Droits de l’homme : la diaspora nord-africaine se mobilise à Montreal
En écho à l’appel de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à participer à un rassemblement national, le dimanche 16 juillet devant le Parlement à Rabat, la section Canada de l’AMDH a organisé le même jour un sit-in de solidarité à Montréal.
Le rassemblement qui a regroupé une trentaine de personnes ayant eu lieu hier à midi devant le consulat du Maroc à Montréal, sis boulevard René-Lévesque, se voulait une action de dénonciation de l’interdiction systématique des activités de l’AMDH et des autres organismes de défense des droits de la personne au Royaume. Au-delà du nombre, les initiateurs de la manifestation tenaient d’abord à démontrer la connexion organique des expatriés à des organes travaillant dans le pays d’origine.
Les militants présents sur les lieux ont brandi les portraits des détenus de Hirak du Rif, dont celui de Nasser Zefzafi qui purge une peine de 20 ans de prison ferme, de deux journalistes et d’une blogueuse des réseaux sociaux.
Le sit-in a été clôturé par la lecture et la distribution du communiqué du bureau de la section locale de l’AMDH au Canada (voir le communiqué ci-dessous). Aux rares Algériens qui étaient venus apporter leur solidarité, les organisateurs ont proposé de réfléchir à des actions communes à venir.
Le vent de la répression et des restrictions des libertés n’arrête pas de souffler sur les pays de l’Afrique du Nord et de soulever des tempêtes d’inquiétude y compris dans les rangs des diaspora des trois pays. Si l’Algérie détient le haut du palmarès avec sa politique du tout sécuritaire et son sinistre record du nombre de détenus politiques et d’opinion – plus de 300 – qui croupissent présentement dans ses pénitenciers, le Maroc vient en deuxième position. Les statistiques indiquent quelque 144 prisonniers politiques et/ou d’opinion marocains. Néanmoins, la Tunisie n’est pas en reste (voir adn-med du 16/07/2023), même si le nombre d’emprisonnés est moindre.
La mobilisation des diasporas contre l’arbitraire est caractérisée par un double aspect. Elle agace au plus haut point les pouvoirs en place qui n’apprécient rien de plus que de sévir à « huis clos ». Des immigrés engagés dans la protestation se voient régulièrement interdits de ressortir du pays quand ils ne sont pas mis en prison. Autre considération : jusque-là, les immigrations des trois pays ne parviennent pas à faire jonction. C’est là tout le défi qui reste à relever et dont les concernés sont conscients. « Nous avons le devoir de songer à nous engager dans des actions communes pour une meilleure synergie de nos diasporas en vue d’un impact plus important dans nos pays d’origine », nous confia une des organisatrice du rassemblement.
S. Amrane