Algérie. Incendies : au moins 15 morts et 26 blessés
La canicule qui sévit sur le bassin méditerranéen n’a pas manqué de provoquer de terribles feux de forêts pendant la nuit de dimanche à lundi dans des zones boisées d’Algérie.
Un communiqué du ministère de l’intérieur publié ce matin fait état de 15 morts et 26 blessés. Des messages publiés sur les réseaux sociaux montrent des images apocalyptiques notamment dans la wilaya de Bejaia qui dispose encore d’un patrimoine forestier conséquent. En effet, des départs de feu transformés rapidement en torchères par les bourrasques de vent sont signalés aussi bien sur la commune de Toudja située à l’ouest de la wilaya qu’à Melbou et Ziama Monsourah qui en constituent la partie orientale. D’autres zones plus continentales comme Akbou ou Amizour n’ont pas été épargnées.
Ce bilan déjà lourd s’explique par la multiplicité des foyers, l’extrême rapidité de la propagation des flammes mais aussi par le fait que les incendies ont commencé en pleine nuit, surprenant les populations dans leur sommeil.
Les convois d’ambulances qui sillonnent en tous sens la wilaya ce lundi matin attestent de la gravité de la situation.
Dans certains villages côtiers, la violence des sinistres n’a pas laissé d’autres choix à des habitants surpris en pleine nuit que de fuir vers les plages voisines.
Plus à l’ouest, les monts de Zberber qui séparent la wilaya de Bouira de celle d’Alger sont également la proie de flammes, obligeant des centaines de familles à abandonner leur. maisons.
Les autorités annoncent avoir mobilisé 7500 pompiers, 350 véhicules et 12 appareils aériens sans en préciser la nature. Concernant ces derniers moyens, des témoins sur place déclarent n’avoir observé aucun canadair ; un début de polémique qui, s’il n’est pas rapidement rattrapé par une communication plus rapide et transparente, risque encore d’alimenter les spéculations sur les origines de ces sinistres. On se souvient qu’il y a deux ans, après le drame qui a endeuillé la Kabylie, tout un mouvement d’opinion avait adhéré à l’idée que les incendies avaient été provoqués par le pouvoir pour sanctionner des populations réputées lui être hostiles.
Le bilan avancé ce lundi par les autorités risque malheureusement d’être provisoire. D’une part les secouristes occupés à parer au plus pressé n’ont pas pu inspecter les sites ravagés par les feux ; d’autres parts, une demi-douzaine de foyers sont toujours actifs et il est difficile de savoir si des victimes n’y ont pas été piégées.
Pour cet ancien pompier : « Chez nous aussi, il faudra compter avec les incendies qui se déclarent un peu partout dans le monde. On vient de voir ce qui s’est produit en Grèce. Ce qui distingue tragiquement l’Algérie, c’est le nombre de morts anormalement élevé. » Et de poursuivre : « Ces sombres bilans renvoient évidemment à l’insuffisance des pouvoirs publics qui n’ont pas investi à temps dans les équipements adéquats. Il n’est pas normal que le Maroc et la Tunisie aient disposé de canadairs alors que nous n’en avions aucun » Avant de conclure quelque peu désabusé : « Mais l’incivisme du citoyen ajoute à l’aggravation des décomptes macabres. Les jets anarchiques de bouteilles, les décharges sauvages et le manque de débroussaillage méthodique ne contribuent pas à limiter l’ampleur et le nombre d’incendies toujours meurtriers. »
