mardi, novembre 28, 2023
Éditorial

EDITORIAL. La parole citoyenne de la diaspora nord-africaine est-elle enfin libérée ?

On ne compte plus les interventions d’acteurs institutionnels ou individuels d’origine nord-africaine, plus rarement subsaharienne, qui prennent la parole depuis l’éclatement des dernières émeutes pour dire leur rejet des approches compassionnelles et victimaires aliénant les descendants d’émigrés et par lesquelles l’extrême-gauche nourrit sa rhétorique populiste.

Une dynamique du courage qui se confirme

Cette semaine, la policière syndicaliste Lynda Kebbab, déjà offensive sur ce sujet, franchit un cap en déclarant sur un plateau de télévision qu’en lui apprenant à ne pas oublier son algérianité, ses parents lui ont aussi appris qu’elle était complètement française. Nassima Djebli, porte-parole de la gendarmerie, a demandé le respect de la présomption d’innocence à laquelle avait droit le policier qui a tiré sur le jeune Nahel. Une fille d’émigré qui défend le droit d’un « Infidèle », qui plus est policier, dans une conjoncture sociale et politique aussi éruptive, aurait, quelques jours plus tôt, provoqué une hystérie chez les gangs, leurs parrains et relais. Chacun a relevé les allusions obliques voire les aigreurs nauséeuses dont est victime la journaliste Sonia Mabrouk à chaque fois qu’elle émet une opinion ou qu’elle produit un écrit conforme à ses convictions, lesquelles n’ont pas l’heur de plaire aux prescripteurs du larmoiement qui sied à une femme du sud.

Des avocats, issus des banlieues, s’expriment pour dénoncer ce qu’ils considèrent être une forme de mépris quand des gauchistes préconisent le droit à la délinquance du minoritaire. Une manière de l’y enfoncer quand on ne l’y enferme pas définitivement. Certains se prononcent pour la suppression ou, du moins, la suspension des allocations, à l’endroit des familles qui n’assument pas leur devoir parental. Volontiers provocateur, un jeune homme d’origine marocaine s’indigna contre les élites françaises qui adorent « qu’on leur crache à la figure » ou que l’on dégrade le statut ou l’image de la France. « Si je brule un bus au Maroc, je dors en prison (…) et ma mère devra corrompre quelqu’un pour m‘amener des oranges en détention », s’est-il exaspéré sur une chaine d’info en continu.

Jusque-là, les rares personnes qui osaient parler en adulte à leurs coreligionnaires étaient bannies des médias publics français, abonnés à la bienpensance, ou dénoncés par les sachants de gauche comme des erreurs génétiques d’une société qui ne sauraient représenter les foules déclassées dont eux seuls peuvent sonder la désespérance qui construit l’âme du damné de la terre, substance de leur pitance intellectuelle. Leurs ouailles indigènes ont eu alors beau jeu de crier à la trahison voire d’agresser ceux qui ont rallié l’ennemi Blanc.

S’affranchir d’un tutorat aliénant

On ne sait pas encore si ce phénomène va durer et, surtout, s’il va se propager chez l’ensemble des catégories sociales des diasporas. Mais psychologiquement, ces insurgés contre l’assignation à la minorité sociale et civique perpétuelle ont d’ores et déjà remporté une bataille à la faveur de ces émeutes. Leurs interventions sont des message déterminants : les descendants des émigrés africains ( noirs et blancs) ne sont plus des objets d’études d’intellectuels en mal de repentance ou de politiques à la recherche de gibier alimentant la haine de la nation. Ces voix viennent rappeler qu’en dehors de l’islamisme, il y a des femmes et des hommes, fiers de leurs origines, et qui ont décidé de se libérer des condescendances qui câlinent les exclus de l’Histoire ; un statut piégé et piégeur qui constitue le carburant d’aventuriers rarement atteints par les méfaits de leur ruminations toxiques.

Ces êtres libres qui s’expriment en toute conscience sont aussi les libérateurs des leurs ; dès lors qu’ils les mettent face à leurs responsabilités citoyennes.

Un dernier mot. Ces soldats de l’honneur et de la dignité ne font pas partie des élites nord-africaines ou subsahariennes, globalement sous emprise d’une gauche décadente sinon perverse. Ce sont les acteurs de la vie de tous les jours qui ont sonné le tocsin. Leur sursaut est plus dicté par le devoir de refaçonner un réel malsain et dangereux pour soi et la cité que les spéculations d’esprits inhibés par des codes tyranniques. Faut-il s’en plaindre ?       

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