jeudi, novembre 30, 2023
Société

La Maroc aussi peine à freiner l’exode de ses praticiens

La Fondation des médecins-enseignants libéraux (FMEL) vient de publier une étude intitulée « Exode des compétences médicales au Maroc : menaces ou opportunités ?». Ses conclusions sont édifiantes. Entre 600 et 700 médecins quittent annuellement le pays ; ce qui représente environ 30% des praticiens formés par l’argent du contribuable.

La saignée est d’autant plus inquiétante qu’elle survient dans une perspective de politique de généralisation des soins qui suppose une plus grande disponibilité en personnels. 

D’après la même source, 61,6% des étudiants se déclarent candidat au départ et une partie non négligeable choisit l’Allemagne où 34% disent vouloir s’installer définitivement. Autre information révélée par cette étude :  « ce sont généralement les meilleurs qui partent, par conséquent l’impact de cet exode est double, quantitativement et surtout qualitativement ».

Actuellement, il y a 25.000 médecins en activité au Maroc. Il en faudrait 32 000 de plus pour répondre aux standards de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette attraction de l’étranger est aggravée par un autre phénomène qui pénalise lourdement le secteur public.  « Plus de 80% des médecins en formation (résidents) sont bénévoles et refusent d’intégrer le secteur public. Bien plus, presque 100% des médecins spécialistes du secteur public refusent de prolonger leur activité dans le secteur public après la fin de leur contrat », nous apprend la publication de la FMEL.

Pour enrayer les disparités entre le public et le privé et celles qui privilégient les zones urbaines au détriment du monde  rural, l’Etat annonce une augmentation salariale de 3000 dirhams pour le praticien du secteur public, étalée sur trois ans.  Une promesse déjà jugée insuffisante par les concernés.

Les pouvoirs publics tentent de colmater cette hémorragie en lançant des réformes partielles portant essentiellement sur l’incitation à la formation post-universitaire mais face à un phénomène planétaire qui voit les ressources humaines qualifiées migrer vers le nord, l’idée d’une coopération inter-étatique destinée à freiner ces migrations fait son chemin. « Tout pays qui veut éradiquer complètement ce phénomène, serait prétentieux dans la mesure où la migration reste un phénomène qui s’impose dans le cadre de la mondialisation des ressources humaines », avoue le docteur Tayeb Hamdi, lui-même  médecin et chercheur « en politiques et systèmes de santé », qui préconise une coopération internationale pour limiter, faute de le bloquer, un fléau doublement dommageable pour les pays du Sud qui financent la formation des personnels de santé des pays développés.

Pour rappel, plus de 1200 médecins algériens s’apprêtaient à quitter leur pays au début de l’année 2022. Sans atteindre une telle masse, le même mouvement est signalé en Tunisie.

Les conditions de travail et les salaires, souvent dérisoires, pour importants qu’ils soient,  ne sont pas les seules causes de ces départs massifs et généralement définitifs. La qualité de l’environnement politique et culturel et les absences de libertés sont difficilement vécues par les élites qui finissent par programmer leur projet de vie sous des cieux où le droit et la méritocratie protègent et déterminent les carrières.

Partager avec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Advertisment ad adsense adlogger