimes de personnes malintentionnées qui les font travailler pour un salaire de misère et dans des conditions insupportables. Pour rappel, en décembre 2021, les services de sécurité d’Alger, ont réussi à démanteler un vaste réseau qui exploitait leurs proies. Ce groupe de « négriers » des temps modernes, était composé de six individus. Son mode opératoire était assez simple : faire venir des dizaines de migrants africains ou quelques fois marocains, de la périphérie d’Alger, de Béjaïa ou d’ailleurs. Ils sont accueillis ensuite au niveau de la gare routière de Kharouba avant d’être enfin acheminés vers les divers chantiers du pays où ils sont employés pour une bouchée de pain et surtout dans la plus parfaite clandestinité. Ce coup de filet avait mis un terme à un trafic qui aurait rapporté à ses instigateurs plus de 100.000 euros, selon des sources policières. L’exploitation avait duré plus d’une année.
Cette situation vient rappeler que les mesures prises par l’Union européenne pour enrayer ou du moins contenir les flux migratoires et qui sont appelés à se renforcer font et feront de l’Algérie, non plus une zone de transit mais un réceptacle de l’immigration clandestine. Avec tout ce que cela implique comme problèmes sanitaires, désordres sociaux et réaction de rejet que l’Algérien est prompt à dénoncer…quand ils sont constatés ailleurs.
R.B
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