Référendum constitutionnel en Centre-Afrique : l’ombre russe plane sur le scrutin
Le référendum constitutionnel s’est déroulé ce dimanche sans heurts majeurs en République centrafricaine, et ceci en dépit des accusations portées à l’encontre du président Touadéra, soupçonné de vouloir s’octroyer un pouvoir présidentiel à vie.
À Bangui, la capitale de la République centrafricaine, le président Faustin Archange Touadéra a voté vers 9 heures. Il était entouré d’une importante escorte de la garde présidentielle, du contingent rwandais de la mission des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) et des paramilitaires de la milice Wagner. Le taux de participation étant l’enjeu majeur de ce scrutin, le chef de l’État espèrait que la population répondra massivement à l’adoption de une nouvelle Constitution qui lui permettrait de se présenter pour autant de mandats qu’il le souhaite.
Néanmoins, malgré l’importance de l’événement, la mobilisation a été faible tout au long de la journée, même dans les quartiers connus pour leur soutien au parti au pouvoir. Le marché était désert, les boutiques fermées et les résidents réticents à parler devant la presse. « La recommandation “est centrafricain d’origine celui dont les parents sont également centrafricains d’origine” contenus dans la nouvelle loi fondamentale ont fait craindre aux musulmans d’être à nouveau exclus ou considérés comme des étrangers », déclare Ismaïl Lawane, chef de quartier Yaloma, au journal Le Monde. Bien que cette disposition ait été retirée, les appréhensions demeurent dans une grande partie de la population.
L’opposition a choisi de boycotter le scrutin, dénonçant une manœuvre visant à instaurer une « présidence à vie » pour le président Touadéra, élu pour la première fois en 2016 et réélu en 2020. Des voix des abstentionnistes se sont faites entendre, mais beaucoup ont dit avoir peur de s’exprimer ouvertement.
La journée de vote s’est déroulée dans un contexte sécuritaire renforcé. Des policiers et des militaires ont été déployés dans chaque bureau de vote, tandis que les véhicules de la garde présidentielle, arborant le drapeau de la Russie, parcouraient les rues désertes. La société paramilitaire Wagner, présente dans le pays depuis 2018, a été impliquée dans l’organisation du scrutin, bien que sa présence ait été discrète pendant le vote.
Les décomptes provisoires du référendum seront publiés sous huit jours, et la Cour constitutionnelle annoncera les résultats définitifs le 27 août. Selon les observateurs, à Bangui, personne ne doute que le « oui » l’emportera largement.