mardi, novembre 28, 2023
International

Législatives en Espagne : Pedro Sanchez peut rester au pouvoir

Après le dépouillement de près de 98% des bulletins ce dimanche, le parti populaire, PP d’Alberto Nunez Féijoo obtient 136 sièges sur un total de 350. La formation d’extrême droite Vox, son seul allié potentiel, remporte 33 sièges. Même si elle devait se réaliser, la coalition PP-Vox ne pourrait pas obtenir les 176 sièges nécessaires pour avoir la majorité absolue qui mène à la Moncloa. Pedro Sanchez peut encore espérer rester chef du gouvernement.

Pari risqué de Sanchez

Malgré un bilan socioéconomique positif de la gauche au pouvoir, les conservateurs étaient donnés largement favoris par les sondages pendant des semaines. Ces derniers jours, cette dynamique a marqué le pas. La peur de l’arrivée de l’extrême droite au gouvernement dans un pays où l’ombre du franquisme hante toujours des franges importantes de l’opinion a sans doute joué, même si le PP et Vox sont déjà alliés dans plusieurs régions et villes après leur écrasante victoire aux élections régionales et municipales du mois de mai.

Le sursaut citoyen qui a fait grimper le taux de participation à 70% est probablement dû à la mobilisation des électeurs modérés – pourtant agacés par les concessions faites par Sanchez à son aile gauche sur des questions sociétales comme celle qui autorise un jeune de seize ans à changer de genre – qui refusaient de voir des ministres de l’extrême-droite siéger dans l’exécutif ; ce qui ne s’était jamais produit en Espagne depuis l’avènement de la démocratie en 1975.

Pour autant, le PSOE qui arrive deuxième avec 122 sièges et Sumar, son allié de la gauche radicale qui en gagne 31 sont, eux aussi, loin de la majorité absolue. L’arbitrage sera donc fait par les partis indépendantistes catalan et basque, viscéralement opposés à Vox. S’agissant du premier, il a déjà annoncé ses conditions. Il ne soutiendra pas les socialistes « sans contreparties ».  Si celles-ci venaient à être impossibles à satisfaire au regard de Pedro Sanchez, les Espagnols n’auront d’autres choix que de repartir aux urnes.

Soulagement à Rabat et crispation à Alger

Outre l’Europe qui suivait, selon les options des uns et des autres, avec inquiétude ou espoir ce scrutin, l’Afrique du nord, attendait également avec une grande fébrilité les résultats de ce dimanche. Rabat redoutait le départ de Sanchez qu’elle avait réussi à gagner à sa cause sur le très sensible dossier du Sahara occidental et Alger qui avait accusé le coup après ce ralliement espérait voir arriver la droite au pouvoir pour au moins deux raisons. La première est que le parti populaire avait dénoncé le changement de ligne de Madrid sur son ancienne colonie. La seconde est que les régimes de droite sont appréciés parce que moins regardants sur les questions des droits humains. Abdelmadjid Tebboune et Kais Saied  ne cachent pas  leur estime pour l’italienne Giorgia Meloni qui s’impose un silence total sur les violations des libertés commises par les pouvoirs avec lesquels elle négocie. En visite au mois de janvier à Alger, elle n’a pas soufflé mot sur les centaines de prisonniers politiques qui croupissent dans les prisons algériennes. Lors du mémorandum signé le 16 juillet à Carthage au nom de l’Union européenne avec la Tunisie, elle a veillé à ce que ni la présidente de la commission européenne Ursula Van der Layen ni le premier ministre néerlandais Mark Rutte n’évoquent les abus dont ont été victimes en Tunisie les migrants subsahariens parmi lesquels on a déploré plusieurs morts.

Les tractations qui vont se nouer les prochains jours à Madrid occuperont les esprits au nord comme au sud de la Méditerranée. 

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