dimanche, décembre 3, 2023
Politique

Un journaliste condamné à la peine la plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne

Le journaliste Khalifa Guesmi, correspondant de la radio privée Mosaïque FM, a annoncé mardi 16 mai avoir été condamné en appel à une peine de cinq ans de prison, en vertu de la loi relative à la lutte contre le terrorisme. Il est accusé d’avoir refusé de divulguer ses sources après avoir publié un article sur une opération sécuritaire et l’arrestation de personnes suspectées de terrorisme à Kairouan.

La cour d’appel a ainsi alourdi la peine prononcée en première instance en novembre 2022, où il avait été condamné à un an de prison. Il a été laissé en liberté en attendant un pourvoi en cassation.

“Ce jugement en appel est le plus sévère de l’histoire de la presse tunisienne, sans précédent dans tous les régimes dictatoriaux tunisiens”, a dénoncé mardi le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), qui a vivement réagi à ce verdict qu’il considère comme un message politique indiquant une accélération de la répression contre les médias. Selon le syndicat, il s’agit d’une “tentative de soumettre les journalistes” en utilisant l’appareil judiciaire.

Outre Khalifa Guesmi, plusieurs autres journalistes, dont Nizar Bahloul, directeur de Business News, Monia Arfaoui, journaliste à Assabah, et Mohamed Boughalleb, chroniqueur sur Cap FM, sont actuellement poursuivis en vertu du décret-loi 54-2022. Promulgué par Kaïs Saïed en septembre 2022, ce texte punit de cinq ans de prison et d’une amende de 50 000 dinars (environ 15 000 euros) toute personne “utilisant délibérément les réseaux de communication et les systèmes d’information pour produire, promouvoir, publier ou envoyer de fausses informations ou des rumeurs mensongères”. La peine encourue est portée à dix ans si ces informations concernent un fonctionnaire de l’État, ce qui est le cas des journalistes visés, poursuivis par des membres du gouvernement de Najla Bouden. En avril, lors du lancement d’une campagne contre ce décret-loi jugé liberticide, plusieurs organisations de la société civile ont dénoncé le fait que ce texte accorde une immunité aux fonctionnaires contre les critiques qui leur sont adressées.

“Le syndicat des journalistes tient le pouvoir politique responsable de la détérioration de la situation des libertés en Tunisie”, a déclaré le SNJT dans son communiqué, exprimant son inquiétude face à cette “dérive dangereuse” et appelant à une journée de mobilisation jeudi 18 mai devant le siège du syndicat à Tunis.

Partager avec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Advertisment ad adsense adlogger