jeudi, novembre 30, 2023
Sports

Algérie. Ces familles qui portent leurs filles vers l’excellence sportive

Depuis quelques années, on assiste à des couronnements consacrant sur la scène algérienne ou internationale des jeunes filles en football, tennis, judo, karaté ou autres sports de combat. Si le phénomène se produit un peu partout en Algérie, il est nettement plus répandu en Kabylie.

Phénomène à contre-courant

On a vu des sportives à peine sorties de l’adolescence s’imposer sur la scène africaine voire mondiale. Elles sont originaires de moyennes voire de petites localités comme Akbou,  Fréha, Azazga ou, à l’instar des trois sœurs judokates dont nous donnons ici l’impressionnant palmérès, Ait Dwala. 

L’environnement général n’est pourtant pas particulièrement stimulant. Les structures sportives algériennes connaissent une sévère dégradation administrative et éthique qui se traduit par des limogeages quand ce ne sont pas des poursuites judiciaires de dirigeants aux résultats de plus en plus décevants. D’un autre côté, la situation sociale et politique, marquée par une emprise islamo-conservatrice qui a gagné toutes les institutions, n’encourage pas, quand elle ne l’interdit pas, l’engagement de la fille dans le sport.

Les familles, sources et écoles de libération

De quelque côté que l’on se tourne, on relève une constante : les familles sont à la fois les inspiratrices et, souvent, les managers de ces réussites. Cela est en tout cas toujours vrai pendant les premières années du parcours, le temps que se révèle et se confirme le talent. 

Le cas des trois sœurs Kechout qui viennent de se distinguer aux championnats d’Afrique de judo organisé à Madagascar est exemplaire d’une promotion féminine s’imposant en parallèle d’une société soumise à un retour d’archaïques mutilants.         

Mélissa vient de décrocher la médaille d’or en battant la Marocaine, Wissal Ziane, aux championnats d’Afrique cadets et juniors du judo dans la catégorie femmes des moins de 57 kg (junior). Cette victoire confirme le statut d’une sportive de niveau international qui s’est déjà fixé d’autres challenges. Dans la même compétition, Lydia, la benjamine, vient d’avoir la médaille de bronze chez les moins de 70 kg. Karima, l’aînée, a été écartée à la dernière minute pour des raisons dont on ignore les causes ; ce qui ne l’a pas empêché de se tenir aux côtés de ses deux sœurs pendant toute la durée des préparations.

Originaires des Aït Dwala ( Tizi-Ouzou ), précisément du village Ait-Mesbah, les trois filles Kechout se sont distingées par une détermination qui a fini par vaincre les scepticismes et les contraintes sociales. Sans compter quelques commentaires obliques directement exprilés ou déversés sur la toile, comme on peut encore hélas en entendre ou en voir de la part d’agents évoluant dans des milieux où ils ne peuvent pas ouvertement s’en prendre aux femmes.

En plus de réussir dans leurs études, les trois sœurs aident leurs parents dans l’entretien de leurs vaches laitières et la gestion de la crémerie familiale. La mère et le père, sont les principaux acteurs de cette émancipation qui, l’émulation aidant, a fini par devenir une passion collective.

Partager avec

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Advertisment ad adsense adlogger