mardi, novembre 28, 2023
International

France : fronde ou crise dans la police ?

Parti de Marseille où un policier a été mis en détention provisoire pour violence jugée inappropriée commise lors des émeutes du mois de juin consécutives au décès du jeune Nahel, un mouvement de protestation gagne le corps de la police dans de nombreuses régions du pays. Depuis, la famille du prévenu est mise sous protection.

Lassitude et colère

Le modus operandi de la contestation consiste à déposer massivement des arrêts maladie ; ce qui rend encore plus difficile l’accomplissement des missions du maintien de l’ordre et de la sécurité publique par une institution en sous-effectif chronique.   

Les préfets de Police de Marseille comme celui de Paris, qui avait exercé dans la cité phocéenne, ont apporté leur soutien au policier incarcéré pendant que le président de la république et sa première ministre assuraient comprendre l’émotion soulevée par la mise en détention du fonctionnaire de police tout en déclarant que la justice devait suivre sereinement son cours. 

Experts et médias français estiment que si le mouvement venait à durer, la fronde pourrait devenir crise, tant le ressentiment dans les rangs de la police sont anciens et multiples. Taux de suicide élevé, formation et effectif insuffisants, exposition à des situations de violence de plus en plus fréquentes et périlleuses, heures supplémentaires rarement compensées de manière satisfaisante…sont pointés du doigt depuis plusieurs années par les syndicats de police dont les plus importants sont classés à droite. 

Problème de fond

A ce malaise s’ajoute un autre problème, politiquement plus délicat. Les policiers accusent en des termes à peine voilés la justice – où l’influence et les opinions du Syndicat de la magistrature ( réputé de gauche ) font depuis longtemps débat -, de laxisme et, maintenant, de partialité. Un policier syndicaliste a cité sur une chaine en continu le cas d’un de ses collègues ayant subi une fracture du crâne suite à un coup de massue asséné par un jeune qui se trouve en liberté provisoire. Et de s’indigner : «  on ne va pas nous faire croire que notre collègue de Marseille représente pour la société un danger plus grand que cet agresseur… » 

Des réseaux sociaux projettant des images qui marquent l’opinion, des manifestations de plus en plus violentes et des fractures béantes qui séparent la gauche et la droite sur le rôle et les missions de la police font de ce mouvement un signe qui dépasse largement un conflit catégoriel. La gêne des deux têtes de l’exécutif sont des indices d’un profond malaise quant à  ce que doivent être la sécurité et l’éducation parentale dans la société française d’aujourd’hui. Un débat qui est revenu en force suite aux dernières manifestations et…qui ne fait que commencer.  

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