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Construire le destin nord-africain sur le substrat amazigh par le débat libre, plaide Saïd Sadi à Montréal

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Restaurer le débat, armer le citoyen par le débat, convaincre par le débat ou construire par le débat. Pendant les quatre heures qu’auront duré l’introduction et l’échange de la dernière activité du programme établi par la Fédération des Amazighs d’Amérique du nord à l’occasion de la commémoration du printemps amazigh, l’impérieuse nécessité  de restaurer la vertu du débat aura été un leit motiv pour Said Sadi . «  Le débat fut l’arme de la génération d’après-guerre  guerre qui lui a permis de faire de la Kabylie une aire de liberté et d’émancipation qui ne tarda pas à susciter le respect puis l’admiration d’autres régions qui se mirent, elles aussi, à se mobiliser pour exiger plus de droits et de dignité » fit valoir d’entrée le conférencier qui enchaina que : « c’est cette pratique qu’il faut réhabiliter partout y compris en Kabylie où l’invective sur laquelle souffle le régime a affaibli la résistance civique. »

Fidélité et innovation

Pour l’animateur du MCB et fondateur du RCD, revisiter l’esprit d’Avril 1980 c’est perpétuer une dynamique structurante et non célébrer une nostalgie. Les militants du MCB ont témoigné fidélité au parcours des ainés les plus audacieux du mouvement national, ceux qui ont osé réfléchir en dehors des cases et des dogmes étroits des castes et des sectes. Il y a eu aussi fidélité dans la projection du combat démocratique sur l’aire nord-africaine mais il y a eu innovation quant aux repères, méthodes et objectifs qui devaient concrétiser les nouveaux combats.  

Pour la génération d’avril 80, l’Afrique du Nord doit accomplir son destin sur le substrat amazigh, c’est cette mise en perspective du combat démocratique que Saïd Sadi a traitée samedi à Montréal dans une conférence qui a mobilisé la foule des grands jours.

Invité par la Fédération des Amazighs de l’Amérique du Nord (FAAN), le Dr Sadi est revenu longuement dans un amphithéâtre archicomble sur la genèse de Tafsut Imazighen lors d’une conférence intitulée : « Printemps berbère : un message de fidélité et d’anticipation nord-africaine ».

Traumatisée par le désenchantement terrible de 1962, la génération d’après-guerre a dû se prendre en charge pour se construire des repères qui réhabilitent l’histoire, la culture et l’identité de l’Algérie, relate le conférencier en guise d’introduction à son intervention. Si Avril 1980 est perçu comme un moment fondateur de la réhabilitation et de la réappropriation identitaires, c’est parce que les acteurs les plus en vue de cette séquence de l’histoire contemporaine de l’Algérie se sont nourris d’un autre moment capital dans la vie du Mouvement national : la crise dite berbériste de 1949. Une séquence durablement occultée ou diabolisée, toujours mal étudiée et aujourd’hui encore soumise aux pressions politique, intellectuelle et même académique de la gauche arabe qui veut la stériliser en occultant ou en falsifiant sa substance essentielle : la dimension identitaire posée déjà comme condition de la viabilité de la future nation algérienne. Une donnée que la brochure Idir el Watani décrivait comme une matrice plurielle culturellement et cultuellement. Et de donner comme preuves les déclarations de Maitre Mabrouk Belhocine ou  de Mohand ou Idir Aït Amrane, auteur du célèbre chant Ekker a mmi-s umazigh que l’intervenant a respectivement invité à faire une conférence au campus de Oued Aissi ( Tizi Ouzou ) et interviewé pour la revue Tafsut.

Tamazgha, horizon inéluctable

Si le Printemps berbère a infusé en Afrique du Nord, le mérite revient d’abord à une génération d’acteurs qui ont su inventer le combat pacifique dans un contexte où la vie politique était régentée par la violence. Cette pédagogie du pacifisme n’a été possible que parce le mouvement d’Avril 1980 avait introduit la tolérance dans le débat y compris quand il était contradictoire. C’est cette lente pédagogie qui a tiré vers le haut la conscience citoyenne, estime Saïd Sadi, qui déplore que la Kabylie soit aujourd’hui en phase de régression sur ce sujet, ce qui l’empêche de proposer des solutions crédibles et réalistes et de désamorcer les provocations du pouvoir qui a fait de cette région sa cible première car il pense que sa neutralisation assurerait la soumission du reste du pays. .

C’est un fait qu’en plus des problèmes endogènes qui prospèrent du fait de l’absence de débat, la perte de tradition d’écoute et d’échange fait peser une réelle menace sur la Kabylie que le couple militarisme et islamisme s’emploie à normaliser, fait observer Said Sadi qui argue cependant que : « si la dynamique de débat s’installe et s’étale, il ne sera pas possible d’empêcher l’avancée de la revendication culturelle et démocratique ». Le conférencier rappelle qu’il n’y a pas « de divergences en termes de projet de société entre le militarisme et l’islamisme ». A ce propos, l’orateur est longuement revenu sur la façon dont l’islamisme avait parasité la dynamique de l’insurrection citoyenne de février 2019. En la matière, Said Sadi se dit intransigeant : ceux qui se disent démocrates et qui refusent de souscrire aux principes démocratiques doivent être démasqués dans la mesure où c’est là un préalable qui garantit la fiabilité d’un projet consensuel autour duquel peut se construire la cité démocratique.

En dépit d’un contexte marqué par la répression stratégique du pouvoir et de la pollution islamo-conservatrice qui a sévèrement impacté la culture citoyenne en Kabylie notamment, l’orateur se dit convaincu que même si beaucoup d’entre nous ne seront pas là pour la vivre, Tamazgha sera une terre où il y aura une démocratie en terre musulmane car, citant un militant amazigh marocain qui s’était exprimé dans le dossier préparé au mois d’avril par adn-med, il dira que « la question amazigh a atteint un point de non-retour ». Et cette question comme la condition de la femme sont et demeureront les deux paramètres qui attesteront de la viabilité des luttes démocratiques que les jeunes mènent sur les réseaux sociaux ou dans leur environnement immédiat.

« Les anticorps de la liberté sont plus forts que les toxines de la régression », conclut sur une note d’espoir le fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), avant d’insister sur le rôle de la diaspora comme le lieu le plus indiqué actuellement d’où peut se concevoir une mise en perspective du combat démocratique.

Lors du long débat qui s’en est suivi, plusieurs intervenants ont interpellé le conférencier sur la manière de poursuivre le combat démocratique dans une conjoncture caractérisée par la répression et la fermeture. Un cadre d’une entreprise publique a questionné l’invité de la FAAN sur la façon dont les élites pourraient restaurer le débat en Kabylie où pouvoir et islamistes conjuguent leurs efforts pour aliéner la région.

La conférence a été suivie par une séance-dédicace du troisième tome des Mémoires de Saïd Sadi « La haine comme rivale » couvrant la période 1987-1997, dont tous les exemplaires ont été épuisés, obligeant le responsable de la maison Voix libres qui a édité l’ouvrage au Canada à promettre aux dizaines de personnes qui sont repartis bredouilles de faire un autre tirage dans les meilleurs délais.

De Montréal : Younes Lamri

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Affaire Ihsane El Kadi : un procès épique

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ALGERIE : IHSANE EL KADI DEVANT LE JUGE CE JEUDI

L’audience aura duré cinq heures avec dix avocats dont deux étrangers, un Belge et un Tunisien qui ont pu plaider sans être interrompus, ce qui n’est pas toujours le cas dans les tribunaux algériens. Comme il fallait s’y attendre la défense a insisté sur les multiples violations des procédures qui ont caractérisé l’instruction depuis le début de cette affaire.

Phénomène inattendu, le procureur a reconnu des erreurs de procédure. Sur le fond, c’est sans surprise que le représentant du ministère public a repris les poncifs des citadelles assiégées. Il a ainsi requis les peines maximales prévues pour la loi car, selon lui, il faut accompagner la presse pour lui éviter de commettre des erreurs et même des fautes pouvant servir de prétexte à l’immixtion des ennemis de la nation pour attenter à sa souveraineté et sa stabilité. Et de donner la destruction de l’Irak comme exemple de drame consécutif à des opérations suscitées par des acteurs étrangers et qui sont relayés par des agents internes. Autre cafouillage, le représentant de l’agence de régulation de l’audio-visuelle, l’ARAV, a reconnu avoir reçu instruction pour se porter partie civile.

El Kadi Ihsane a, lui aussi, pu développer ses arguments, démontant un à un les accusations dont il est l’objet. La fin de son intervention fut suivie par des applaudissements nourris.

Avant l’audience, les appréhensions sur le déroulement du procès étaient grandes. La récente manœuvre au cours de laquelle on a vu de voir le général Ali Ghediri condamné à deux ans de plus alors que sa peine de quatre ans devait prendre fin en mois de juin faisait redouter aux proches du journaliste un procès bâclé. Il n’en fut rien.

Le délibéré est renvoyé au 18 juin, soit deux semaines. Une période plutôt longue. La moyenne pour rendre un jugement est de l’ordre de la semaine. Nous reviendrons sur cet évènement qui fera partie de ceux qui auront marqué les annales judiciaires du pays.

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Investiture d’Erdogan : Goudjil salue « les expériences véritablement démocratiques » turques et algériennes

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Représentant le chef de l’Etat algérien à la cérémonie d’investiture d’Erdogan, Salah Goudjil, le président de la chambre haute du parlement qui s’exprimait samedi devant l’agence de presse turque Anadolu, s’est félicité de l’excellence des relations algéro-turques qui « sont solides et se renforceront d’avantage à l’avenir, notamment dans les domaines politique et économique, et la coordination entre les positions diplomatiques des deux pays se consolidera encore dans les fora internationaux« . 

Par ailleurs, Monsieur Goudjil a salué « les expériences véritablement démocratiques » menées par les pouvoirs algériens et turcs.

Dans sa prestation de serment M. Erdogan a juré « de protéger l’existence et l’indépendance de l’Etat, l’intégrité de la patrie, l’Etat de droit et le principe d’une république laique. »  

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EDITORIAL. Défaite de la gauche espagnole : quelles conséquences sur le Maroc et l’Algérie ?

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La lourde défaite des socialistes espagnols aux élections régionales et locales de ce 28 mai bouleverse l’échiquier intérrieur. Une débâcle dont les incidences extérieures sont déjà patentes. En effet, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé ce vendredi le report du discours qu’il allait prononcer le 12 juilet devant le parlement européen au cours duquel il devait annoncer les priorités de l’Espagne à qui revenait la présidence de la commission pour une durée de six mois. 

Dans ces élections, le PS perd six des 10 régions disputées. Aux élections locales, la tendance se confirme puisque c’est le Parti populaire (PP) qui arrive en première position avec 31% des voix  (7 millions) alors que les socialistes ne recueillent que 28,1% des suffrages (6,3 millions). Pour sa part, la formation VOX, de la droite radicale, s’installe comme troisième force du pays avec 7,19% des suffrages soit 1,5 million des voix.

Le boulet Podemos 

 Au plan domestique, cette contre-performance interpelle car le bilan social et économique de Pedro Sanchez est, de l’avis de tous, remarquable. Selon divers instituts, les causes de ce revers sont essentiellement dues aux concessions faites par les socialistes sur les questions sociétales, comme le droit reconnu à un adolescent de changer de genre dès l’âge de 14 ans, à leurs alliés d’extrême gauche de Podemos, un parti qui vient de s’effondrer. 

On serait en quelques sortes dans une situation inverse de la Turquie mais qui démontre avec la même logique que les questions économiques ne sont pas les seuls déterminants du vote du citoyen. La récession et l’inflation galopante n’ont pas empêché la réélection d’Erdogan qui a survendu le projet de la renaissance islamo-nationaliste. Vérifiant a  contrario ce constat, l’augmentation des salaires et l’amélioration de la qualité du niveau de vie enregistrées par le gouvernement de Pédro Sanchez ne lui ont pas évité un naufrage électoral. 

Les résultats turcs et espagnols viennent rappeler que les problématiques sociétales et spirituelles pèsent toujours sur les constructions politiques des nations. Une donnée dont les implications géopolitiques ne sont pas anodines. Dans l’éditorial du 31 mai, nous soulevions les impacts de la réélection d’Erdogan sur l’Afrique du nord. La même analyse peut être appliquée à l’évolution espagnole, si la droite devait revenir à la Moncloa, ce qui est désormais une éventualité forte.

Rabat et Alger sur le grill

Jouant son va-tout, Perdo Sanchez a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées pour le 23 juillet. Pour l’instant, les sondages prédisent un prolongement voire une amplification des scores du 28 mai.  Des résultats qui pourraient avoir des conséquences immédiates sur la rive sud de la Méditerranée occidentale. La fébrilité qui gagne les sphères décisionnaires marocaines et les changements de la diplomatie madrilène espérés par la presse algériennes sont des signes de ce que redoutent ou attendent secrètement les deux frères ennemis. 

Pendant longtemps, Madrid a veillé à observer un savant équilibrisme entre Rabat et Alger. Jusqu’à  2022 quand le gouvernement espagnol décide d’un choix décisif : assumer une proximité préférentielle avec le royaume chérifien. « le Maroc n’est pas un simple voisin, mais un partenaire stratégique pour l’Espagne », proclamait récemment encore le ministre des affaires étrangères espagnol Jose Manuel Albarez. L’alignement de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental allait engendrer une crise majeure avec Alger qui dénonça aussitôt le traité d’amitié qui la liait à l’Espagne, provoquant des faillites en cascade d’entreprises dans les deux pays. 

Une politique que la droite espagnole ne manqua pas de dénoncer. Tous ses ténors condamnèrent le revirement des socialistes. Le chef du PP Alberto Nunez Feijoo considère que la politique marocaine de Pedro Sanchez est une « humiliation pour l’Espagne ». L’ex-Premier ministre, José Maria Aznar, dont la voix compte toujours dans les milieux conservateurs, considère le Maroc comme un risque historique pour l’Espagne. Santiago Abascal, le leader de VOX, déclare à qui veut l’entendre que le soutien au plan marocain sur le Sahara occidental n’engage que le gouvernement de Pedro Sanchez. Or les chancelleries considèrent désormais la coalition PP-VOX comme une hypothèse forte après le scrutin législatif de juillet.

Après le basculement de l’Italie à droite, ce serait un renversement des équilibres géopolitiques dans la Méditerranée occidentale avec tout ce que cela implique comme conséquences migratoire, sécuritaire, énergétique et économique. L’isolement d’Alger, dont les relations avec Paris se sont à nouveau tendues, connaitrait un répit, ce qui donnerait un peu plus d’air à un binôme algéro-tunisien largement contesté par l’intelligentsia tunisienne. 

A moins que la real politique ne conduise la droite espagnole, -si celle ci devait confirmer sa victoire le 23 juillet-, à se satisfaire de la position prise par le PSOE sur le dossier du Sahara occidental. Elle aussi assumerait, sans trop le claironner, la reconnaissance du plan marocain ; cela pourrait détendre un tant soit peu les rapports avec l’Algérie sans remettre en cause les substantiels avantages économiques, migratoires et sécuritaires engrangés par Pedro Sanchez depuis qu’il s’est rapproché du Maroc. C’est un peu ce qu’a fait Biden avec les décisions prises par Trump. 

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Tunisie. Une nouvelle affaire de complot révèle des divisions parmi les soutiens de Kaïs Saïed

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Tunisie : l’état de santé du président intrigue

Une vingtaine de personnes, dont les deux anciens chef de gouvernement Youssef Chahed et Ali Larayedh, l’ancienne cheffe de cabinet du président Kaïs Saïed Nadia Akkacha, ou encore des ex-ministres et sécuritaires, sont accusés d’un nouveau complot contre « la sûreté intérieure et extérieure de l’État ». L’enquête a été ouverte par le pôle antiterroriste de Tunis le mardi 30 mai en vertu de plusieurs dispositions du Code pénal et de loi relative à la lutte contre le terrorisme. 

Une opération qui divise

« À ce rythme, l’ensemble du peuple tunisien va être accusé de complot contre ceux qui le gouvernent », a déclaré l’avocat Samir Dilou sur Mosaïque FM. Il s’agit en effet de la troisième grande affaire de « complot » ouverte depuis novembre 2022 impliquant des opposants politiques ou d’anciens proches du président tunisien. 

La particularité de ce nouveau dossier est qu’il implique des personnalités a priori opposées politiquement, liant d’anciens cadres d’Ennahdha à des personnes ayant soutenu le coup de force de Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. 

Réagissant à cette nouvelle accusation après avoir été impliquée dans « l’affaire des 25 », la première instruction ouverte en novembre, Nadia Akacha a dénoncé un acharnement judiciaire à son encontre. « Une fois de plus, mon nom est intégré dans une liste composée de personnes avec lesquelles je ne peux rien avoir en commun », a-t-elle dénoncé, précisant qu’il s’agissait de ceux qui l’ont diffamée et lui ont causé du tort lorsqu’elle exerçait ses fonctions à la tête du cabinet présidentiel. Exilée à l’étranger, Nadia Akacha a annoncé son intention de retourner en Tunisie et de parler malgré son devoir de réserve « pour que les Tunisiens sachent qui sont les traîtres et les conspirateurs ». 

Rayan Hamzaoui, ancien maire d’Ezzahra, dans la banlieue sud de Tunis, fait également partie des accusés. Son arrestation et l’émission d’un mandat de dépôt contre lui par le juge d’instruction a suscité une vague d’indignation, particulièrement de la part de partisans de Kaïs Saïed. C’est la première fois qu’ils expriment clairement leur désaccord avec les décisions du régime. Selon son comité de défense, Rayan Hamzaoui est accusé d’être en relation avec Nadia Akacha alors même que ses différends avec cette dernière étaient de notoriété publique, selon les témoignages de son père et de ses avocats. Leila Haddad, avocate et cadre au sein du mouvement Echaâb, une des principales formations politiques soutenant le processus du 25 juillet, a dénoncé un règlement de compte, indiquant qu’un informateur anonyme avait impliqué son client sans apporter aucune preuve. Elle indique que cet informateur pourrait être un responsable régional actuellement en poste. Rayan Hamzaoui a entamé une grève de la faim pour dénoncer une arrestation jugée arbitraire.

Règlements de compte dans le sérail 

Une partie des personnalités impliquées dans cette affaire sont déjà en prison comme Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahdha ou Ali Larayedh, ancien chef du gouvernement, tandis que d’autres se trouvent à l’étranger, à l’instar de Nadia Akacha, Youssef Chahed ou encore Kamel Guizani, ancien directeur général de la sûreté nationale. Ce dernier a été mis à la retraite d’office par l’ancien ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine. Il avait été nommé ensuite ambassadeur à La Haye en septembre 2019 par Kaïs Saïed, mais refusé par les autorités néerlandaises, une première pour la diplomatie tunisienne. Cadre sécuritaire redouté et réputé proche de Youssef Chahed, il avait été tenu pour responsable de l’arrestation très critiquée de Moncef Kartas, expert onusien tuniso-allemand accusé d’espionnage par la Tunisie. Nommé ensuite ambassadeur auprès du royaume de Bahreïn, il est définitivement limogé en janvier 2022. Exilé à l’étranger, il est considéré par les soutiens du régime de Kaïs Saïed comme un de ses principaux opposants. 

En réunissant des cadres d’Ennahdha et d’anciens hauts cadres sécuritaires avec d’anciens soutiens de Kaïs Saïed désavoués par le régime – deux clans a priori opposés – cette nouvelle affaire pourrait apparaître comme un règlement de compte entre les proches de Kaïs Saïed actuellement au pouvoir, à l’instar de Kamel Feki, ministre de l’Intérieur, et ceux qui ont été éloignés progressivement depuis le coup de force du président de la République en 2021. 

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Un avocat parisien d’Ihsane El Kadi se voit refuser son visa

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Maitre Pierre Brunisso, membre du collectif d’avocats international de la défense du journaliste Ihsane El Kadi s’est vu refuser la délivrance de son visa par les services consulaires de l’ambassade d’Algérie à Paris pour défend re son client dans le procès en appel prévu le 4 juin à Alger.

Constitué par la famille du journaliste détenu, depuis le 29 décembre 2022, l’avocat français a déclaré avoir essuyé un refus que les autorités consulaires qui n’ont ni motivé ni assumé par écrit.

Selon le défenseur d’Ihsane El Kadi, l’agent qui a pris le dossier au guichet est revenue après l’avoir présenté dans bureau. Il précise qu’à « son retour, elle m’a indiqué que le dossier était incomplet », a rapporté l’avocat qui ajoute n’avoir reçu aucune explication convaincante quand il a demandé à connaitre la ou les pièces supposées manquer.

La préposée à la transmission des visas a prétendu que la procuration devait être signée par le tribunal algérien alors qu’il est requis que le document soit fourni par la famille du prévenu, ce qui, en l’occurrence, était le cas.

Maitre Brunisso a demandé une notification écrite de ce rejet qui ne lui a pas été délivrée.

Pour rappel, une convention bilatérale permet aux avocats des barreaux algériens et français de plaider pour leurs clients devant les tribunaux des deux pays.

Auparavant, une tribune* signée par dix personnalités de premier plan comme la prix Nobel de littérature, la française Annie Ernaux, l’écrivaine indienne Arundhati Ray, le cinéaste Ken Loach, le poète marocain Abdelatif Laibi ou le philosophe tunisien Youssek saddiik a été adressée au chef de l’Etat algérien Abdelmadjid Tebboune pour exiger la libération d’Ihsane El Kadi ainsi que celles des autres journalistes et, plus généralement, des détenus d’opinion. Les signataires déclarent entre autres que « l’Algérie est un idéal plus vaste que le cachot qu’elle est en train de devenir. »

*Tribune publiée le 29 mai dans la presse internationale

Tribune

Un collectif d’intellectuels, dont Noam Chomsky, Annie Ernaux, Ken Loach et Arundhati Roy, appelle, dans une tribune au « Monde », à la libération du journaliste algérien Ihsane El-Kadi, injustement détenu et condamné.

Plus qu’un pays, l’Algérie est une idée. Une idée entêtée de libération. Soixante ans après l’indépendance du pays, cette idée continue à irradier l’espoir dans le cœur de ceux qui se battent encore contre l’oppression. Elle est la preuve que la victoire sur l’injustice est possible, y compris lorsque le face-à-face paraît désespéré et démesurément disproportionné.

Aujourd’hui, ce grand pays se referme comme un piège redoutable sur les opposants politiques et les citoyens qui osent rêver d’un véritable Etat de droit.

Le journaliste Ihsane El Kadi est en prison parce qu’il refuse de se soumettre aux pressions de ceux qui gouvernent le pays et voudraient faire de lui un journaliste de contrefaçon. Directeur de la webradio Radio M et du journal d’information Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi a été arrêté au cœur de la nuit le 24 décembre 2022, par six officiers militaires.

Le lendemain, il a été emmené par les services de sécurité pour assister à la perquisition et à la fermeture des médias qu’il a créés. Ses collègues et amis assistèrent, en larmes, au spectacle du journaliste menotté, mené comme un criminel sur les lieux de son « crime » : une radio et un site d’information indépendants.

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Au terme d’une instruction bâclée, entachée de violations de la procédure pénale et des droits de la défense, le 2 avril, Ihsane El Kadi a été condamné à cinq années de prison dont trois ferme. Son procès en appel, qu’il attend dans la prison d’El-Harrach à Alger, aura lieu le 4 juin.

Une éducation à la liberté

A 64 ans, Ihsane El Kadi est un vétéran du journalisme indépendant en Algérie, exactement comme son père, Bachir El Kadi [1927-2005], a été un vétéran de la guerre de libération de son pays. Comprenez que l’obstination de ce journaliste pour l’indépendance dans sa profession est cimentée dans les contreforts de son éducation à la liberté, celle de l’histoire du combat de son peuple contre l’asservissement colonial.

Ihsane El Kadi est accusé d’avoir trahi son pays, mais, vu des horizons éloignés d’où nous regardons et nous intéressons à l’Algérie, il nous semble qu’il a, au contraire, chevillé l’amour de cette terre à son travail de journaliste indépendant.

C’est pourquoi nous nous permettons, monsieur le Président Abdelmadjid Tebboune, d’écrire aujourd’hui pour vous demander de faire tout ce qui est en votre pouvoir afin que cesse l’acharnement sécuritaire et judiciaire que subissent Ihsane El-Kadi et tous les prisonniers d’opinion en Algérie.

Quels que soient les désaccords et les antagonismes, l’Algérie est un idéal plus vaste que le cachot qu’elle est en train de devenir pour les journalistes critiques et les voix discordantes. Elle est la terre retrouvée des damnés de la terre.

Il est en votre pouvoir de libérer Ihsane El-Kadi ainsi que tous les journalistes emprisonnés et tous les détenus d’opinion. Usez de ce pouvoir, par fidélité au combat des Algériens pour la justice et la liberté.

Signataires : Etienne Balibar, philosophe (France) ; Joyce Blau, universitaire, membre des réseaux de soutien au FLN pendant la guerre d’indépendance algérienne ; Noam Chomsky, linguiste (Etats-Unis) ; Annie Ernaux, romancière, prix Nobel de littérature (France) ; Elias Khoury, romancier (Liban) ; Abdelatif Laabi, poète (Maroc) ; Ken Loach, cinéaste (Royaume-Uni) ; Achille Mbembe, historien et politiste (Cameroun) ; Arundhati Roy, romancière (Inde) ; Youssef Seddik, philosophe (Tunisie).

Collectif

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EDITORIAL. Réélection d’Erdogan : conséquences pour la Turquie et impact sur l’Afrique du nord.

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EDITORIAL. Réélection d’Erdogan : conséquences pour la Turquie et impact sur l’Afrique du nord.

La réélection d’Edogan est un fait important à analyser au regard de la vie intérieure turque mais aussi du point du vue de l’influence géopolitique d’un pays membre de l’OTAN. La Syrie, l’Azerbaidjan, l’Arménie, l’Ukraine ou la Grèce sont concernés en premier chef par ce scrutin. Mais, on ne le dit pas assez, il en est de même pour l’Afrique du nord.

Une victoire en trompe l’oeil

Avant d’envisager les incidences extérieures de ce troisième mandat du Réïs, il convient de voir dans quelles conditions il a été acquis et comment il est vécu après coup.  Il faut d’abord relever qu’à l’inverse des deux précédentes victoires, cette dernière n’a été arrachée qu’au deuxième tour avec un score de 52,14%. Par ailleurs, si les capitales occidentales ont pris acte du succès arithmétique du responsable islamiste, elles ont relevé que le climat qui a prévalu en amont du vote était loin d’être exemplaire. Le concurrent d’Ergogan, Kemal Kiliçdaroglu a eu droit à…trente fois moins de temps d’antenne sur les médias publics.  Et ce ne sont pas les observateurs étrangers qui contesteront la partialité de l’administration. « J’ai le regret de constater que le travail de l’administration électorale a manqué de transparence », a déclaré le responsable de la mission d’observation, Jan Petersen.

Un autre phénomène, déjà oublié, a marqué cette campagne. Le principal adversaire du président sortant, coopté par six partis d’horizons politiques divers, est un alévi qui a publiquement dit son appartenance à cette minorité cultuelle, marginalisée sinon stigmatisée en Turquie, où les femmes et les hommes prient et discutent ensemble pendant les cérémonies religieuses. Cela dit quelque chose des profondes mutations qui traversent un pays cornaqué par un autocrate disposant d’une Diniyet dotée de deux milliards de dollars par an et qui mobilise 100 000 personnes pour araser les rites ouverts de l’islam par un sunnisme hégémonique dont il se veut le surveillant voire le tuteur. Pour ne pas laisser planer de doute sur ses objectifs, celui qui rêve de reconstituer l’empire ottoman a tenu à se recueillir, la veille du deuxième tour, sur la tombe d’Adnan Menderes, l’homme qui a, le premier, voulu attenter à l’héritage d’Ataturk.

La Turquie sort divisée de cette compétition et ce n’est pas un Erdogan rigide et monomaniaque qui travaillera à sa réunification. Il a bien appelé à l’union nationale mais ses premiers mots, avant même la proclamation des résultats, furent : «  Bye bye, Kemal. ( Kamel Kiliçdaruglu, arrivé au 2éme tour. ndlr ) » Si l’on ajoute à ces considérations le fait que sur les  trois millions d’électeurs des provinces affectées par le séisme du 6 février, moins de 130 000 ont pu s’inscrire, on peut supposer que lorsque la vie quotidienne reprendra son cours et que l’inflation qui fait plonger la livre à des niveaux abyssaux privera le citoyen du minimum nécessaire à une vie décente, l’autorité d’Erdogan peut connaitre des érosions contre lesquelles les émois du nationalisme islamiste, qui ont servi de voile aux échecs économiques pendant la campagne, risquent de s’avérer insuffisants. Un dépit qui peut du reste se traduire par un revers électoral lors des élections locales prévues dans une année alors que les plus grandes villes du pays échappent déjà à l’AKP.

A l’intérieur du pays, le plus dur reste à faire pour Erdogan.

Le marécage nord-africain

Sur la scène internationale, le président turc peut faire valoir sa double entente avec Moscou et Kiev pour monnayer une relative liberté de manœuvre en Syrie, au Kurdistan et au Haut Karabach. En revanche, sur le sous-continent nord-africain, les relations sont plus complexes pour Ankara. Avec Rabat, la coopération dominée par le commerce ne pose pas de problèmes politiques particuliers au royaume.  Il en va tout autrement avec les trois autres pays de la région qui furent tous soumis à la Sublime Porte. En Libye, la Turquie est déjà ouvertement engagée dans le conflit où, d’ailleurs, elle s’oppose à la Russie, pourtant partenaire privilégié dans la construction du cartel des démocraties illibérales. En Tunisie, le régime apprécie très mal le soutien apporté par le pouvoir turc au parti islamiste d’Ennahdha, ennemi juré de Kaïs Saïed. Sans surprise, le président turc fut l’un des premiers dirigeants à dénoncer l’arrestation de Rached Ghannouchi. Un tracas de plus pour Alger, en concubinage interne et externe avec les Frères musulmans et qui ne cesse d’inviter son affidé tunisien à la retenue dans sa gestion du parti religieux pour ne pas irriter un régime turc en qui le gouvernement Tebboune voit un modèle. En Afrique du nord, seule l’Algérie semble se réjouir de la reconduction d’Erdogan. Islamisme, autoritarisme et nationalisme exacerbé répondent à la promotion des canons politiques sur lesquels travaille le pouvoir algérien qui ne cache pas sa fascination pour la poigne et le conservatisme xénophobe du leader ottoman. La collaboration entre les deux pouvoirs est d’ailleurs mutuellement appréciée. Après la mort soudaine du vice-ministre de la défense Ahmed Gaid Salah, son secrétaire particulier, Guermit Bounouira, avait fui vers Ankara en emportant avec lui des dossiers compromettant pour de nombreux dirigeants algériens. Les autorités turques ont rapidement renvoyé le félon vers Alger…après l’avoir débriefé.

Cette proximité algéro-turque n’est pas sans poser problème. « Avec les informations qu’ils détiennent sur les dirigeants algériens, les Turcs ont de beaux jours devant eux en Algérie. Ils savent se montrer généreux quand il faut enlever les grands contrats disputés par des concurrents qui s’interdisent de recourir aux commissions occultes,» analyse un représentant d’un grand consortium italien qui a dû renoncer à un gros marché devant la force de persuasion turque.  «  Ils tiennent une bonne partie de la nomenklatura », ajoute notre interlocuteur.

Autre son de cloche : « il serait trop exagéré de dire qu’Erdogan va compenser sa fragilité politique et ses déficits économiques par le chantage qu’il ne se privera pas d’exercer sur les acteurs algériens, mais il va certainement en jouer », pronostique ce jeune expert qui a longtemps conseillé le Forum des chefs d’entreprises, FCE, à l’époque d’Ali Haddad, lequel est aujourd’hui détenu dans le centre pénitentiaire de Tazoult Lambèse.

L’Algérie s’apprêterait à envoyer comme ambassadeur à Ankara le secrétaire général du ministère des affaires étrangères Amar Belani, un homme physiquement affaibli et dont la nuance n’est pas la première qualité. Affecté des années durant aux invectives envers le Maroc, il pourrait finir sa carrière en mettant à profit sa gouaille pour célébrer et relayer les vertus de l’autoritarisme islamo-conservateur.  

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L’ambassadeur d’Algérie à Rome provoque une polémique en Tunisie

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L’ambassadeur d’Algérie à Rome provoque une polémique en Tunisie

Pour la deuxième fois en quelques mois les propos d’un dirigeant algérien suscitent une vive polémique en Tunisie.

Une rechute qui passe mal à Tunis

Après les propos du chef de l’Etat tenus en janvier devant la première ministre italienne Giorgia Meloni et jugés offensants à Tunis, Abdelkrim Touahria, ambassadeur d’Algérie en Italie, vient de déclarer à l’agence de presse NOVA que : « son pays travaille en étroite collaboration avec l’Italie pour maintenir la stabilité en Tunisie. » il précise son propos ainsi: «  nous sommes pleinement engagés à faire face à la situation en Tunisie qui nous préoccupe et nous coopérons avec l’Italie pour prévenir toute forme d’instabilité dans ce pays », avant de conclure : «  notre objectif commun est de contribuer au maintien de la stabilité en Tunisie. »

Une déclaration qui n’a pas tardé à entrainer une multitude de réactions sur la toile mais aussi auprès de hauts cadres, de militants politiques ou d’intellectuels. Un activiste cité par Al Qods Al Arabi ironise : « comment l’Algérie va-t-elle se coordonner avec l’Italie pour maintenir la stabilité en Tunisie ? Cela se fera-t-il à travers le projet Galsi de transport de gaz qui ignore le territoire tunisien (…) ou bien, en autorisant la pollution du bassin de la Medjerdah par des déchets industriels et urbains ? Ou en utilisant à mauvaises escient les ressources en eaux souterraines partagées entre la vallée algérienne du Souf et la région tunisienne de Ghardimaou, ce qui va à l’encontre de nos accords et traités ? »

Remontées des anciens problèmes

Pour sa part, Elyes Farhi, ancien ambassadeur et analyste politique s’alarme dans son post facebook de la dépendance dans laquelle s’installe la Tunisie de Kaïes Saïed vis à vis de l’Algérie, une relation qui prend une « tournure de vassalisation ».  Il déplore « qu’en plus du cumul sourd de litiges bilatéraux, notamment sur le dossier brulant de l’eau, des responsables politiques et diplomatiques algériens prennent la liberté de discuter avec des pays tiers de la stabilité de la Tunisie sans susciter de réaction d’amour propre de la Tunisie. »

Elyes Farhi se saisit de la dernière saillie de l’ambassadeur algérien pour rappeler que : « l’histoire, avant et après l’indépendance, nous a pourtant appris à faire preuve de vigilance tout en veillant à l’établissement de relations de bon voisinage… » avant de trancher par un avertissement : «  la souveraineté nationale est trop précieuse pour être compromise par des élans émotionnels irréfléchis ou pour une poignée de pétro-dollars. » L’ancien diplomate tunisien relève au passage que « depuis 2011, la Tunisie a échoué dans sa gestion du voisinage libyen avec des effets préjudiciables sur l’économie et la sécurité nationales. »

Maladresses ou expansionnisme diplomatiques ?

Pour rappel, au mois de janvier, Abdelmadjid Tebboune en présence de la première ministre italienne Giorgia Meloni qu’il recevait à Alger avait, lui aussi, déclaré que l’Algérie et l’Italie veillaient à maintenir la stabilité en Tunisie. Un propos qui avait déjà engendré des débats indignés dans les médias et la classe politique tunisienne. ( voir adn-med du 08/04/2023)  

Au mois d’avril, c’était l’ambassadeur algérien à Tripoli qui déclencha une autre polémique en demandant à la ministre des Affaires étrangères libyenne de mettre un terme aux activités du Conseil suprême amazigh de Libye. Une ingérence qui avait soulevé une bronca des organisations amazighes libyennes, lesquelles avaient demandé à l’ensemble des partis et des associations libyens d’exiger l’expulsion du diplomate algérien. ( voir adn-med du 28/04/2023) 

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

L’activiste Karim Tabbou enlevé par des individus en civil jeudi à Alger ( Voir adn-med du 25 mai ) vient d’être libéré après avoir été mis sous contrôle judiciaire pour avoir participé à une émission de télévision avec l’ancien président tunisien Moncef Marzouki, aujourd’hui opposant à Kaïs Saïed vivant en exil et lui aussi sous le coup d’une condamnation de la justice de son pays.

Il a été présenté aujourd’hui au procureur de la République et à un juge d’instruction du tribunal d’El Koléa après 48 heures de garde à vue au commissariat de Dely Ibrahim ( Banlieue ouest d’Alger ).

Il lui a été signifié quatre chefs d’inculpation dont le fait d’avoir participé avec l’ancien président tunisien Moncef Marzouki à une émission programmée par la télévision islamiste Al Maghribia basée à Londres et diffusée le 7 mai 2023.

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Tunisie. Le directeur de Mosaïque FM libéré mais la liberté d’expression reste fortement menacée

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Tunisie. Le directeur de Mosaïque FM libéré mais la liberté d'expression fortement menacée

Noureddine Boutar, directeur de la radio privée Mosaïque FM, a bénéficié d’une libération sous caution mercredi 24 mai, après plus de trois mois derrière les barreaux.

Il avait été arrêté le 13 février 2023 et placé en détention provisoire pour soupçons de blanchiment d’argent. Il est accusé entre autres d’avoir utilisé les fonds de son média pour orienter sa ligne éditoriale contre le régime.

La presse en sursis

Si, selon le dossier judiciaire, aucun élément n’a été apporté par l’accusation de nature à prouver une quelconque malversation, les charges qui pèsent sur lui n’ont pas été levées et sa libération, moyennant une somme d’un million de dinars tunisiens (300 000 euros) est assortie d’une interdiction de quitter le territoire tunisien. M. Boutar fait également partie de la liste des accusés dans l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État. Il n’a cependant pas été entendu par le juge ni placé en détention dans le cadre de cette affaire, contrairement à plusieurs figures de l’opposition arrêtées depuis le mois de février. 

Cette libération intervient dans un contexte de répression accrue contre les journalistes, mais aussi contre des citoyens qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Lundi 22 mai, les deux journalistes Haythem El Mekki et Elyes Gharbi, ont été entendus par la brigade criminelle de Tunis après une plainte déposée contre eux par un syndicat des forces de l’ordre. Le chroniqueur et l’animateur de Midi Show, émission de Mosaïque FM la plus écoutée en Tunisie, sont accusés d’avoir tenu des propos insultants contre la police, après avoir évoqué la question du recrutement au sein des institutions sécuritaires, dans le contexte de l’attentat de Djerba perpétré par un agent de la garde nationale. Après un interrogatoire qui a duré plusieurs heures, ils ont finalement été relâchés en attendant d’être entendus par le juge d’instruction. Notons la forte mobilisation de la profession et de la société civile présents massivement devant les locaux de la brigade criminelle durant toute la durée de l’audition.

Une semaine plus tôt, le 16 mai, le correspondant de la même radio à Kairouan a été condamné en appel à cinq ans de prison. S’il reste libre en attendant le pourvoi en cassation, il s’agit du jugement le plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne, « sans précédent dans tous les régimes dictatoriaux tunisiens », avait alors déploré le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dans un communiqué. 

Plusieurs autres journalistes, dont Nizar Bahloul, directeur de Business News, Monia Arfaoui, journaliste à Assabah, et Mohamed Boughalleb, chroniqueur sur Cap FM, sont actuellement poursuivis en vertu du décret-loi 54-2022. Promulgué par Kaïs Saïed en septembre 2022, ce texte punit de cinq ans de prison et d’une amende de 50 000 dinars (environ 15 000 euros) toute personne « utilisant délibérément les réseaux de communication et les systèmes d’information pour produire, promouvoir, publier ou envoyer de fausses informations ou des rumeurs mensongères ». La peine encourue est portée à dix ans si ces informations concernent un fonctionnaire de l’État, ce qui est le cas des journalistes visés, poursuivis par des membres du gouvernement de Najla Bouden. 

Le fait du prince

Mais les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression ne concernent pas uniquement les médias. Plusieurs citoyens ont été poursuivis ou condamnés pour des publications critiques vis-à-vis du pouvoir en place, partagées sur les réseaux sociaux. Le 16 mai, deux jeunes étudiants ont été arrêtés à Nabeul, dans le Nord-Est de la Tunisie, pour avoir publié une chanson satirique jugée insultante contre la police. Après une forte mobilisation de la société civile et des médias, le président Kaïs Saïed s’est exprimé, jugeant que cette arrestation était « injuste » et « inacceptable ». Dans l’heure qui a suivi, les deux jeunes hommes ont été libérés. 

Au même moment, un enseignant du secondaire à Gafsa n’a pas eu cette chance. Après avoir été arrêté pour avoir publié des caricatures et des commentaires critiquant le régime politique et le président de la République, il a été condamné à un mois de prison ferme. Lors de son audition, il a notamment été interrogé sur son positionnement par rapport au pouvoir en place et au coup de force de Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. Dans le même sens, Mohamed Zantour, jeune étudiant et activiste originaire de Msaken dans la région de Sousse, est lui aussi en prison depuis près d’un mois après qu’un mandat de dépôt a été émis contre lui le 29 avril 2023. Comme d’autres, il a été placé en détention en vertu du décret-loi 54-2022 pour avoir partagé sur les réseaux sociaux son avis critique par rapport au régime de Kaïs Saïed. 

De nombreux avocats, opposants politiques, journalistes ou citoyens sont actuellement poursuivis par la justice tunisienne, pour avoir exprimé leurs opinions. Dernier en date, l’avocat Mehdi Zagrouba a entamé une grève de la faim au siège de l’Ordre des avocats pour ce qu’il décrit comme un acharnement judiciaire et une injustice. Après avoir été condamné en début d’année par la justice militaire, un mandat d’amener a été émis contre lui dans le cadre d’une plainte de la ministre de la justice sur la base du décret-loi 54. 

En avril, lors du lancement d’une campagne contre ce décret-loi jugé liberticide, plusieurs organisations de la société civile ont dénoncé le fait que ce texte accorde une immunité aux fonctionnaires et représentants de l’État contre les critiques qui leur sont adressées. Le SNJT a, de son côté, mis en garde contre une « dérive dangereuse » et décidé de multiplier les mouvements de protestation. 

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Algérie. Karim Tabbou placé en garde à vue

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Algérie. Karim Tabbou libéré mais placé sous contrôle judiciaire

L’ex-premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou a été placé en garde à vue ce mardi 24 mai à Dely Brahim (banlieue Ouest d’Alger) apprend-on auprès de sa famille.

L’information est tombée sur les coups de 16h30 quand Djaffer Tabbou a publié un post sur Facebook indiquant que son frère Karim a été arrêté « par des individus en civil » dont « l’appartenance institutionnelle est ignorée ». Il donnera quelques heures plus tard l’endroit où le coordinateur de l’Union démocratique et sociale, UDS (parti non reconnu par le ministère de l’Intérieur) se trouvait en maintenant que les raisons de l’arrestation et les services qui le détiennent sont toujours inconnues. 

Il est à rappeler que Karim Tabbou avait été interpellé plusieurs fois depuis l’apparition du Hirak en 2019 et a été incarcéré entre septembre 2019 et juillet 2020. Il a été condamné à une année de prison ferme en mars 2020 et à une année de prison avec sursis en novembre de la même année dans deux affaires différentes.

Personne controversée de la scène politique algérienne, l’activiste Karim Tabou, aujourd’hui âgé de 50 ans a fait partie du Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD ( parti laïc ) au début de son engagement politique avant rejoindre le front des forces socialistes, FFS, qu’il quittera dans des conditions troubles. Il fondera ensuite l’UDS et se présentera, avec d’autres figures,  comme l’un des prétendants à la représentativité du hirak, une autopromotion qui fut reprochée à leur auteurs par une partie de l’opinion qui considérait que cette prétention a semé une confusion qui fut l’une des causes de l’essoufflement puis de l’arrêt des  manifestations. 

Ces dernières années Karim Tabou qui assume désormais son rapprochement avec le courant islamiste intervenait régulièrement sur la chaine de télévision Al Maghribia dirigée par le fils d’Abassi Madani, fondateur du Front islamique du Salut, FIS.

Pour l’instant, les autorités n’ont pas fait de commentaires sur cet enlèvement.   

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