Le parlement africain vole au secours du régime algérien
La réplique est rude mais elle a le mérite de la clarté. Vingt-quatre heures après la résolution du parlement européen votée en faveur de la libération du journaliste Ihsane El Kadi, le parlement africain réagit avec une célérité et une orientation qui disent beaucoup des intentions des régimes du continent.
« Le parlement panafricain a appris avec regret la résolution prise par le Parlement européen appelant les autorités algériennes à accorder plus de liberté pour la presse algérienne » ,déplore l’institution parlementaire africaine qui « rappelle qu’en Algérie, les médias jouissent d’une complète liberté depuis que ce pays est engagé dans un processus démocratique amorcé depuis plus de trois décennies. » Et de reprendre la litanie du nombre de titres et de chaines de télévisions qui activent dans le pays, une preuve qui attesterait de l’existence de la liberté de la presse en Algérie alors que les titres privés les plus crédibles disparaissent des étals et que des journalistes sont jetés en prison pour avoir posté un avis critique contre le pouvoir.
La charge se veut offensive et culpabilisante car en plus la condamnation rituelle des ingérences dans les affaires intérieures de l’Algérie et des pays africains, le communiqué dénonce la violation du deal passé en novembre 2022 à Bruxelles entre les parlements africain et européen au cours duquel les deux institutions avaient convenu qu’elles « devaient se consulter sur les questions afférentes aux deux continents avant de prendre toute résolution ou décision. »
La posture vient rappeler que l’invasion de l’Ukraine a bel et bien impacté les avancées démocratiques arrachées dans plusieurs nations africaines ces dernières décennies. Une régression qu’un ancien ambassadeur algérien qui a exercé pendant deux mandats en Afrique australe résume ainsi : « Wagner n’est pas implanté partout en Afrique mais le poutinisme y a bien infusé. C’est une tendance lourde que les militants démocrates du continent doivent intégrer dans l’organisation de leurs luttes. »
