jeudi, novembre 30, 2023
Politique

Tunisie. Les déportations des migrants indignent les instances humanitaires africaines

Les conditions de déportation des migrants clandestins, abandonnés dans le désert libyen sans le minimum de moyens nécessaires, prend des proportions telles que désormais ce ne sont plus seulement des ONG ( voir adn-med du 07/07/2023) mais également des instances diplomatiques ou des commissions autonomes affiliées à l’Union africaine qui s’en alarment. 

Le pouvoir tunisien indifférent

Les tensions qui ont commencé avec le discours prononcé au mois de février par le président Kais Saied sur les risques que feraient peser sur l’identité tunisienne les migrants ont soudainement dégénéré suite au meurtre d’un citoyen tunisien commis par un migrant clandestin. 

Ce jeudi ce sont les ambassadeurs de pays subsahariens accrédités à Tunis qui ont été reçus par Nabil Amer, ministre des affaires étrangères de la migration et des Tunisiens de l’étranger. Le communiqué publié par le ministère donne une narration aseptisée des échanges. On peut lire que les ambassadeurs « ont exprimé leur désapprobation des critiques faites à l’encontre de notre pays ( la Tunisie, ndlr) concernant la gestion de cette question ( migratoire, ndlr). » Par ailleurs, la même source assure que les diplomates « ont exprimé la volonté de leur pays de renforcer davantage la coopération pour lutter contre le phénomène de la migration irrégulière ». Le communiqué ne fait aucune mention de ces déportations qui soulèvent indignations et condamnations et qui ont déjà provoqué des morts.

La commission africaine des droits de l’homme et des peuples condamne 

De son côté, la Rapporteuse Spéciale sur les Réfugiés, les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les migrants en Afrique et Commissaire en charge de la promotion et la protection des droits de l’Homme en Tunisie, de la très crédible commission africaine des droits de l’homme et des peuples, la Commissaire Maya Sahli Fadel s’est dite « profondément préoccupée par la situation des migrants subsahariens déportés dans le désert de Libye, suite une rafle ayant suivi l’assassinat d’un citoyen tunisien par des migrants. » La Rapporteuse Spéciale a rappellé aux autorités tunisiennes que «  la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples fait obligation aux Etats de prendre les mesures nécessaires pour faire respecter les droits qui y sont contenus. »

Inflexible, le président tunisien refuse toujours les offres de coopération de l’Union européenne qui propose des indemnités à son pays contre l’acceptation de participer à une meilleure surveillance du départ des migrants à partir des côtes tunisiennes et, surtout, de recevoir des migrants déjà arrivés sur le sol européen.

Devant l’absence d’issue immédiate à une urgence humanitaire, les ONG demandent en vain à être autorisées à rentrer en Tunisie pour parer au plus pressé en dispensant aux réfugiés les premiers soins et en leur assurant un minimum de nourriture. 

Ces ONG redoutent une jonction des masses de déplacés qui fuient le Soudan, en proie à une guerre civile depuis trois mois, vers la Tchad et ceux que la Tunisie expulse vers le désert libyen. Une confluence qui provoquerait une crise humanitaire dans un environnement sécuritaire déjà largement dégradé dont les répercussions sanitaires sur le continent risquent d’échapper à tout contrôle.

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