mardi, novembre 28, 2023
Politique

Tebboune à Moscou : alliance ou allégeance ?

La scène est devenue virale. Tebboune sur la tribune avec Poutine déclare à son hôte qu’il est l’une des figures mondiales adorées de par le monde. La confession est suffisamment surprenante pour éclairer d’un franc sourire l’impavide faciès du président Poutine.  

Un pas est franchi

Le chef de l’Etat algérien est coutumier de sorties facétieuses. Il a affirmé que la démocratie est née en Algérie ou que le système de santé algérien est le plus performant d’Afrique. A Moscou il a déclaré que le peuple algérien est né libre et restera libre, quitte à occulter, le temps d’une algarade, la rhétorique qui fait de la période coloniale le justificatif de tout positionnement politique de son gouvernement.

Ces saillies irritaient ou amusaient mais elles ne prêtaient pas à conséquence du point de vue diplomatique ou géopolitique. 

En revanche, l’annonce faite devant Poutine a des implications immédiates sur le non-alignement formel que revendique l’Algérie depuis son indépendance.

En se rendant à Moscou à ce moment précis et en tenant des propos aussi amènes à l’endroit d’un dirigeant qui a ordonné l’invasion d’un pays souverain, Tebboune fait de son pays un belligérant de posture sinon de fait ; d’autant que, pour la première fois, Poutine menace, en présence du dirigeant algérien, de bombarder des bases situées en dehors de l’Ukraine.

Pari risqué

Du coup, les salons algérois se perdent en conjectures. Le chef de l’Etat a-t-il cédé à un moment d’inattention qui a induit une tentation de plaire à son hote ou alors s’agit-il d’une évolution stratégique d’un régime qui assume désormais de prendre officiellement fait et cause pour l’un des blocs qui se disputent la maitrise du monde. 

Un diplomate européen explique cette audace par le fait que « plusieurs pays du sud ayant témoigné une sympathie implicite voire, pour certains, un appui pour la Russie depuis février 2024, Alger veut se placer en leader d’une évolution du tiers-monde qu’elle juge inéluctable, une manière de regagner le leadership du système FLN des années 90 et du même coup enrayer le redéploiement de l’Arabie saoudite dans le sud global ».

Le pari est risqué car, jusqu’à plus ample informé, rien ne dit que les jeux sont faits quant au basculement du sud en faveur de a Russie.   

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