jeudi, novembre 30, 2023
International

Afghanistan. Les talibans ferment les salons de beauté

Après l’université, l’école et le travail dans l’administration, c’est maintenant les salons de beauté où, pourtant ne transitent que les femmes, qui doivent fermer. C’est la dernière annonce que viennent de faire les autorités afghanes. Cela fait deux ans que les interdits successifs s’accumulent. Jusqu’à avoir désormais rétabli le régime de leurs prédécesseurs de 1996.

Au moment du départ des Américains en mai 2021, les nouveaux maitres de Kaboul avaient rassuré la communauté internationale en assurant qu’ils n’attenteraient pas aux droits des femmes. Au bout de quelques semaines, ils instaurèrent des cours séparés à l’université avant d’en interdire l’accès aux étudiantes. Les restrictions iront en s’aggravant jusqu’à la décision de procéder à la fermeture des 60 000 salons de beauté, dernier lieu où les Afghanes pouvaient disposer d’un espace de liberté intime. « Bientôt, ils interdiront aux femmes de respirer », enrage une jeune artisane devant les caméras d’une télévision française.

Le sort fait aux femmes en Afghanistan laisse indifférent un monde occidental qui s’accommode de plus en plus de ce que les despotes présentent comme la souveraineté des Etats autoritaires auxquels est reconnu le droit de gérer leur société selon leur bon vouloir. Une situation qui pose de nouveau la question de savoir ce qui relève de la spécificité nationale et ce qui est un droit inaliénable de l’être humain.

Les Américains ont dépensé plus de 1000 milliards de dollars en Afghanistan sans avoir pu éradiquer le fait intégriste du pays. Pour cet ancien conseiller à l’ambassade d’Egypte à Kaboul, l’erreur a été « d’impliquer l’Afghanistan dans le combat lancé contre Al Qaida après les attentats des Twin towers alors que l’opération avait été conduite par des jeunes saoudiens. Cette méprise a alimenté le ressentiment des populations rurales laissées pour compte de l’aide économique occidentale dont une partie avait été détournée par des dirigeants corrompus. » Pour l’ancien diplomate « Si ces sommes avaient été investies dans l’enseignement et des programmes de formation mieux adaptés, elles auraient certainement demandé plus de temps, mais sur la durée, les résultats auraient été probablement meilleurs. » 

D’autres commentateurs estiment que les Talibans ne peuvent pas tenir sans une assistance soutenue de parties voire d’Etats étrangers. On se souvient que le chef d’Etat turc fut un des premiers dirigeants à avoir officiellement affiché sa disponibilité pour collaborer avec les Talibans dès le printemps 2021. Dans la foulée, le parti islamiste algérien affilié à la tendance des Frères musulmans, alors présidé par Abderrazak Mokri, avait salué l’arrivée du nouveau régime à Kaboul.

La question de la limite entre islamisme modéré et radical n’a pas fini de hanter experts et commentateurs du fondamentalisme islamiste.        

Partager avec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Advertisment ad adsense adlogger