Relations italo-marocaine : Rome sur la corde raide
Ce mercredi, le très actif ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, est en visite de travail en Italie à l’invitation de son homologue italien, Antonio Tajani.
Relations commerciales historiquement denses
Le Premier novembre 2019, Rome et Rabat avaient signé conclu « un Partenariat stratégique multidimensionnel » qui ouvrait des perspectives nouvelles pour les relations marocco-italiennes déjà fécondes, du fait, notamment, de l’accord de libre échange qui lie le Maroc à l’Union européenne qui a longtemps fait de l’Italie le troisième partenaire commercial du royaume. Les exportations du Maroc vers la péninsule peuvent avoisiner selon les conjonctures les deux milliards de dollars. Ces dernières années les échanges concernant l’industrie automobile mais aussi le textile connaissent une notable expansion
Oui mais voilà ; entre temps, la Russie a décidé d’envahir l’Ukraine, une entreprise hasardeuse qui, si elle n’a pas atteint les objectifs attendus par le Kremlin, loin s’en faut, a bouleversé la planète avec notamment une crise énergétique qui accule les pays de l’Europe occidentale à trouver d’autres source d’approvisionnement en hydrocarbures. Or, l’Italie importait 40% de son gaz de Russie. Les tensions algéro-françaises furent une occasion pour l’Italie de se rapprocher d’avantage d’Alger afin d’augmenter l’importation de ses volumes du gaz algérien ; volumes déjà conséquents grâce au gazoduc reliant les deux pays via la Tunisie.
Vigilance tatillonne d’Alger
Une telle proximité oblige et Alger qui ne manque pas une occasion pour célébrer l’excellence de ses relations avec Rome ne verrait pas d’un bon œil un trop grand rapprochement avec Rabat, au moment où, isolé en Méditerranée, le pouvoir suit avec une fébrilité à peine dissimulée les prochaines législatives en Espagne où il espère une inflexion de la position de Madrid sur la question du Sahara occidental à la faveur d’un possible retour de la droite aux affaires. C’est dire les implications politiques et économiques de tout propos italien qui disconviendrait aux Algériens.
Le communiqué signé par les deux ministres des affaires étrangères, rapporte que « L’Italie salue les efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc » en référence de la résolution 2654 du Conseil de sécurité du 27 octobre 2022. Une position où les médias marocains se plaisent à voir une évolution, même timide, de la position italienne en faveur du Maroc, ce qui n’est pas inexact. Sauf que le même communiqué ajoute que l’Italie apporte ‘’son appui aux efforts du Secrétaire Général de l’ONU pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution politique, juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara, qui repose sur le compromis en conformité avec la résolution 2654.’’
Autre concession faite aux Marocains, le communiqué commun parle du Sahara et omet d’ajouter le qualificatif occidental dont ne veulent plus entendre Rabat qui parle de « Sahara » ou « Sahara marocain. »
Reste à suivre la réaction d’Alger dont la position est plus que jamais inflexible sur ce dossier.